En 1347, à la suite d’un siège particulièrement long, la ville de Calais est contrainte de se rendre au roi d’Angleterre Édouard III. Pour répondre au terrible marché proposé par celui-ci, selon la tradition rapportée par Froissart, six notables prêts à faire le sacrifice de leur vie, Eustache de Saint-Pierre, Jean d’Aire, Jacques et Pierre de Wissant, Jean de Fiennes et Andrieu d’Andres, acceptent de porter au roi les clefs de la ville. L’épouse de ce dernier, Philippa de Hainaut, parvient cependant à le persuader d’épargner la vie des six malheureux.
Le dénouement du siège de Calais se prête à de multiples interprétations, qui donnent lieu à une riche et abondante iconographie. De nombreuses œuvres mettent en scène le dévouement des six bourgeois, notamment dans des compositions très théâtrales et romantiques, représentatives de l’esprit du XIXe siècle.
Afin de célébrer l’héroïsme de ces Calaisiens et de renforcer l’identité historique de la ville à l’heure où elle fait l’objet d’une grosse restructuration urbaine, le maire de Calais Omer Dewavrin propose d’ériger un monument en leur honneur. S’inspirant de ces faits, Auguste Rodin (1840-1917) répond à la commande (28 janvier 1885) en exécutant un groupe statuaire qui deviendra l’une de ses œuvres les plus célèbres. Le plâtre original, achevé en 1889, est édité en onze exemplaires en bronze :
- Calais (France)
- Copenhague (Danemark)
- Mariemont (Belgique)
- Londres (Grande-Bretagne)
- Philadelphie (États-Unis)
- Paris (France)
- Bâle (Suisse)
- Washington (États-Unis)
- Tokyo (Japon)
- Pasadena (États-Unis)
- New-York (États-Unis)
L’ultime fonte légale a eu lieu en 1995 pour la Fondation Samsung en faveur de l’art et de la culture à Séoul (Corée du Sud).
En août 1895, le groupe, traduit en bronze, est inauguré à Calais sur le terre-plein situé entre l’hôtel des Postes et le jardin Richelieu. Il repose sur un socle élevé, traditionnel, au grand regret de Rodin qui aurait préféré qu’il figure à même le sol afin d’être plus familier au public et de souligner l’aspect humain du sacrifice. Après un premier transfert en 1924 sur la place d’Armes, le monument est à nouveau déplacé après la seconde guerre mondiale pour demeurer jusqu’à l’heure actuelle devant le nouvel hôtel de ville.