Archives - Pas-de-Calais le Département
Les informations contenues dans cette page ne sont valables avec certitude que jusqu'à cette date et heure.

Mariage des parents de Paul Verlaine à Arras

La famille maternelle de Paul Verlaine est d’origine artésienne. Séjournant fréquemment à Fampoux, d'où est originaire sa mère, il aime également emmener ses amis à Arras et leur faire découvrir les charmes de la cité atrébate. 

Séjours à Fampoux et à Arras

Texte manuscrit sur lequel on lit : "L’an mil huit cent trente et un, le quinze décembre à quatre heures du soir devant nous Charles-Louis-Benjamin Esnault, adjoint du maire d’Arras et officier public de l’état civil, par lui délégué chevalier de St Louis et de la légion d’honneur, sont comparus : M. Nicolas-Auguste Verlaine, lieutenant en premier au premier Régiment du génie, chevalier de la légion d’honneur et de St Ferdinand d’Espagne, âgé de trente trois ans, né à Bertrix (ex département des forêts) actuellement grand Duché de Luxemboug (Belgique) en garnison à Arras, muni d’une permission de mariage ci-jointe du ministre de la guerre en date du vingt deux novembre dernier, fils majeur d’Henry-Joseph décédé au dit Bertrix le cinq ventôse an treize et d’encore vivante dame Anne-Louise-Augustine Grandjean demeurant à Molhan (Belgique), consentante ainsi qu’il résulte de l’acte notarié ci-annexé, passé à Libin, province de Luxembourg le quinze octobre dernier et demoiselle Elisa-Stéphanie-Julie-Josèphe Déhée, propriétaire, âgée de vingt deux ans, née à Fampoux le trois mars mil huit cent neuf, domiciliée à Arras, fille majeure de Julien, ancien fermier, décédé à Arras le trente et un août mil huit cent vingt un et de Madelaine Soualle, décédée au dit Fampoux le deux décembre mil huit cent douze. La future épouse déclare à serment qu’elle n’a plus d’ayeux ni […]. Ce fait est également affirmé dans la foi du serment des quatre témoins du mariage ci-dessous rappelé. Lesquels nous ont requis de procéder à la célébration du mariage projetté entre eux et dont les deux publications ont été faites devant la principale porte de la maison commune les dimanches quatre et onze décembre [du] présent mois à midi. Aucune opposition au mariage ne nous ayant été signifiée faisant droit à leur réquisition après avoir donné lecture de toutes les pièces ci-dessus mentionnées et du chapitre VI du titre V du Code civil intitulé du mariage, avons demandé aux futurs époux s’ils veulent se prendre pour mari et pour femme, chacun d’eux ayant répondu séparément et affirmativement, déclarons au nom de la loi que M. Nicolas-Auguste Verlaine et demoiselle Elisa-Stéphanie-Julie- Josèphe Déhée sont unis par le mariage de tout quoi avons dressé acte en présence de MM. Adolphe Déhée, négociant, cousin de la dite mariée, Eugène Brincard, lieutenant au dit régiment, témoin majeur, demeurant en cette ville, lesquels l’ont signé avec nous et les époux après lecture faite. [signé] Elisa Déhée, Verlaine, Dehée, Esnault, […], Brincard, Dehée".

Acte de mariage de Nicolas-Auguste Verlaine et Élisa-Stéphanie-Julie-Josèphe Déhée le 15 décembre 1831 à Arras. Archives départementales du Pas-de-Calais, 3 E 41/241.

Son grand-père Julien Déhée, un cultivateur aisé, est élu maire de Fampoux le 15 brumaire an IV. Sa mère, Élisa Déhée, native de Fampoux, épouse Nicolas-Auguste Verlaine à Arras le 15 décembre 1831. Paul naît le 30 mars 1844 à Metz où son père, capitaine au 2e régiment du Génie, est en garnison. Plus tard, la famille s’installe à Paris.

Durant sa jeunesse, Paul Verlaine retourne régulièrement passer les vacances à Fampoux chez son oncle Julien Déhée, le maire du village. Il y rejoint sa cousine Élisa Moncomble, que ses parents ont recueillie lorsqu’elle était enfant et dont il est éperdument amoureux. Mais celle qui a partagé son enfance est mariée et Verlaine vit très mal cet amour impossible. L’absinthe l’aide à soigner sa peine. C’est Élisa Moncomble qui l’aide financièrement à publier son premier recueil, Poèmes saturniens, en 1866. Elle lui inspire aussi plusieurs poèmes. Lorsqu’elle meurt à Lécluse, le 16 février 1867, Verlaine est anéanti. Inconsolable, il s’enivre et suscite un énorme scandale dans le petit village.

Lors de la Commune, il adhère aux idées des Communards. Alors que les troupes versaillaises entrent dans Paris en mai 1871, il quitte Paris avec son épouse, Mathilde Mauté, et se réfugie à Fampoux, puis à Lécluse à quelques kilomètres.

Veuve depuis 1865, sa mère s’installe à Arras, impasse d’Elbronne, en 1875. Paul lui rend de fréquentes visites et passe souvent une partie de l’été à Arras. Il devient un habitué du café Sanpeur sur la place du Théâtre et emmène fréquemment Arthur Rimbaud au Lapin blanc, rue des Augustines. Il aime Arras, qu’il fait visiter à ses amis parisiens, pour son calme et la suprême beauté de son ensemble . En 1886, sa mère meurt. À partir de cette date et jusqu’à sa propre mort, en janvier 1896, il ne retournera plus au pays de sa mère . Membre des Rosati, il leur envoie en 1894 un Toast à distance, dans lequel il écrit :

Gens du Nord, mes compatriotes,
Hélas ! je vous avais promis
Quelques mots à propos de bottes
Comme on en échange entre amis

Sous le titre de conférence
Que l’on galvaude en de vains us
J’aurais gaiement pour l’occurrence,
En propos exprès décousus

Parlé longtemps de la contrée
À laquelle malgré Paris
Et sa rumeur démesurée
Répondront toujours nos esprits […]

Photographie couleur d'une plaque apposée sur un mur en briques. En-dessous, on remarque un numéro de maison portant les chiffres "55".

Plaque commémorative apposée au 55, rue d’Amiens à Arras.

En 1944, pour célébrer le centenaire de la naissance de Paul Verlaine, une plaque est apposée par les Rosati au 55 rue d’Amiens, voisine de l’impasse d’Elbronne.

[…] Au pays de ma mère est un sol plantureux
Où l’homme, doux et fort, vit prince de la plaine
De patients travaux pour quelles moissons pleine,
Avec, rares, des bouquets d’arbres et de l’eau.
L’industrie a sali par places ce tableau
De paix patriarcale et de campagne dense
Et compromis jusqu’à des points cette abondance,
Mais l’ensemble est resté, somme toute, très bien.
Le peuple est froid et chaud, non sans un fond chrétien.

Belle, très au-dessus de toute la contrée,
Se dresse éperdument la tour démesurée
D’un gothique beffroi sur le ciel balancé
Attestant les devoirs et les droits du passé,
Et tout en haut de lui le grand lion de Flandre
Hurle en cris d’or dans l’air moderne : "Osez les prendre !" 

Paysages, 1881.