Les Archives départementales du Pas-de-Calais ont reçu le fonds de l'ancienne école normale d'institutrices d'Arras, versé par l’ESPE Lille-Nord de France. Il est constitué des archives historiques de l’établissement et porte sur les années 1911 à 1991. Conservé en sous-série 3142 W, il est consultable en salle de lecture du site Georges-Besnier à Arras.
Historique des Écoles normales
Une école pour instituteurs
Dès 1790, la Révolution ébauche un premier projet d’écoles ayant pour but la formation de personnes capables d'assurer l’instruction primaire.
L'initiative est un échec et il faut attendre 1833 et la loi Guizot pour que soit entérinée l'obligation de créer une école normale d'instituteurs dans chaque département. Cette loi concerne en revanche exclusivement l'instruction masculine.
La création de l’établissement correspondant dans le Pas-de-Calais est tardive. C’est seulement en 1851 qu’un cours normal ouvre à Dohem, où une école formant des instituteurs primaires est néanmoins déjà présente avant cette date.
Dans le domaine de la formation des institutrices, aucune mesure n'est en revanche prise. Dans les années 1840, les écoles ouvertes aux jeunes filles restent rares (40 sur un total de 858) et sont souvent tenues par des religieuses. Le niveau d'études y est faible.
Dans le Pas-de-Calais, le cours normal de filles a pour origine un pensionnat, créé par Justine Fiolet à Dohem en 1835. En 1841, sa structure est officialisée par le recteur d'académie de Douai. En 1849, il est décidé de transformer ce pensionnat en cours normal de filles pour le département à compter de la rentrée 1850. Ce sont les débuts de l'école normale d'institutrices.
Une école pour instituteurs et institutrices
Sous la Troisième République, la formation des instituteurs et institutrices s’accélère et se laïcise, marquant une rupture avec la période précédente. La loi Paul Bert du 9 août 1879 impose la création d'une école normale d'instituteurs et d'institutrices pour chaque département.
La loi est un succès et le département se décide à créer une école normale de garçons et de filles. Après vote, Arras l'emporte par 20 voix contre 15 en faveur de Béthune. L'école de garçons s'installe alors rue des Carabiniers, tandis que l'école de filles s’implante rue du Temple.
Conséquences des guerres
Durant la Première Guerre mondiale, les écoles sont délocalisées à Berck, à l’écart du front. La guerre ayant laissé la ville en ruines, il faut même attendre 1925 pour que certaines écoles réintègrent la ville.
Supprimées par le gouvernement de Vichy au profit d'instituts de formation, les écoles normales sont rétablies dès la Libération, mais la guerre a laissé des traces, les bâtiments occupés ont été pillés par les réquisitions et des travaux s’avèrent indispensables. L’augmentation des effectifs se traduit par l’extension des locaux.
La contestation des écoles normales après la guerre s’inscrit en continuité des premières critiques émises au début du XXe siècle contre le caractère théorique des formations. La succession des réformes mises en œuvre aboutit à la disparition des écoles normales en 1989. Elles sont remplacées par les IUFM (instituts universitaires de formation des maîtres). En 1998, l'IUFM d'Arras est unifié au sein des bâtiments de l'ancienne école normale d'institutrices, tandis que le Conseil général installe une partie de ses services dans l’ancienne école des garçons.
Suite à la réforme de 2013, les IUFM sont supprimés et remplacés par les ESPE (écoles supérieures du professorat et de l’enseignement). L’ancien IUFM d’Arras intègre alors l’ESPE Lille-Nord de France.
Historique du fonds
La plupart des documents concernant la formation des enseignants versés aux Archives départementales avant 2015 l’avaient été à des dates anciennes et portaient sur les périodes antérieures à la création de l’école normale d’institutrices.
Ce fonds, représentant plus de 15 mètres linéaires, a été intégralement classé par la mission archives, créée au sein de l'IUFM en 2009, et dont le rôle s’est accru suite aux réformes qu’a ensuite connue l’institution.
Constitué d’une grande diversité de documents, papier et iconographiques, il reflète l'administration et la gestion de l'école normale de filles d'Arras entre 1911 à 1991. La période la mieux représentée est néanmoins celle des décennies 1960-1980.
Intérêt du fond
Le fonds comprend des dossiers couvrant l’ensemble des activités de l’école normale, de son administration générale (gestion du patrimoine, finances et ressources humaines) à la formation des futures institutrices (concours et examens, vie scolaire).
Les séries les plus complètes sont celles relatives à l’administration générale de l’établissement :
- délibérations et comptes rendus du Conseil d’administration (1921-1990, 3142 W 13-17),
- comptes rendus des réunions du conseil des professeurs (1954-1984, partiellement lacunaire, 3142 W 18-22),
- budgets et comptes (1914-1990, 3142 W 94-138),
- grands livres comptables (1966-1986, 3142 W 144-150) et
- registres de traitement (1932-1967, 3142 W 159-165).
Du point de vue de la vie scolaire, les ensembles les plus cohérents sont ceux :
- des registres matricules des élèves (1911-1971, 3142 W 27-37),
- des dossiers d’organisation et de suivi des stages et formations (1953-1983, 3142 W 51-69) et
- ceux des concours et examens (1941-1987, 3142 W 77-91).
Le fonds renseigne aussi sur les supports de formation par le biais des livres d’inventaires (1915-1979, 3142 W 171-178) et des registres de prêts de la bibliothèque (1930-1945, 3142 W 187-188).
Enfin, des documents iconographiques, bien que lacunaires, sont également présents, tels que des photographies de classes ou des trombinoscopes pour les années 1914 et 1968-1975. Les photographies de 1914 sont tirées d'un album de souvenir de la promotion 1911-1914 accompagné d'un mot de la donatrice (3142 W 44).
Des documents plus isolés permettent également de connaître les rapports entre l’établissement et sa tutelle (3142 W 26, rapports annuels au conseil académique, 1966-1971), évoquant à l’occasion les problèmes rencontrés.
Les productions des candidats et des élèves apparaissent également par le biais des copies d'examens, comme celles des examens de fin d'étude pour l'année 1940-1941 (3142 W 80).
Les archives donnent enfin des témoignages indirects des répercussions de la guerre, comme cette lettre de 1943 listant les livres exclus de la bibliothèque (3142 W 6, chrono 1942-1943, page 72D) ou encore l'inventaire de l'école normale mentionnant les vols constatés, le mobilier à remplacer ou les demandes de récupérations à adresser à d'autres établissements (3142 W 178, inventaires et rapports).