Une vocation militaire
Né à Ardres le 5 janvier 1862, Victor de Saint-Just d’Autingues entre en 1881 à l’école militaire de Saint-Cyr. Deux ans plus tard, il en ressort avec le grade de sous-lieutenant. Élève à l’école de cavalerie de Saumur, il la quitte pour intégrer comme lieutenant le 5ième régiment de dragons, puis passe peu de temps après au 13ième dragons avec le grade de capitaine.
Entré à l’école de guerre en 1898 en tant qu’attaché à l’état-major du 1er corps d’armée à Lille, le capitaine Saint-Just est nommé chef d’escadron au 7ième cuirassiers le 25 décembre 1905.
Chevalier de la Légion d’honneur le 30 décembre 1906, chef d’état-major de la 5ième division de cavalerie en 1908, il est appelé comme lieutenant-colonel au 22ième dragons le 23 décembre 1911.
Un engagement total durant la Grande Guerre
Lors de la mobilisation générale, il part pour Reims avec des troupes de couverture et prend le commandement de son régiment le 20 août 1914.
Il participe aux raids de Belgique, à la bataille de l’Ourcq, aux opérations de la 5ième division de cavalerie au cours de la bataille de la Marne, puis sur l’Yser.
Passé à sa demande dans l’infanterie, il est nommé commandant de la 110ième brigade le 17 mars 1916. Officier de la Légion d’honneur le 25 décembre 1916, il commande comme colonel la 55ième division d’infanterie. Nommé général de brigade en avril 1917, il rejoint la 123ième division d’infanterie avec laquelle il s’empare de la cote 344 à Verdun.
En juin 1918, il contribue à arrêter devant Compiègne la ruée allemande sur Paris. Le 4 novembre, il force le passage de la Sambre, un fait d’armes qui lui vaut d’être promu commandeur de la Légion d’honneur.
Nommé général de division le 23 décembre 1918, il prend le commandement du 11ième corps d’armée de février à août 1919. En octobre, il demande à passer par anticipation dans le cadre de réserve et se retire à Ardres.
Commandeur de l’ordre des Saints-Maurice-et-Lazare d’Italie, titulaire des croix de guerre française (de la première promotion) et belge, Victor de Saint-Just a obtenu sept citations.
Une seconde carrière politique
Rien ne le prédestine alors à la politique. Mais il accepte d’endosser l’habit de maire de sa commune en 1919.
Il se présente ensuite sur la liste d’Union nationale aux élections législatives de 1924 : élu le 11 mai, ce député de la deuxième circonscription de Saint-Omer est renouvelé le 22 avril 1928 puis le 1er mai 1932.
Connu pour son assiduité aux séances de la Chambre, c’est avec opiniâtreté qu’il y défend les intérêts des cultivateurs, des planteurs de chicorée et des consommateurs, au sujet notamment de l’emploi de produits chimiques dans la panification et de la défense de la culture du blé.
Drames familiaux
Victor de Saint-Just décède le 3 août 1933 d’une crise d’angine de poitrine après s’être rendu à la chasse aux canards dans les marais de Pont-d’Ardres. Ses obsèques ont lieu à Ardres le 7 août, en présence de plusieurs parlementaires du Nord et du Pas-de-Calais.
Il est père de six enfants, deux fils et quatre filles. Son fils aîné Robert intègre à son tour l’école de Saint-Cyr en 1914 (promotion de la Croix et du Drapeau). Le sous-lieutenant de Saint-Just est nommé chevalier de la Légion et obtient la croix de guerre, avant d’être tué au front.
La famille est à nouveau marquée par la mort d’une des filles, cinq ans plus tard.
Inauguration du moment en l’honneur du général de Saint-Just
Le 6 août 1936, pour l’inauguration du monument élevé en son honneur, toutes les autorités locales ainsi que des dizaines de sections d’anciens combattants et de sociétés locales se rassemblent autour de la place du marché d’Ardres, au milieu de laquelle se trouve désormais un socle surmonté du buste du général.
Œuvre du statutaire artésien Augustin Lesieux, ce monument a été élevé grâce aux dons de 5 264 souscripteurs. Le comité organisateur est présidé par Gabriel Donjon de Saint-Martin, conseiller général du canton d’Ardres et maire de Louches.
Après les remerciements du fils du défunt, le député-maire d’Ardres François de Saint-Just, interviennent Rançon, au nom des anciens combattants, le député du Calvados et ancien ministre de la Santé publique et des Sports Camille Blaisot, pour la Fédération républicaine, le sénateur Edmond Lefebvre du Prey, en tant que parlementaire du Pas-de-Calais, enfin le général Élie de Riols de Fonclare au nom de l’armée.