Patrimoines - Pas-de-Calais le Département
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02 janvier 1871

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04 janvier 1871

La bataille de Bapaume

La bataille de Bapaume représente un épisode resté célèbre de la guerre de 1870, qui opposa, du 19 juillet 1870 au 28 janvier 1871, la France à une coalition d’états allemands.

Contexte de la bataille

Gravure couleur montrant des soldats sur un champ de bataille.

L'armée du Nord. Bataille de Bapaume, le 3 et 4 janvier 1871. Archives départementales du Pas-de-Calais, 4 J 486/13.

Le général Louis Faidherbe, commandant de l’armée du Nord à partir du 5 décembre 1870, recherche un succès pour rassurer la population locale et Paris. Comme la place forte de Péronne, qui protège la Somme et peut ouvrir un accès vers le sud, est assiégée depuis le 28 décembre, il décide une manœuvre de diversion sur Bapaume qui pourrait inquiéter les Prussiens et les convaincre de suspendre le siège de Péronne. Bapaume est occupée depuis le 26 décembre.

Le 1er janvier 1871, l’armée du Nord se met en marche vers Bapaume. L’objectif initial est, sinon de dégager Péronne assiégée, du moins d’obliger les Prussiens à réduire leur dispositif d’investissement de la forteresse. Quant à la fraction d’armée du général August Von Goeben, elle est venue, de son côté, former un rideau fixe, face au nord, le long des collines d’Artois, couvrant l’investissement de Péronne. 

La journée du 2 janvier

D’importantes troupes prussiennes sont massées à Bucquoy, Etricourt, Fins, Bapaume, Sailly-Saillisel, Bertincourt, Combles, Morval, Achiet-le-Grand, Sapignies, Favreuil.

Les troupes françaises se mettent en marche dès la première heure. Elles se déplacent en 4 divisions pour attaquer l’ennemi de plusieurs côtés.

Gravure couleur montrant des soldats sur un champ de bataille.

Guerre de 1870-1871. Bataille de Bapaume, 3 janvier 1871. Archives départementales du Pas-de-Calais, 4 J 486/17.

L’ennemi se retire en désordre sur Bapaume où il est pourchassé jusqu’aux communes de Grévillers et de Biefvillers-lès-Bapaume. A dix-sept heures, Faidherbe fait arrêter le 22ième corps en arrière de ses deux communes et établit son quartier général à Achiet-le-Grand. Les Français n’ont emporté aucune décision. Ils ont bousculé les Prussiens notamment dans les communes de Béhagnies et de Sapignies. Mais les Prussiens se sont repris. Ils gardent le contrôle de la plupart des villages limitrophes de Bapaume (Beugnâtre, Avesnes-lès-Bapaume, Biefvillers-lès-Bapaume et Grévillers).

Pendant la nuit, les Prussiens apportent des renforts (pour l’essentiel des batteries d’artillerie et des cavaliers) qu’ils font venir de Péronne et qu’ils font cantonner au Transloy, au sud-est de Bapaume. L’intuition du général Faidherbe était bonne : les Prussiens croient nécessaire de renforcer le front de Bapaume quitte à dégarnir, en partie, la forteresse de Péronne.

La journée du 3 janvier

De grand matin, dans un froid intense et dans la neige, Faidherbe rassemble ses troupes sur un front large de 8 kilomètres au nord et au nord-ouest de Bapaume. La cavalerie prussienne attaque l’aile droite française, qu’elle bouscule ; mais les tirailleurs parviennent à la contenir et à contre-attaquer. Les Prussiens mènent une résistance farouche mais doivent, en fin de matinée, se replier vers le sud. Des troupes s’enferment alors dans Bapaume où elles organisent leurs défenses. Les réserves cantonnées au Transloy se préparent à intervenir.

Dans l’après-midi, les Français atteignent les faubourgs de Bapaume mais n’entrent pas dans la ville où les Prussiens sont prêts à poursuivre le combat et à lancer une contre-attaque en utilisant les fossés et les vestiges des anciennes fortifications de la ville. Mais cette manœuvre échoue ; les Français se maintiennent sur leurs positions puisqu’ils n’ont pas reçu l’ordre d’entrer dans la ville.

Au soir de ce 3 janvier, les Français ont repris Achiet-le-Grand, Bihucourt, Biefvillers-les-Bapaume, Béhagnies, Favreuil, Beugnâtre, Tilloy et les faubourgs de Bapaume.

Le 4 janvier, les Prussiens évacuent Bapaume. Voulant préserver ses troupes éreintées, le général Faidherbe n’ose pas attaquer Péronne et préfère se replier au nord de Bapaume.

Bilan et hommages

Affiche couleur sur laquelle on lit : "2 et 3 janvier 1871, 3 janvier 1872, 12 mai 1895. Ville de Bapaume. Inauguration du monument élevé à la mémoire des braves tombés au champ d'honneur à la bataille de Bapaume. Programme des fêtes. Le dimanche 12 mai 1895, la ville de Bapaume inaugurera le monument élevé par souscription publique à ces glorieux morts. À 6 heures du matin, la fête sera annoncée par des salves d'artillerie ; le drapeau national sera arboré à l'hôtel de ville. Les habitants sont invités à pavoiser également leurs maisons aux couleurs nationales. De 11 heures à midi, réception à l'hôtel de ville des anciens militaires, sociétés de musique, de gymnastique, compagnies de pompiers, etc. Le vin d'honneur leur sera offert. À midi, arrivée à la gare des autorités civiles et des officiers généraux. Le cortège se rendra à l'hôtel de ville pour les réceptions officielles et de là au cimetière. À une heure et demie du soir, inauguration du monument. Au retour, défilé de toutes les sociétés devant la statue du général Faidherbe. Exécution de la Marseillaise par toutes les sociétés de musique réunies. À 3 heures et demie, banquet, et à 5 heures et demie ascension du ballon le Géant monté par M.C. Dartois aéronaute du siège de Paris. À 8 heures et demie, illumination générale de l'hôtel de ville, de la place, de la rue d'Arras et de la rue de Péronne. Les habitants sont également invités à illuminer leurs maisons. À 9 heures et demie, grand feu d'artifices tiré par la maison Ruggiéri de Paris. Fait à Bapaume, le 19 avril 1895".

Affiche de l'inauguration du monument élevé à la mémoire des soldats tombés durant la bataille de Bapaume, 12 mai 1895. Archives départementales du Pas-de-Calais, 4 J 486/20.

Cette action contre les armées prussiennes a permis au Nord-Pas-de-Calais, bien qu’encerclé, de ne pas être envahi et de résister jusqu’à la capitulation.

En souvenir de cette bataille mémorable, qui vit s’affronter les 33 000 soldats de l’armée du Nord aux 15 000 soldats Prussiens, la commune de Bapaume décide d’ériger un monument qui se trouve dans le cimetière. Il est construit au-dessus d’une fosse contenant les corps de 186 combattants. Les noms des bataillons et régiments composant l’armée du Nord y ont été gravés. Les rues du Bessol, Derroja, Lecointe et de l’Amiral Payen à Bapaume portent le nom de généraux de l’armée du Nord.

À l’angle des routes de Bapaume à Arras et de Biefvillers-lès-Bapaume à Favreuil, au lieu-dit le Salut, au centre du champ de bataille, le Conseil général du Pas-de-Calais a également fait ériger un monument commémoratif formé d’une pyramide quadrangulaire reposant sur un piédestal surhaussé de deux marches. Sur la pyramide, au-dessous d’une étoile, est gravée l’inscription suivante :

À la mémoire des soldats français tombés glorieusement pour la défense de la patrie, à la bataille de Bapaume, le 3 janvier 1871.

Derrière ce monument, on trouve la stèle d’un soldat prussien.

Cette bataille a été représentée par un grand tableau panoramique peint à Lille par Charles-Edouard Armand-Dumaresq et exposé dans la grande salle de l’hôtel de ville de Bapaume. Une statue, sculptée par Louis Noël, est inaugurée le 27 septembre 1891 pour rendre hommage à la victoire du général Faidherbe lors de la bataille de Bapaume.

Sources 

  • C. LÉVI, La Défense Nationale dans le Nord en 1870-1871, étude organique, historique et tactique, Henri Charles-Lavauzelle éditeur militaire, Paris. Archives départementales du Pas-de-Calais, BHB 61/1-4 ;
  • R. VANDENBUSSCHE, Le Nord-Pas-de-Calais – Un champ de bataille de l’Europe, La guerre de 1870 : La bataille de Bapaume (2 et 3 janvier 1871), éditions Les Échos du Pas-de-Calais. Archives départementales du Pas-de-Calais, BHB 7557.