Allo ! Lympne. Tout est prêt. Nous transmettons…
: la première liaison France-Angleterre par ondes ultra-courtes est inaugurée à Saint-Inglevert le vendredi 26 janvier 1934.
C’est en effet du plateau de Saint-Inglevert qu'est parti le premier message régulier, radiotélégraphique et radiotéléphonique, utilisant les ondes ultra-courtes, entre Charles Delesalle, sous-secrétaire d'État à l'Air du cabinet Camille Chautemps (par ailleurs député de la circonscription de Montreuil), et son homologue britannique, Sir Philip Sassoon. Cette inauguration d'un trafic France-Angleterre, fondé sur un principe qui jusqu'alors en était resté au stade de simples expériences en laboratoire, marque une date importante dans l'histoire de la T.S.F.
À la suite d'essais effectués en 1931 entre le Royaume-Uni et la France par la société du "Matériel téléphonique", le ministère de l'Air français décide d'établir un nouveau circuit par ondes ultra-courtes et de se débarrasser ainsi des interférences, contribuant au renforcement de la sécurité des transports aériens au-dessus du détroit de la Manche. La station favorise aussi le rapprochement entre les deux pays depuis les aéroports de Saint-Inglevert et de Lympne.
La station de Saint-Inglevert consiste en un bâtiment abritant les panneaux de commande du transmetteur et du récepteur, et des machines télé-imprimeuses. Les appareils émetteurs et récepteurs eux-mêmes sont placés en haut d'une tour métallique de vingt mètres, surmontée d'une plateforme sur laquelle se trouvent deux réflecteurs paraboliques de trois mètres environ (l’un pour la transmission, l'autre pour la réception) : la longueur d'ondes étant extrêmement courte, il est possible de concentrer dans ces réflecteurs toute l'énergie transmise à travers l'espace, comme de la lumière dans un faisceau quasi-parallèle. Une seule lampe se trouve à l'arrière du chaque réflecteur : à la place de la lumière, elle transmet dans l'éther près d'un milliard huit cent millions d'oscillations par seconde. Les antennes placées au foyer des miroirs paraboliques n'ont que huit centimètres de long.
La réussite du projet est due aux recherches de plusieurs scientifiques, tels Camille Gutton, directeur du Laboratoire national de radioélectricité, et Émile Pierret, assistant à la faculté des sciences de Nancy, et aux réalisations industrielles de la société "Le Matériel téléphonique" et de la "Société française radioélectrique".