La bataille d’Arras est une opération britannique, canadienne, australienne, néo-zélandaise et terre-neuvienne qui s’est déroulée à Arras du 9 avril au 16 mai 1917. Elle est l’une des principales offensives engagées par l’armée britannique sur le front ouest.
Planification des nouvelles offensives du printemps 1917
À la suite de la conférence de Chantilly des 15 et 16 novembre 1916, où les états-majors alliés ont décidé des grandes orientations militaires de l’année suivante, le général français Nivelle (nommé commandant en chef de l’armée française le 15 décembre, à la place de Joffre) et le général anglais Haig jettent les bases d’une action commune pour rompre le front allemand.
Dès la fin de l’année, la ville d’Arras, située en zone britannique, est pressentie pour être le lieu d’une opération de diversion, censée attirer les troupes de réserve allemandes et faciliter la rupture des lignes ennemies entre Soissons et Reims. De plus, en cas de réussite, l’attaque permettrait également de délivrer définitivement la ville de la menace allemande. L’exploitation de l’axe routier et ferroviaire vers Douai et Cambrai serait de nouveau possible, ce qui faciliterait une future reconquête de ces deux cités.
En février 1917, le général Nivelle prévoit une offensive en trois points du front, avec un assaut anglais sur Arras et Bapaume, et deux français, l’un au nord de l’Oise, l’autre entre Soissons et Reims, l’offensive principale se concentrant sur le Chemin des Dames.
Les forces en présence
Trois armées alliées sont déjà regroupées dans le secteur d’Arras. Sous le commandement d’Haig, elles sont déployées, à peu près du nord au sud, comme suit :
- la Ire armée commandée par le général Horne,
- la IIIe armée, par le général Allenby,
- la Ve armée, par le général Gough.
Exceptionnellement, trois divisions écossaises (toutes de la IIIe armée de terre) ont été rassemblées pour le début de l’attaque.
Leur faisant face, deux armées allemandes :
- la VIe armée du général von Falkenhausen,
- la IIe armée du général von der Marwitz.
Les unités ont été organisées en trois groupes du nord au sud : "Groupe Souchez", "Groupe Vimy" et "Groupe Arras". Toutefois, seules sept divisions allemandes sont sur la ligne d’attaque ; les autres sont en réserve, afin de renforcer les premières ou de contre-attaquer au besoin.
Le plan de bataille et les préparatifs
À la suite du repli allemand de l’opération Alberich, les forces britanniques se sont réajustées, notamment dans les objectifs assignés à leurs différentes armées.
Aux Ire et IIIe armées est dévolue maintenant la mission d’attaquer à cheval sur la Scarpe et de s’emparer de Vimy et de Monchy-le-Preux, tandis que les Ve et IVe armées exerceront la pression frontale plus au sud, contre la ligne Hindenburg.
Dès le milieu de mars, les Anglais commencent à détruire systématiquement les réseaux de communication de l’ennemi, accompagnant leurs bombardements de plusieurs émissions de gaz. Enfin, les quatre jours précédant la date de l’offensive, dénommée jour Z, sont marqués par un bombardement intensif des positions ennemies.
Le réseau souterrain : innovation britannique
La principale difficulté de l’attaque sur Arras est d’y concentrer un maximum de soldats proche du front sans attirer l’attention de l’adversaire. Afin d’éviter les lourdes pertes des batailles de la Somme et de Verdun, l’état-major britannique creuse un vaste réseau souterrain long de vingt kilomètres, se trouvant en certains points à moins de 1 000 mètres de la première ligne.
Les travaux commencent fin 1916. Ils sont confiés au corps des Royal Engineers et à des carriers et tunneliers néo-zélandais, dont de nombreux Maoris.
Parallèlement, des travaux permettent de relier les caves de la Grand’Place entre elles, puis celles de la Petite Place. L’entrée principale de ce réseau, dite "Porte de fer", est située au 3 rue du Saumon.
Pour pouvoir s’orienter dans ce labyrinthe, les tunneliers inscrivent sur les murs les noms de villes néo-zélandaises (Auckland, Wellington, etc.) et anglaises (Glasgow, Manchester, Liverpool, etc.).
À la veille de la bataille, les caves et les carrières peuvent accueillir plus de 24 400 hommes, dont 13 000 dans le secteur des places. Le tunnel de Saint-Sauveur peut abriter 2 000 hommes, les carrières Wellington plus de 4 000 et les souterrains de Ronville 9 400.
Le réseau est constitué de deux artères principales : la première, située sous la route de Cambrai, revient aux Écossais de la 9ième division d’infanterie et aux Anglais de la 35ième division, tandis que la deuxième revient aux Néo-Zélandais.
Ces travaux souterrains sont les plus importants jamais réalisés par les troupes britanniques dans ce domaine. L’autre objectif de ces aménagements est de répondre aux besoins élémentaires de confort pour tous ces hommes en attente d’une montée en ligne. Pour se faire, les souterrains disposent de cuisines, de douches, de latrines, de dortoirs collectifs ou encore d’un hôpital militaire, le tout alimenté en eau et en électricité.
Un premier bataillon s’y installe le 3 avril 1917. Pour passer le temps avant l’attaque et pour laisser une trace de leur passage, certains gravent des inscriptions (leur nom, leur matricule, leur pays, etc.), ou laissent des graffitis (dessins, gravures, des portraits féminins, des croix religieuses, etc.), pour partie encore visibles aujourd’hui.
Au lendemain de la bataille d’Arras, les Néo-Zélandais continuent d’assurer la maintenance des souterrains jusqu’en 1918. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les tunnels ont été rouverts pour servir d’abris antiaériens à la population d’Arras. La carrière Wellington, Mémorial de la bataille d’Arras, est à ce moment-là réutilisée par les Allemands comme cantonnement et abri.