Le torchis, un matériau local et authentique
De la boutonnière du Boulonnais, au pays de Licques en passant par le Montreuillois ou les confins de l’Audomarois et de l’Artois, le bâti en torchis rythme les paysages de nos campagnes. Ce matériau se compose de matières premières locales peu coûteuses : terre, paille, eau. Le mélange est ensuite posé sur une ossature en bois puis protégé par un enduit et un badigeon. Le bâti en torchis répond à l’usage et à l’environnement dans lequel il s’inscrit. En effet, ce bâti rural s’adapte au paysage, aux aléas climatiques et aux matériaux locaux disponibles. Reflet des techniques et savoir-faire locaux, sa couleur jaune ocre lui donne à la fois un caractère naturel et authentique contribuant à l’identité visuelle du territoire.
Le torchis entre passé et présent
L’utilisation du torchis est attestée dès la période néolithique. La structure est alors composée de simples bois circulaires directement plantés dans le sol. Au cours de l’antiquité, le pan de bois et le torchis correspond en majorité à l’habitat gaulois. Les progrès liés à la charpenterie au Moyen-Âge, donnent lieu à une importante diffusion du torchis en particulier pour le bâti courant, à la fois en milieu rural et en milieu urbain.
Ce type de bâti évolue peu à peu au fil des siècles, tout en se perfectionnant. Dans le département du Pas-de-Calais, il connait son apogée entre le 18ième et le milieu du 19ième siècle. Cependant, à partir de cette époque, il entre en concurrence avec d’autres matériaux tels que la pierre ou la brique, principalement en milieu urbain. De la même manière, l’industrialisation du secteur du bâtiment fait disparaitre progressivement le torchis. En effet, l’apparition du four à feu continu en 1858, alliée aux évolutions liées aux transports et aussi à la modification des mentalités au sein des villages, font s’essouffler l’utilisation de ce type de matériau alors victime d’idées reçues. Dans les mentalités, il est jugé fragile et s’utilise exclusivement en milieu rural.
Par ailleurs, la reconstruction après la Seconde Guerre mondiale privilégie également l’utilisation de la brique, alors plus rapide à fabriquer. De fait, elle devient prisée et se généralise.
Depuis les années 1960, l’utilisation du torchis tend à réapparaitre dans un souci de respect de l’environnement, par des constructions utilisant des matériaux sains et à moindre impact environnemental.
Le bâti en torchis présente souvent les mêmes caractéristiques :
- Concerne surtout du bâti courant : fermes, maisons, fours, appentis, petit patrimoine ;
- L’utilisation d’une ossature en bois pour la pose du torchis ;
- De type allongé, s’élevant généralement sur un seul niveau ;
- Une toiture pentue à deux versants avec un coyau débordant ;
- Une cheminée centrée sur le faitage ;
- Des baies plus hautes que larges ;
- Une façade principale exposée au sud ;
- Une porte à imposte vitrée ;
- Un soubassement maçonné ;
- Un pignon maçonné exposé à l’ouest ;
- Des murs avec une surface souple ou ondulée, protégés par un enduit et un badigeon.