Archives - Pas-de-Calais le Département
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Fermeture du centre Georges-Besnier jusqu'à nouvel ordre

En raison d’une panne du chauffage du Centre Georges-Besnier, sa salle de lecture (Arras) ferme jusqu’à nouvel ordre. Pour toute recherche administrative urgente sur les fonds conservés sur le site concerné (archives contemporaines), nous vous invitons à nous contacter pour une communication par correspondance ou, en cas de nécessité pratique, pour organiser une session de consultation en salle de lecture du Centre Mahaut-d’Artois des documents nécessaires à votre recherche.

Nous vous prions de nous excuser pour la gêne occasionnée et vous remercions par avance de votre compréhension.

Les femmes des camps britanniques

Les femmes se substituent aux hommes dans bien des domaines durant la guerre. Forcées d’endosser le rôle de chef de famille, elles remplacent leurs pères, frères et époux aux champs comme dans les usines. Certaines d’entre elles, libres de toute contrainte familiale, choisissent de s’engager auprès des soldats, à l’instar de ces milliers de femmes britanniques débarquées dans le Pas-de-Calais pour travailler dans les camps alliés installés à l’arrière du front.

Les initiatives privées

Photographie noir et blanc montrant un groupe de femmes posant devant des baraquements en tôle.

Les baraquements d'un détachement de jeunes femmes de la W.A.A.C. (Woman Auxiliary Army Corps) [de Calais]. Photographie retouchée, octobre 1917. Archives départementales du Pas-de-Calais, 43 Fi 126.

L’engagement des femmes durant la guerre revêt diverses formes. Dès le début des hostilités, on voit se multiplier les initiatives privées, souvent portées par des femmes issues d’un milieu social aisé, jouissant avant-guerre d’une position reconnue dans la société. Des œuvres très diverses sont ainsi créées en France comme ailleurs, destinées à lever des fonds pour soutenir les réfugiés, les enfants, mais aussi les blessés ou encore à apporter un soutien moral et matériel aux mobilisés.

Avec l’arrivée des premières troupes britanniques sur le continent, la haute société londonienne se mobilise à son tour. Au Touquet-Paris-Plage, la duchesse de Westminster crée un hôpital pour officiers. Au camp d’Étaples, où se concentre l’essentiel des unités britanniques, Lady Angela Forbes installe deux buvettes où elle distribue des rafraîchissements aux soldats.

Les infirmières

Photographie noir et blanc montrant des femmes courant vers des ambulances.

Ambulancières au camp d'Étaples, s.d. Archives départementales du Pas-de-Calais, 88 J 30/73.

Ces initiatives privées viennent s’ajouter aux efforts des infirmières, professionnelles ou volontaires, affiliées aux forces armées britanniques. Réparties principalement entre la base de Calais et le camp d’Étaples, elles appartiennent à différents corps, ce qui leur octroient des statuts différents, mais leurs conditions de vie demeurent globalement très similaires.

Le QAIMNS

Une grande majorité des infirmières déployées dans le camp d’Étaples appartient au Queen Alexandra’s Imperial Military Nursing Service (QAIMNS). Créé en 1902 sous le patronage d’Alexandra, épouse d’Édouard VII, pour offrir des soins infirmiers de qualité aux soldats, le QAIMNS est composé d’infirmières professionnelles qui jouissent d’un grand prestige en raison des critères de sélection drastiques de recrutement.

Le TFNS

Tout comme le QAIMNS, le Territorial Force Nursing Service (TFNS) est composé d’infirmières diplômées, engagées dans l’armée, mais plus spécifiquement rattachées aux forces territoriales.

Photographie sépia montrant six femmes posant devant une tente.

Les baraquements et les tentes du personnel féminin de l'armée britannique situés rue Mollien [à Calais]. Photographie. Archives départementales du Pas-de-Calais, 43 Fi 127.

Le VAD

Volontaires auxiliaires formées en quelques jours, les femmes du Voluntary Aid Detachment of the British Red Cross (VAD) sont moins qualifiées que leurs consœurs du QAIMNS oudu TFNS, mais leur expérience acquise sur le terrain les rend précieuses pour les hôpitaux des bases. De plus, elles sont aussi chargées de transporter les convois de blessés en ambulance jusqu’aux hôpitaux et camps de convalescence. C’est dans cette formation que s’engage l’écrivain féministe et pacifiste Vera Brittain.

De nombreuses autres structures indépendantes œuvrent également pour venir en aide aux soldats : la First Aid Nursing Yeomanry (FANY), par exemple, est une association caritative affiliée à l’armée territoriale qui, comme le VAD, assure la liaison des blessés jusqu’aux lieux de soins.

Photographie sépia montrant une femme assise devant un baraquement, un livre dans les mains.

Le camp réservé aux F.A.N.Y. (First Aid Nursing Yeomantry) [à Calais]. Photographie. Archives départementales du Pas-de-Calais, 43 Fi 130.

Pour toutes ces femmes, les conditions de vie sont difficiles. Le travail est harassant et stressant, les journées interminables. Les temps de repos sont rares mais, quand elles le peuvent, les infirmières aiment se rendre dans les stations balnéaires où elles se promènent, fréquentent les restaurants et prennent des bains de mer. C’est lors de ces sorties qu’elles ont aussi l’occasion de se rapprocher de la gente masculine, ce que le règlement des camps interdit formellement.

Le corps d’armée auxiliaire féminin : le WAAC

Réticent à l’idée d’engager des femmes au début de la guerre, le ministère de l’Armée britannique se résout peu à peu à cette idée pour contrer la pénurie grandissante de personnel masculin dans les services auxiliaires.

En mars 1917, l’intendance militaire britannique crée le Women Auxiliary Army Corps (rebaptisé en 1918 le Queen Mary’s Army Auxiliary Corps). Placées sous le commandement de parentes d’officiers supérieurs de l’armée, environ 50 000 jeunes filles issues principalement de la classe ouvrière s’engagent volontairement.
Surnommées "waccs", "brownies" ou "kaki-girls" (en raison de la couleur de leur uniforme en toile bise), elles occupent des postes très variés, tels que cuisinières, standardistes, dactylographes, chauffeurs-mécaniciens ou encore jardiniers. À partir de la fin 1917, elles sont aussi responsables de l’hygiène et des installations sanitaires des camps, ateliers et hôpitaux. Logées en dortoirs, leurs conditions de vie sont similaires à celles des infirmières travaillant dans les centres de soin.

Rouages essentiels au bon fonctionnement des camps de soldats, ces femmes aux profils très divers ont œuvré sans relâche aux côtés des soldats et ont montré un dévouement sans faille durant ces dures années de conflit.

Photographie noir et blanc montrant des femmes entretenant des tombes.

Entretien des tombes du camp d'Étaples, s.d. Archives départementales du Pas-de-Calais, 88 J 30/76.

Vera Brittain (1893-1970), infirmière au camp britannique d’Étaples

Née dans une famille relativement aisée, Vera Brittain étudie la littérature à Oxford lorsque la guerre éclate. Profondément marquée par le conflit, elle s’engage comme infirmière en juin 1915 au sein du Voluntary Aid Detachment (VAD). En décembre, son fiancé, Roland Leighton, meurt de ses blessures à Hébuterne, près de Doullens. Envoyée à Malte en 1916, elle rejoint ensuite l’Angleterre où elle reprend du service dans un hôpital londonien. En août 1917, elle arrive à Étaples où elle est affectée à l’hôpital n° 24 de la base britannique. Elle y reste jusqu’en avril 1918, date à laquelle elle rentre dans son pays. En août 1918, elle publie un premier recueil de poésies, intitulé Verses of a VAD.

Au lendemain de la guerre, elle entame une longue carrière d’écrivain (féministe et pacifiste) et publie plusieurs ouvrages, dont le récit autobiographique Testament of Youth (1933).

À sa mort en 1970, ses cendres sont dispersées sur la tombe de son frère, tué en Italie le 15 juin 1918.