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Recherche dans les fonds et collections d'archives
L’immense succès des expositions universelles parisiennes de 1889 et 1900 (près de 50 millions de visiteurs) incite les capitales de province à organiser des foires régionales sur le même modèle. Car en plus du prestige et de la publicité qu’engendre ce type d’événement, les retombées économiques sont loin d’être négligeables : au début du XXe siècle, les expositions commerciales et/ou thématiques locales se multiplient dans le Nord-Pas-de-Calais comme ailleurs.L’exposition en quelques chiffresC’est ainsi qu’Arras accueille en 1904 l’Exposition du Nord de la France. Les organisateurs affichent la volonté de mettre en relief l’activité industrielle [des] départements du Nord, en ce qui concerne plus spécialement la technique, les procédés et l’outillage des Mines, de la Sucrerie, de la Brasserie, de l’Alcool et de ses applications industrielles, des Matériaux de construction, des Industries agricoles et particulièrement tous les Articles et les Produits créés et fabriqués dans ces départements pour le costume féminin et à l’usage exclusif de la Femme.Plus qu’une simple foire, c’est une vraie petite cité qui prend ses quartiers du 1er mai au 4 octobre 1904 sur plus de 18 hectares situés au sud-ouest de la ville (à l’emplacement de l’actuel parc du Gouverneur et d’une partie de la Citadelle). La proximité du kiosque à musique et du casino permet l’intégration de ces deux éléments aux festivités. Quelques 1 256 exposants s’y installent, face à 2 500 visiteurs journaliers et plus de 13 000 le dimanche.Le règlement de l’exposition définit quatre grands groupes, eux-mêmes subdivisés en classes.Le premier groupe, consacré aux beaux-arts et à la décoration, est présidé par Victor Barbier, éminent érudit arrageois. Le pavillon des arts accueille les œuvres peintes ou sculptées d’artistes septentrionaux, comme celles de Virginie Demont-Breton, fille de Jules Breton.Le second groupe, consacré à l’industrie et à la métallurgie, présente les dernières innovations en la matière, et, en ce début de XXe siècle, elles sont nombreuses : électricité, industrie chimique, traitement des eaux, etc. Une large place est dévolue aux compagnies houillères, fleuron de la région.Les industries agricoles (horticulture, denrées et machines) sont rassemblées dans le troisième groupe, tandis que les industries diverses en forment un quatrième assez éclectique (mobilier, verrerie, imprimerie et photographie, produits de consommation, textile, etc.).Les cinq mois de l’exposition sont ponctués de remises de prix octroyés aux exposants. Le jury, composé de 174 membres, remet 601 médailles et diplômes, qui constituent un gage de qualité et une excellente carte de visite pour les entreprises récompensées.Faste et innovations de la Belle ÉpoqueL’exposition commerciale est complétée par des attractions qui émerveillent les visiteurs : un tramway électrique arpente les allées et croise au détour d’un chemin des petites voitures à ânes ou des attelages de baudets, de chameaux et même d’éléphants, qui amusent les enfants tout autant que le toboggan. La magie de la fée électricité opère aussi à la nuit tombée, illuminant les fêtes données autour d’une fontaine lumineuse. Un cinématographe, installé dans la Grotte des fées, projette un film et des documentaires d’actualité (guerre russo-japonaise par exemple).L’exotisme est mis à l’honneur avec la reconstitution d’un village sénégalais, occupé par ses habitants. On construit également un pavillon algérien abritant plusieurs expositions (culinaire, artisanale, touristique, etc.).Chaque dimanche, le kiosque à musique accueille les concerts de différentes sociétés musicales de la région ; les représentations théâtrales se succèdent dans la salle de spectacle du Kursaal (casino d’Arras), tout comme les fêtes sportives et commémorations diverses. Car durant toute la durée de l’exposition, Arras accueille une trentaine de manifestations (Fête fédérale des sociétés gymnastiques de France, congrès national des syndicats agricoles de France, salon de l’automobile et du cycle, etc.).Au lendemain de l’exposition, le bilan est plus que positif. Le monde entier a pu contempler les merveilles techniques et industrielles du Nord et du Pas-de-Calais et, aux yeux de tous, l’événement est un énorme succès, ponctué par la visite du président de la République, Émile Loubet. De ces mois fastes, largement couverts par la presse arrageoise, il nous est parvenu une belle collection de cartes postales, rassemblées dans l’exposition virtuelle l’Exposition du Nord de la France.Les Archives départementales conservent un volumineux dossier d'archives composé de correspondances, de coupures de journaux, de programmes, de papiers divers et cartes postales (coté en M 4654 et en Fi) documentant cet événement.