Fermeture du centre Georges-Besnier jusqu'à nouvel ordre
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Le plan de l’abbatiale Saint-Bertin à Saint-Omer en 1843-1844
Ce plan de l’église de l’abbaye Saint-Bertin de Saint-Omer, conservé sous la cote 2 Fi 298, a été dressé par Auguste Beaufort à l’occasion de fouilles effectuées en 1843-1844 par des membres de la société des Antiquaires de la Morinie. La qualité des travaux effectués par les érudits, dont ce relevé est un des aboutissements, et le souci de précision du dessinateur en font un document de premier ordre pour la connaissance de cet édifice.
Une destruction programmée
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"Plan général des églises de Saint-Bertin, depuis la fondation de ce monastère, au VIIe siècle, jusqu'à nos jours ...", Saint-Omer, 1843-1844. Plume, encre de Chine, lavis couleur. Archives départementales du Pas-de-Calais, 2 Fi 298.
"Plan général des églises de Saint-Bertin, depuis la fondation de ce monastère, au VIIe siècle, jusqu'à nos jours ...", Saint-Omer, 1843-1844. Plume, encre de Chine, lavis couleur. Archives départementales du Pas-de-Calais, 2 Fi 298.
L’abbatiale de Saint-Bertin, aujourd’hui pratiquement disparue, était un monument d’exception, tant par sa taille – sa longueur de 122 mètres équivalait à celle de la cathédrale d’Amiens – que par la qualité de son architecture et la beauté de son ornementation.
Sa démolition entamée en 1811, après la vente par l’État du terrain et des murs à la ville, est un scandale archéologique déploré tant par les archéologues, tel Ludovic Vitet, premier inspecteur général des monuments historiques, que par les hommes de lettres et les amis des arts, au nombre desquels figurait Victor Hugo.
En 1840 ne subsiste intacte que la tour qui s’écroule un siècle plus tard, en 1947.
Objet de programmes de fouilles archéologiques
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L'abbaie de St-Bertin. [Vue à vol d'oiseau de l'abbaye et de l'église], [1701-1800]. Gravure sur cuivre. Archives départementales du Pas-de-Calais, 4 J 486/127.
L'abbaie de St-Bertin. [Vue à vol d'oiseau de l'abbaye et de l'église], [1701-1800]. Gravure sur cuivre. Archives départementales du Pas-de-Calais, 4 J 486/127.
La fouille s’inscrit dans un programme de recherches archéologiques établi par la toute jeune société des Antiquaires de la Morinie, qui l’avait conduit précédemment à Étaples, sur le site présumé de Quentovic. Deux prospections avaient déjà été effectuées dans les ruines de l’abbatiale, la plus importante ayant été pratiquée entre 1831 et 1834 par le douaisien Emmanuel Wallet. Celle-ci avait mis au jour une crypte située sous le chœur de l’édifice roman et les fragments d’un beau pavé-mosaïque du début du XIIe siècle. Signalons que cet érudit, qui était aussi un artiste de talent, a laissé deux précieux albums de lithographies consacrés à l’ensemble monastique [ note 1].
Lors des nouvelles fouilles de 1843, l’objectif des antiquaires est cette fois de déterminer précisément le nombre d’édifices antérieurs – des historiens d’alors évoquent jusqu’à huit églises successives -, d’en établir le plan et d’exhumer les tombes d’abbés et de personnages illustres ainsi que des fragments de sculpture et du mobilier. La surveillance des fouilles est confiée à un aéropage de savants dirigé par Henri de Laplane, qui rédige un volumineux rapport de 280 pages [ note 2].
Plan figurant l’analyse des vestiges architecturaux
L’architecte audomarois Auguste Beaufort apporte son concours dans l’analyse des vestiges architecturaux et la réalisation du plan : ce dernier constitue un complément indispensable au compte rendu qui s’y réfère constamment. Produit en au moins deux exemplaires, dont l’un est conservé au siège de la société savante, il indique par trois couleurs différentes les édifices successifs :
la couleur violette (devenue aujourd’hui plutôt bleu clair) est donnée aux fondations du premier sanctuaire bâti au VIIe siècle,
le bistre (marron foncé) correspond à l’église romane commencée en 1045-1046 par l’abbé Bovon,
le rose est celui de l’édifice gothique consacré le 9 octobre 1520, au terme d’un chantier qui dura près de trois siècles.
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St-Omer. Vue des ruines de l'église de l'abbaye de St-Bertin, [1815-1825]. Lithographie. Archives départementales du Pas-de-Calais, 4 J 486/129.
St-Omer. Vue des ruines de l'église de l'abbaye de St-Bertin, [1815-1825]. Lithographie. Archives départementales du Pas-de-Calais, 4 J 486/129.
L’imposante légende détaille les découvertes, principalement les innombrables tombeaux retrouvés et les pièces de mobilier.
Au nombre de ces dernières, citons pour leur importance dans l’histoire de l’art de la région, les fragments en terre cuite émaillée attribués à l’atelier de Luca Della Robbia, provenant du tombeau de l’abbé Guillaume Fillastre (mort en 1473), L’Annonciation et La Cène, aujourd’hui respectivement à l’église de Saint-Martin-au-Laërt et à l’église Saint-Denis de Saint-Omer. Tous les autres produits de la fouille ont été déposés au musée de la ville.
Notes
[ note 1]Atlas de la description de l’ancienne abbaye de Saint-Bertin, 11 planches différentes, Douai, 1834 (archives départementales du Pas-de-Calais, BHE 22) et Atlas de la description des fouilles faites à Saint-Bertin, 1831-1834, planches I-VIII, Douai, 1843 (archives départementales du Pas-de-Calais, BHE 24).
[ note 2] Henri de Laplane, "Saint-Bertin en 1844 : Saint-Bertin ou compte rendu des fouilles faites sur le sol de cette ancienne église abbatiale…", Mémoires de la société des Antiquaires de la Morinie, tome 7 (1844-1846), p. XXVIII et 3-283, plus l’Atlas des Mémoires de la société…, tome 7 (1844-1845 [sic]), publié en 1847, planches 1 à 6 (archives départementales du Pas-de-Calais, PB 358/9).
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Commentaires (1)
Joseph Bouchez
Le chanoine Georges Coolen, historien à Saint-Omer avait retrouvé à qui l'abbaye avait été vendue à la Révolution française. Ce propriétaire en avait fait une "carrière de pierres" pour permettre la construction de nombreuses maisons bourgeoises de la ville. Mais pour éviter qu'on jette l'opprobe sur les familles notables et descendantes de ce propriétaire, le chanoine Coolen a choisi de ne pas révéler le nom de cette famille qui a toujours "pignon sur rue" à Saint Omer. Cette décision, ce "droit à l'oubli" me paraissent bons et salutaires.
Joseph Bouchez
Le chanoine Georges Coolen, historien à Saint-Omer avait retrouvé à qui l'abbaye avait été vendue à la Révolution française. Ce propriétaire en avait fait une "carrière de pierres" pour permettre la construction de nombreuses maisons bourgeoises de la ville. Mais pour éviter qu'on jette l'opprobe sur les familles notables et descendantes de ce propriétaire, le chanoine Coolen a choisi de ne pas révéler le nom de cette famille qui a toujours "pignon sur rue" à Saint Omer. Cette décision, ce "droit à l'oubli" me paraissent bons et salutaires.
Le 16 septembre 2020 à 17h57