En consultant les feuillets matricules militaires des soldats (sous-série 1 R), vous pouvez trouver les renseignements sur leur état civil et profession, leur description physique, leurs affectations, les éventuelles citations, décorations, blessures reçus, etc. Exceptionnellement, vous pouvez également trouver des cas insolites, comme celui d’Emmanuel Albert, déclaré insoumis… à tort.
Né le 17 janvier 1894 à Sallaumines, il ne se présente pas au recensement à son vingtième anniversaire en 1914 comme le précise la mention "Bon absent" dans la case "Décision du conseil de révision et motifs". Depuis 1905, les jeunes hommes qui ne se présentent pas au recensement sont automatiquement considérés comme "bon pour le service armé" et un nouvel examen de leur situation doit être fait lors de leur appel au service actif.
Peu après le début de la Première Guerre mondiale, il est ainsi appelé au service actif le 2 septembre 1914, mais n’a pas obéi à son ordre d’appel
et a été le jour même placé dans les délais
, c’est-à-dire la liste des déserteurs à rechercher. Il n’est pas retrouvé en temps utile
et est rayé des délais le 27 avril 1921
.
Le 30 mars 1940, il est de nouveau rappelé à l’activité
et de nouveau ne se présente pas :
Convoqué par ordre de route au bureau de recrutement d’Arras le 17 avril 1940, n’a pas obéi à cet ordre de route dans les délais légaux.
Il est donc déclaré insoumis en temps de guerre le 20 avril 1940
et fait l’objet d’une plainte aux fins de poursuite devant les juridictions militaires (article 198, Code de justice militaire)
.
L’enquête qui s’ensuit permet toutefois de mettre en lumière et de rectifier l’erreur du bureau de recrutement. En effet, ledit Emmanuel Albert était décédé à Noyelles-sous-Lens… le 20 mars 1894, c’est-à-dire à l’âge de deux mois ! Son feuillet matricule se conclut ainsi par la mention suivante : Déclaré insoumis à tort
.