Patrimoines - Pas-de-Calais le Département
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Les moulins d'hier et d'aujourd'hui

Les moulins constituent, au même titre que les châteaux, les églises ou les maisons, des éléments de notre patrimoine. Le Pas-de-Calais en a possédé plus de 1 500 au XIXe siècle. Beaucoup ont disparu du fait de la mécanisation et des guerres.

Les moulins à eau, qui ont été moins nombreux que ceux à vent dans notre département, sont actuellement les mieux préservés au long des cours d’eau comme la Canche, l’Authie, l’Aa ou la Scarpe. L’industrialisation et l’urbanisation ont fait disparaître la plupart des moulins à vent ; ceux qui subsistent sont visibles surtout dans le nord-ouest du Pas-de-Calais.

À travers l’étude des moulins, c’est toute une civilisation qui ressurgit, civilisation rythmée par les éléments naturels : l’eau et le vent. Les moulins permettent de présenter l’ensemble des activités humaines depuis le Néolithique avec les découvertes archéologiques des premières meules jusqu’au XiXe et XXe siècle, époques pour lesquelles les archives conservent le plus de traces.

Ce parcours retrace l'histoire des moulins du Pas-de-Calais, des premières traces apparues lors de fouilles archéologiques jusqu'à la présentation et la restauration de quelques emblématiques de notre territoire.

Parcours : étape 2/11

La meule devient moulin

Au début de l’antiquité, l’organisation romaine et l’essor de la population amènent à améliorer la transformation des graines en farine. Cette période marque l’émergence des premières de la boulangerie artisanale. Les innovations vont permettre l’utilisation de meules de plus en plus grandes.

Le moulin de type Pompéi

Illustration d'une meule de type Pompéi

Au premier siècle avant notre ère, les moulins de type « Pompéi » se développent progressivement. En forme de sablier, ils reprennent le principe du fonctionnement du moulin rotatif manuel. La meule supérieure en forme d’entonnoir épouse et tourne autour de la meule inférieure fixe. Ce moulin à la structure imposante est entraîné par la force de deux hommes ou d’un animal (un âne ou un mulet). Son rendement est nettement plus important, il permet de fournir de la farine à la population et aux légions romaines ou de fournir les boulangeries.

Crédit : P-Y.Videlier.

Au premier siècle avant notre ère, les moulins de type « Pompéi » se développent progressivement. En forme de sablier, ils reprennent le principe du fonctionnement du moulin rotatif manuel. La meule supérieure en forme d’entonnoir épouse et tourne autour de la meule inférieure fixe. Ce moulin à la structure imposante est entraîné par la force de deux hommes ou d’un animal (un âne ou un mulet). Son rendement est nettement plus important, il permet de fournir de la farine à la population et aux légions romaines ou de fournir les boulangeries.

 

Des moulins à traction animale 

Meule Thérouanne

En 2019 à Thérouanne, les archéologues ont découvert l’ébauche d’une meule en grès (arkose) de grande taille de l’époque romaine. Ce bloc de 70 kg qui mesure 14,5 cm d’épaisseur a subi, un accident lors de sa taille, car sa forme est plus ou moins ovale (ses dimensions par son centre sont de 66 cm et 62 cm). Cette ébauche était vraisemblablement destinée à être retaillé dans un atelier proche du lieu de sa découverte. La qualité de la roche est une arkose grossière connue pour être probablement réservée à la production des meules à traction animale destinée au broyage de l’alimentation du bétail dans les fermes et les villae.

 

 

Crédits : CD62/DA/V.Merkenbreack.

En 2019 à Thérouanne, les archéologues ont découvert l’ébauche d’une meule en grès (arkose) de grande taille de l’époque romaine.

Ce bloc de 70 kg qui mesure 14,5 cm d’épaisseur a subi, un accident lors de sa taille, car sa forme est plus ou moins ovale (ses dimensions par son centre sont de 66 cm et 62 cm). Cette ébauche était vraisemblablement destinée à être retaillé dans un atelier proche du lieu de sa découverte. La qualité de la roche est une arkose grossière connue pour être probablement réservée à la production des meules à traction animale destinée au broyage de l’alimentation du bétail dans les fermes et les villae.

 

Les moulins hydrauliques

À partir de l’antiquité, les premiers moulins hydrauliques voient le jour au bord des cours d’eau. Ils connaissent un vrai essor pendant le Moyen Âge.

le rouleau de l’Aa

Sur cet extrait du « le rouleau de l’Aa » du 15ième  siècle, on peut distinguer deux moulins du 12ième siècle situés sur un îlot à Blendecques (Découvrir l’intégralité du rouleau).

  

Crédits : Bibliothèque d’agglomération du Pays de Saint-Omer.

Sur cet extrait du « le rouleau de l’Aa » du 15ième  siècle, on peut distinguer deux moulins du 12ième siècle situés sur un îlot à Blendecques (Découvrir l’intégralité du rouleau).

  • Le moulin « Martel Alleghier » situé au sud avait la particularité de posséder deux roues à aube, le premier servait à la mouture du blé et le second foulait les draps (rendre le tissu imperméable par compression). Au 19ième siècle, le moulin est dédié à la production de l’huile et de papier une courte période avant de revenir à la mouture du blé.
  • Le moulin « La Brouwette » situé au nord produit de l’huile jusqu’au 18ième siècle avant d’alterner ses activités saisonnières entre la production de « papier gris » et de l’huile. À partir de 1830, le moulin va moudre le blé pour obtenir de la farine.

Au début du 20ième siècle, les deux moulins produisent du papier. Les moulins sont démantelés après la Seconde Guerre mondiale pour la reconstruction des habitations détruites après les bombardements alliés sur la commune voisine d’Helfaut.

Dans un moulin à eau, le moteur hydraulique est mis en mouvement par l’ouverture de la vanne motrice. L’eau entraîne la roue solidaire de l’arbre moteur. Celui-ci fait tourner une grande couronne dentée en bois, le rouet de fosse, qui s’engrène sur un pignon, la lanterne à fuseaux verticaux. Celle-ci est disposée à l’extrémité inférieure d’un axe vertical qui traverse en son centre la meule gisante et transmet le mouvement rotatif à la meule courante.

Il existe plusieurs types de roues. La plupart des moulins à eau de la Haute-Scarpe, de l’Aa, de la Lys, de la Liane, de la Ternoise ou de l’Authie étaient dotés de roues perpendiculaires à augets. Dans ce cas, c’est le poids de l’eau remplissant les augets qui fait tourner la roue. Un débit peu important suffit. C’est la hauteur de la chute d’eau qui détermine le diamètre de la roue. Plus ce diamètre est important, plus la puissance est grande. L’enquête de 1809, sur les moulins à blé, nous donne une large majorité de moulins avec une roue à augets. Les autres moulins sont équipés d’une roue horizontale avec axe vertical ; ici l’eau appuie sur les palettes, l’axe de la roue entraîne directement la meule. Ce type de roue est l’ancêtre de la turbine.

Au milieu du siècle, tous les moulins décrits dans les carnets de perception sont équipés de roues à augets. Des progrès dans la mécanique des fluides ont été réalisés au 19ième siècle, et les performances des roues hydrauliques améliorées pour diminuer le choc à l’entrée de la roue et réduire la vitesse de l’eau à la sortie.

Les moulins à vent servaient avant tout à transformer des produits agricoles comme les céréales ou les oléagineux. Les moulins à eau, beaucoup plus puissants que les moulins à vent, permettaient un usage plus industriel des moulins.

C’est grâce à eux que les papeteries de la vallée de l’Aa ou de la Canche, les scieries de marbre de la Slack, les forges de la Scarpe ou de la Hem, les filatures de la Clarence, de l’Aa, de la Ternoise, les scieries de bois de la Canche ou de la Liane pouvaient fonctionner.