Peintre et enseignant
Abel Edmond Benjamin Morel est né le 8 janvier 1847 à Arras, fils de Sophie Joseph Roger et d’Abel Edmond Morel, menuisier-sculpteur, auteur des bas-reliefs du portail intérieur de la cathédrale d’Arras. Bercé d’art, il s’intéresse à la peinture et devient l’élève du peintre Désiré Dubois. En 1880, il expose même quelques paysages au Salon. Il a en outre participé en 1874 à la fondation de l’Union artistique du Pas-de-Calais, dont il sera le secrétaire, et a publié des articles dans L’Avenir sur les expositions arrageoises de 1873 et 1875.
C’est pourtant vers l’enseignement qu’il se tourne. D’abord professeur d’histoire et de rhétorique, notamment au collège d’Arras, Edmond Morel poursuit sa carrière en prenant la tête de divers collèges de 1882 à 1906, comme Abbeville ou Langres.
Une retraite studieuse
À sa retraite, il revient dans sa ville natale et en 1907, est admis à l’Académie d’Arras. Il en deviendra d’ailleurs chancelier à la veille de la guerre. En 1909, il intègre également la Commission départementale des monuments historiques.
La même année, il obtient une place de bibliothécaire-adjoint au palais Saint-Vaast, poste qu’il occupe jusqu’en août 1914. C’est à ce titre qu’accompagné de Fernand Lennel, autre académicien et également bibliothécaire-adjoint, il descend les collections les plus précieuses à la cave du palais au début des hostilités, sage décision qui sauvera quelques œuvres du funeste incendie de juillet 1915.
Sa fonction de bibliothécaire lui donne un accès privilégié aux collections de manuscrits et d’archives du Pas-de-Calais. Ce travailleur assidu se plonge à corps perdu dans l’histoire locale et se forme à la paléographie. De son travail appliqué et rigoureux naissent plusieurs fascicules salués par la critique et publiés dans les Mémoires de l’Académie d’Arras : Le costume des échevins d'Arras en 1911, Les Guetteurs en 1912, une Mutinerie militaire à Arras en 1373 publiée en 1912 ou Les étainiers d'Arras parus en 1909.
Essai de topographie arrageoise
Mais c’est surtout son ouvrage sur la reconstitution du plan de la ville d’Arras au 14ième siècle, imprimé avec le concours de la municipalité, qui le distingue. Georges Besnier dit à son sujet qu’il est un historien des plus précis, [dont la] reconstitution du plan d’Arras-ville en 1382 est un modèle de documentation et de méthode
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Dans cet ouvrage paru en 1914, il donne la nomenclature de toutes les maisons de la ville existantes en 1382, avec, à l’appui, les indications et les références sur les changements de propriété, complétant l’identification de chacune d’elle. Ce travail colossal est récompensé par un prix de l’Académie des Inscriptions et des Belles-Lettres.
Le 30 octobre 1914, alors que la guerre gronde aux portes d’Arras, il se résout à quitter la ville et s’exile à Sotteville-lès-Rouen en Seine-Maritime. Fortement diminué, c’est là qu’il trouve la mort le 23 mars 1916.