Gustave-Henri Colin est né le 11 juillet 1828 à Arras, ville dont son oncle François-Maurice Colin (1800-1878) sera le maire de 1837 à 1848. Fils d’un juge suppléant au tribunal, Jacques-Henry Colin, qui le destine à une carrière judiciaire, il est encore élève au collège d’Arras, lorsque sont décelées ses dispositions artistiques : son professeur de dessin Auguste Demory convainc son père de ne pas contrarier les dons qu’il manifeste. Ses progrès sont si rapides qu’il entre en 1847 dans l’atelier d’Auguste Dutilleux, l’ami de Corot, d’Eugène Delacroix ou encore du sculpteur Louis Barye.
De Paris aux plages basques
Sur les conseils pressants de son père, Gustave Colin part faire des études juridiques à l’École de droit de Paris en 1850 ; mais il les abandonne dès 1853 pour se consacrer définitivement à la peinture. Il va dès lors fréquenter les ateliers d’Ary Scheffer et de Thomas Couture, ainsi que les cafés où se rejoignent les futurs maîtres de la peinture française. Après quelques expositions arrageoises, il est admis au Salon de Paris en 1857. Professeur de peinture à l'Académie Julian, sa renommée va définitivement s’asseoir avec sa présence au Salon des refusés.
Passionné par les voyages, Gustave Colin est séduit par le Pays basque et Ciboure (Pyrénées-Atlantiques) en particulier, un village de pêcheurs ancré dans la culture locale et la tradition maritime qui voit affluer un grand nombre de peintres. C’est là qu’il épouse en 1860 Marie Carmier Couspeire ; il s’y installe rue Agorette, avant de déménager, en 1862, pour Saint-Jean-de-Luz où il va peindre de nombreuses scènes rurales.
Le salon des réfusés
En 1863, le jury du Salon refuse de nombreuses œuvres de jeunes peintres. Devant les multiples protestations, l’empereur Napoléon III décrète la tenue d’un "Salon des refusés" qui regroupe les œuvres n’ayant pu être présentées au Salon officiel : le tableau présenté par Gustave Colin, Basques espagnols jouant à la pelote sous les murs de Fontarabie (ou Partie de pelote sous les remparts de Fontarabie, aujourd’hui au musée basque de Bayonne) remporte un immense succès.
Le travail remarquable de ses compositions et de ses coloris est loué par la critique, sensible aux évolutions picturales et aux scènes de plein air et de la vie quotidienne, très éloignées des motifs religieux ou mythologiques traditionnels.
La première exposition impressionniste
Côtoyant à Paris les futurs maîtres de la peinture impressionniste, Gustave Colin est invité par ces derniers à participer en 1874 à la première exposition impressionniste de la galerie Durand-Ruel, où il présente cinq toiles.
Particulièrement apprécié du comte Doria qui va devenir son mécène, du marchand d’art Ambroise Vollard, de la famille Rouart et de bien d’autres, il expose régulièrement à Paris (à partir de 1890 au Salon du Champ-de-Mars, organisé par la Société nationale des beaux-arts) et obtient une médaille d'honneur au Salon de 1880, ainsi qu’une médaille d'argent à l’Exposition universelle de 1889 ; il est fait chevalier de la Légion d’honneur en 1899 et officier en 1907.
Décédé le 28 décembre 1910, Gustave Colin repose au cimetière du Belvédère à Ciboure où une rue porte son nom. L’artiste laisse une œuvre abondante : ses portraits, ses paysages baignés de lumière, ses scènes de genre et de tauromachie se comptent par dizaines soit dans les musées, soit dans des collections privées. Le musée d’Arras possède ainsi une trentaine d’entre eux, tel l’Autoportrait de 1858, celui de Lille Le Castillo et le goulet de Pasagès. Marée haute, le musée d’Orsay à Paris La femme de l’artiste, sans compter les nombreuses œuvres conservées à Pau ou à Bayonne.