Défenseur des droits
Fils d’Alexis-Joseph Paris et de Séraphine-Julienne Dutriet, Auguste-Joseph Paris naît le 12 novembre 1826 à Saint-Omer. Il intègre le collège de cette ville, puis le pensionnat Saint-Bertin d’où il ressort licencié ès lettres.
Après des études de droit, il est admis comme stagiaire au barreau d’Arras le 3 mars 1853 : il obtient son doctorat en 1855 avec une thèse intitulée De la puissance paternelle. Il est remarqué pour son ardeur et son attachement aux idées conservatrices et monarchistes. Apprécié du public et estimé de ses confrères, il est élu membre du conseil de l’Ordre en 1859, puis bâtonnier le 3 novembre 1869, honneur auquel il est élevé à neuf reprises.
Engagement politique
Inscrit le 8 février 1871 sur la liste monarchiste du Pas-de-Calais, il est élu représentant à l'Assemblée nationale. Il montre surtout des tendances orléanistes et vote pour la paix, les prières publiques, l'abrogation des lois d'exil et le pouvoir constituant de l'Assemblée. Opposant à la politique de Thiers, il contribue à sa chute le 24 mai 1873, mais soutient jusqu’au bout le cabinet de Broglie.
Auguste Paris est l'auteur du projet de loi (adopté le 6 juin 1873) relatif aux conseillers généraux, d'arrondissement ou municipaux qui auraient refusé de remplir leurs fonctions. Devant l’échec de la restauration monarchique, il adhère à la demande de prorogation des pouvoirs du maréchal Mac Mahon et vote en faveur du septennat. Comme rapporteur de la commission des Trente, il déclare, au sujet de la révision de la Constitution : Nous entendons formellement que toutes les lois constitutionnelles dans leur ensemble pourront être modifiées, que la forme même du gouvernement pourra être l'objet d'une révision : il ne peut, il ne doit y avoir à cet égard aucune équivoque
. Sous le bénéfice de cette réserve, il accepte l'ensemble des lois constitutionnelles. En juin 1875, il prend part à la discussion de la loi sur la liberté de l'enseignement supérieur et se prononce pour le scrutin d'arrondissement. Il est enfin le rapporteur du projet de dissolution de l'Assemblée adopté le 30 décembre 1875.
Après la séparation de l'Assemblée nationale, Auguste Paris est candidat au Sénat dans le Pas-de-Calais où il est élu le 30 janvier 1876. Dans sa profession de foi, il déclare que le gouvernement du maréchal Mac Mahon pouvait compter sur son concours et qu'on le trouverait au premier rang des conservateurs sur le terrain de la légalité constitutionnelle
.
Membre actif du parti monarchiste à la Chambre haute, ses interpellations sont très remarquées ainsi que ses rapports et proclamations contre la proposition d'amnistie déposée par Victor Hugo et pour de nouvelles poursuites pour les faits insurrectionnels de 1871.
Dans le cabinet de Broglie-Fourtou
Au lendemain de la crise du 16 mai 1877, Auguste Paris accepte le portefeuille des Travaux publics dans le cabinet de Broglie-Fourtou. Le 18 juin, il tente de justifier, devant la Chambre, la nouvelle ligne de conduite suivie par le chef de l'État :
Sans doute la situation n'est pas florissante, mais il est inexact de dire que la gêne est la conséquence de l'acte du 16 mai, ni qu'elle est spéciale à la France. Je ne l'imputerai certainement pas à la forme actuelle du gouvernement, mais je constate qu'il y a en France, en Europe, dans le monde entier, depuis 1876, une gêne dans les affaires. En 1874, notre commerce avait un excédent considérable de l'exportation sur l'importation. En 1876, c'est le contraire, et aussi dans le premier trimestre de 1877. La gêne était donc préexistante à l'acte du 16 mai. Aujourd'hui, il y a, au contraire, dans certaines branches du commerce et de l'industrie une tendance à se relever. Mais le débat a surtout un caractère politique : il a son point de départ dans la façon dont a été votée la Constitution et dont a été organisée la République.
Après avoir pris diverses mesures visant à changer l'organisation du ministère des Travaux publics, et s'être prononcé en faveur de la résistance à la suite des élections républicaines d'octobre, il quitte le ministère avec ses collègues le 22 novembre et reprend sa place de sénateur.
Combattant le ministère Dufaure, Auguste Paris est un adversaire déterminé des lois Ferry sur l'enseignement. Il réussit en 1881 à faire introduire dans la loi rendant l'instruction primaire obligatoire et laïque un amendement qui supprime l'examen de fin d'année pour les enfants recevant l'instruction dans leurs familles, envoie les enfants dans une école publique ou privée au choix des parents lorsque les examens ont prouvé qu'une instruction suffisante ne leur est pas donnée, ces mesures étant remplacées par une citation devant le juge de paix avec une amende de 11 à 15 francs pour toute sanction.
Action sénatoriale
Le 8 janvier 1882, Auguste Paris échoue au renouvellement triennal du Sénat, mais retrouve son siège le 25 janvier 1885 par 1 044 voix sur 1 759 votants à l’occasion d’un scrutin partiel. Il défend la politique conservatrice, combat la loi sur les délégués mineurs et soutient en janvier 1887 la capacité légale de la femme séparée. En 1888, il appuie le maintien des livrets ouvriers et défend les dispenses militaires accordées en 1872. Il vote aussi contre le rétablissement du scrutin d'arrondissement le 13 février 1889, contre le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse et contre la procédure à suivre devant le Sénat contre le général Boulanger.
Historien local
En 1891, Auguste Paris renonce à sa carrière politique. Il se retire à Arras, partageant son temps entre son cabinet d'avocat et son œuvre d'historien. Ses ouvrages sur La Terreur dans le Pas-de-Calais et dans le Nord, Une Histoire de Joseph Le Bon et des tribunaux d’Arras et de Cambrai, Une jeunesse de Robespierre ou encore Louis XI et la ville d'Arras le font admettre à l'Académie d’Arras.
Il meurt le 18 décembre 1896 à son domicile, 6 place Saint-Géry à Arras. Ses obsèques sont célébrées le 21 décembre en l’église Saint-Jean-Baptiste. Après la cérémonie religieuse, le corps est conduit au cimetière où quatre discours sont prononcés par le bâtonnier de Lannoy, au nom du barreau d’Arras, le député Tailliandier, Deramecourt, au nom de l’Académie d’Arras, et Hochart, au titre de la société des anciens élèves de Saint-Bertin de Saint-Omer.