Fermeture du centre Georges-Besnier jusqu'à nouvel ordre
En raison d’une panne du chauffage du Centre Georges-Besnier, sa salle de lecture (Arras) ferme jusqu’à nouvel ordre. Pour toute recherche administrative urgente sur les fonds conservés sur le site concerné (archives contemporaines), nous vous invitons à nous contacter pour une communication par correspondance ou, en cas de nécessité pratique, pour organiser une session de consultation en salle de lecture du Centre Mahaut-d’Artois des documents nécessaires à votre recherche.
Nous vous prions de nous excuser pour la gêne occasionnée et vous remercions par avance de votre compréhension.
Célèbre présentatrice de télévision dans les années 60, Denise Glaser est née à Arras, boulevard Carnot, le 30 novembre 1920. Son grand-père Simon Glaser, un tailleur venu de Russie, s’est installé à Paris dans les premières années de la IIIe République et a épousé la fille d’un ministre-officiant israélite de Clermont-Ferrand ; leur fils, Roger, se marie au lendemain de la Première Guerre mondiale avec une Arrageoise, Yvonne Stein.
À la maison bleue
Cette dernière est en effet la fille d’Arthur Stein et de Jeanne Weille, les propriétaires depuis 1896 d’un magasin de nouveautés situé à l’angle de la rue Saint-Aubert et de la place du Théâtre, À la Maison Bleue (auparavant appelé Au coin de rue), spécialisé dans les confections pour dames, fillettes et enfants, lingerie, corsets, ganterie, chemiserie, bonneterie, rideaux, couvertures, fourrures
.
Au décès d’Arthur Stein en 1910, le commerce est repris par son épouse, aidée par Roger Glaser comme directeur commercial à partir de 1920. Provisoirement installé boulevard Carnot, il réintègre la place du Théâtre dès le mois de mai 1921. Il est exploité par la famille Glaser jusqu’au décès de Roger, en février 1957 ; confisqué et "aryanisé" sous l’Occupation, il est toutefois de 1942 à 1944 le siège de la Deutsche Werbestelle, chargée de l’envoi forcé de travailleurs en Allemagne.
"Arras, La rue Saint-Aubert", carte postale, Béthune, cliché Fauchois, sans date [1920-1930]. Archives départementales du Pas-de-Calais, 39 Fi 1357.
"Arras, La rue Saint-Aubert", carte postale, Béthune, cliché Fauchois, sans date [1920-1930]. Archives départementales du Pas-de-Calais, 39 Fi 1357.
Réfugiée à Clermont-Ferrand, Denise Glaser s’engage en 1943-1944 dans la Résistance (mouvement national contre le racisme). Elle passe, après guerre, une licence de philosophie. Elle se passionne pour la musique classique et est employée à partir de 1947 à la discothèque de la Radiodiffusion française, comme illustratrice sonore pour des émissions de radio ou le journal télévisé.
Discorama
En 1958, après trois années de démarches infructueuses, elle obtient du directeur de la RTF, Jean d’Arcy, la responsabilité comme productrice d’une émission sur l’actualité du disque et de la musique, inspirée de Lectures pour tous. Discorama est diffusée pour la première fois le 4 février 1959 : le comédien Jean Desailly y accueille comme invités les chanteurs Barbara et Yves Montand, ainsi que le pianiste Samson François.
11-30_denise_glaser_3E_041_443
Acte de naissance de Denise Glaser, registre des naissances d’Arras. Archives départementales du Pas-de-Calais, 3 E 041/443.
Acte de naissance de Denise Glaser, registre des naissances d’Arras. Archives départementales du Pas-de-Calais, 3 E 041/443.
Ce sont d’abord les journalistes Georges de Caunes et Claude Darget ou le duo Philippe Noiret et Jean-Pierre Darras qui en assurent la présentation ; Denise Glaser apparaît pour la première fois avec ces derniers le 12 avril 1961, puis débute ses entretiens en tête-à-tête le 24 février 1963.
Réalisée par Raoul Sangla à partir de la fin de 1964, l’émission acquiert dès lors sa forme définitive : dans une ambiance intimiste où le décor se résume à deux chaises éclairées par un jeu d’ombre et de lumière, Denise Glaser privilégie la spontanéité et les silences, et invite grandes vedettes ou débutants à se dévoiler, à réfléchir sur eux-mêmes et leur métier. Elle est ainsi à l’origine de bon nombre de carrières comme celles de Barbara, de Serge Gainsbourg ou Catherine Lara.
Parce qu’elle prend part à la grève de l’ORTF en mai 1968, elle est trois fois interdite d’antenne et suspendue pendant plusieurs mois, tandis que son émission change de nom (Comme il vous plaira puis Si on se mettait à table), de périodicité ou d’horaire de diffusion. Le démantèlement de l’ORTF, par la loi du 8 juillet 1974 ayant effet au 31 décembre, donne un coup final à Discorama, qui disparaît le 6 janvier 1975.
Au chômage, Denise Glaser doit vivre de petits boulots (publicités, réalisation de courts métrages) ; délaissée par tous, elle meurt dans la misère le 6 juin 1983 dans son appartement parisien de la rue du Pot-de-Fer. Elle est inhumée dans le carré juif du cimetière Saint-Roch de Valenciennes, en présence de Barbara et de Catherine Lara.