Archives - Pas-de-Calais le Département
Les informations contenues dans cette page ne sont valables avec certitude que jusqu'à cette date et heure.

Fermeture du centre Georges-Besnier jusqu'à nouvel ordre

En raison d’une panne du chauffage du Centre Georges-Besnier, sa salle de lecture (Arras) ferme jusqu’à nouvel ordre. Pour toute recherche administrative urgente sur les fonds conservés sur le site concerné (archives contemporaines), nous vous invitons à nous contacter pour une communication par correspondance ou, en cas de nécessité pratique, pour organiser une session de consultation en salle de lecture du Centre Mahaut-d’Artois des documents nécessaires à votre recherche.

Nous vous prions de nous excuser pour la gêne occasionnée et vous remercions par avance de votre compréhension.

Naissance de Jules Catoire à Beaurains

Jules-Eugène-Édouard Catoire naît le 31 janvier 1899 à Beaurains. Son père Jules, originaire de Vendhuile (Aisne), travaille alors comme serveur de spiritueux et aide-comptable dans une brasserie dirigée par Monsieur Pagniez, propriétaire du château de Wattines ; il est en juin 1914 l’un des membres fondateurs du syndicat chrétien des employés de commerce et de l’industrie d’Arras. Sa mère, Jeanne-Amélie-Odile Delaigle, est mère au foyer.

Un homme qui n'a aucun diplôme...

En plein débat sur la séparation des Églises et de l’État, le jeune Jules fréquente l’école primaire publique du village, tout en étant enfant de chœur.

La foi chrétienne est profondément présente dans sa famille, et c’est probablement cette conviction qui va faciliter le recrutement de son père comme comptable au journal La Croix du Pas-de-Calais ; sa tante, Laure Catoire, engagée depuis 1897 dans la congrégation des Filles de la Charité, est, quant à elle, à l’origine de son inscription à l’institution Saint-Joseph d’Arras.

Jules y est un élève brillant et sérieux : il aurait même devancé d’un prix en sagesse un autre pensionnaire de l’établissement, Louis Leprince-Ringuet, dont le père, ingénieur des mines, habite rue Saint-Maurice.

Il échoue pourtant au brevet élémentaire qu’il passe avec un an d’avance. En 1914, il se prépare à l’examen, avec un bulletin très favorable et une mention très bien, lorsque la guerre éclate. Quelques années plus tard, à la veille de devenir ministre, Jules Catoire n’hésitera pas à dire : Je suis un homme qui n’a aucun diplôme…

Après l’exode qui suit l’invasion allemande, Jules est tour à tour ouvrier agricole à Auxi-le-Château, puis garçon épicier à Abbeville, avant d’être engagé en 1917 comme surveillant au collège de Villers-Bretonneux.

Mobilisé au 33e régiment d’infanterie d’Arras dès 1918 puis au 509e régiment de chars de combat à Lille, il est promu sous-lieutenant en septembre 1920. En avril 1918, il a eu la douleur de perdre sa mère, alors que son père est toujours mobilisé. Sa carrière militaire semble toute tracée jusqu’à sa rencontre avec l’abbé Paul Six au secrétariat social de Lille, et plus encore avec le directeur des Œuvres diocésaines d’Arras, le vicaire général Mgr Paul Hoguet.

Un syndicaliste engagé dans la Résistance

Document imprimé retranscrit ci-dessous.

Élections au Conseil général, canton d’Arras-Nord, scrutin de ballotage du 30 septembre 1945 : profession de foi de Jules Catoire au titre du Mouvement républicain populaire. Archives départementales du Pas-de-Calais, 2693 W 1.

Démobilisé en avril 1921, Jules Catoire est ainsi appelé à compter du 21 août au secrétariat de l’Union des Œuvres catholiques et sociales, poste qu’il conserve jusqu’à sa nomination, en 1924, au secrétariat général de l’Union départementale des syndicats libres du Pas-de-Calais.

Il est aussi l’un des fondateurs du syndicat des mineurs du Pas-de-Calais en 1923 et de la Fédération des syndicats chrétiens des mineurs, dont il est le secrétaire délégué de 1925 à 1950. Élu membre du bureau confédéral de la CFTC en 1934, il en est le vice-président de 1936 à 1945.

Capitaine de réserve depuis 1935, il est mobilisé du 20 septembre 1939 au 2 juillet 1940. Il s’engage dans la Résistance sous le nom de Dartois et travaille avec les réseaux de l’Organisation civile et militaire, Libération Nord et La Voix du Nord.

Recherché avec son fils par la Gestapo en 1944, il échappe à l’arrestation en se réfugiant dans les mines jusqu’à la Libération. Durant l’Occupation, il a été membre du comité inter-confédéral de Résistance CGT et CFTC, puis membre fondateur et secrétaire du comité de libération du Pas-de-Calais (remplacé à ces dernières fonctions par Guy Mollet).

Il participe à la création du Rassemblement démocratique des résistants d’inspiration chrétienne (qui donnera naissance au Mouvement républicain populaire dans la région Nord-Pas-de-Calais), mais aussi à celle du journal Nord Éclair à Roubaix. Son engagement lui vaut d’être médaillé de la Résistance en 1947.

Une brillante carrière

Nommé le 6 novembre 1944 délégué représentant la CFTC à l’Assemblée consultative provisoire à Paris, il siège aux Commissions de la défense nationale, de l’agriculture et du ravitaillement, puis du travail et des affaires sociales.

C’est en tant que porte-parole MRP pour les questions touchant la mine qu’il débute sa carrière politique. Membre du comité local d’Arras, il est élu conseiller municipal en mai 1945. Pour les élections à la première Assemblée nationale constituante du 21 octobre 1945, il mène la liste du MRP dans la deuxième circonscription du Pas-de-Calais : devenu député, il est nommé membre de la Commission de l’équipement national et de la production, mais aussi juré à la Haute Cour de Justice.

Jules Catoire prend une part importante aux débats qui conduisent à la création des Houillères du Nord et du Pas-de-Calais, défendant une nationalisation qui associe les travailleurs à la gestion, pour éviter toute centralisation : il assure les fonctions de vice-président des Houillères de juin 1946 à sa démission en 1950.

Il est réélu le 2 juin 1946, au sein de la seconde Assemblée nationale constituante. Son activité durant cette législature est consacrée aux questions sociales (organisation de la sécurité sociale, création des comités d’entreprises, habitat).

Robert Schuman l’appelle le 5 septembre 1948 dans son cabinet comme ministre des Anciens Combattants et des Victimes de Guerre, mais le gouvernement démissionne dès le 7.

Le 11, Henri Queuille lui propose le sous-secrétariat d’État à la Santé publique et à la Population, responsabilité qu’il conserve jusqu’en octobre 1949. Il est enfin secrétaire d’État à la Santé publique et à la Population dans le gouvernement Pleven, du 12 juillet 1950 au 10 mars 1951, puis dans le gouvernement Queuille du 10 mars au 11 août 1951.

Lors des élections législatives du 17 juin 1951, confronté à la puissance du RPF, le MRP ne parvient à sauver dans le département que le siège de Jules Catoire.

Un homme politique intéressé par les questions économiques et sociales

Membre de plusieurs commissions, de la production industrielle en 1951 et des affaires économiques en 1953, vice-président de la Commission de coordination pour l’étude des questions relatives à la Communauté européenne du charbon et de l’acier à partir du 16 juillet 1953, il dépose une dizaine de propositions de loi et de résolution sur les questions sociales et plaide pour une plus grande autonomie des entreprises nationalisées.

Après sa réélection lors des législatives anticipées de janvier 1956, il soutient de même le 21 mars une proposition de résolution pour l’établissement de comités économiques régionaux.

En juin 1958, Jules Catoire vote la confiance au général de Gaulle, accorde les pleins pouvoirs au gouvernement et approuve la révision constitutionnelle.

Battu aux élections législatives de 1958, il s’investit sur le terrain des actions caritatives en aidant tout particulièrement l’organisation des villages d’enfants SOS et du Centre des sourds et muets d’Arras, avec les Filles de la Charité.

Dès 1964, il se consacre à la défense de la CFTC et reste surtout un fervent animateur du groupe de spiritualité des parlementaires français, qu’il avait créé en 1956 avec Noël Barrot. Alors qu’il n’est plus député depuis trente ans, en février 1981, il emmène à Rome un groupe de plus de trois cents parlementaires français pour une audience privée auprès du pape Jean-Paul II.

Militant social et catholique convaincu se dépensant pour la cause de l’évangélisation du monde ouvrier et du syndicalisme chrétien, Jules Catoire a reçu dès 1935 la croix de chevalier de l’ordre de Saint-Grégoire-le-Grand ; il en est fait commandeur en 1973.

Il est également promu officier de la Légion d’honneur en 1972 au titre du ministère du Développement industriel puis commandeur en avril 1986 au titre du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Formation professionnelle. Il décède le 15 décembre 1988 à Arras. Marié en juillet 1922 à Jeanne Ringeval, décédée à son tour le 3 janvier 1992, il est le père de deux enfants, Bernard et Bernadette.

Bibliographie

  • B. BÉTHOUART, Le MRP dans le Nord-Pas-de-Calais, 1944-1967, Dunkerque, Éditions des Beffrois, 1984. Archives départementales du Pas-de-Calais, BHB 4161 ;
  • B. BÉTHOUART, Jules Catoire (1899-1988), Arras, Artois Presses Université, 1996 (Collection Histoire). Archives départementales du Pas-de-Calais, BHB 5510 ;
  • B. BÉTHOUART, "Un grand résistant du Pas-de-Calais : Jules Catoire", Mémoires de guerre, Pas-de-Calais 1939-1945, Fauquembergues, Comité d’Histoire du Haut-Pays, tome 9, 1997. Archives départementales du Pas-de-Calais, PC 1424/9 ;
  • B. BÉTHOUART, "Jules, Eugène, Édouard Catoire", notice en ligne extraite du Maitron. Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et du mouvement social.

Pour en savoir plus