Archives - Pas-de-Calais le Département
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Fermeture du centre Georges-Besnier jusqu'à nouvel ordre

En raison d’une panne du chauffage du Centre Georges-Besnier, sa salle de lecture (Arras) ferme jusqu’à nouvel ordre. Pour toute recherche administrative urgente sur les fonds conservés sur le site concerné (archives contemporaines), nous vous invitons à nous contacter pour une communication par correspondance ou, en cas de nécessité pratique, pour organiser une session de consultation en salle de lecture du Centre Mahaut-d’Artois des documents nécessaires à votre recherche.

Nous vous prions de nous excuser pour la gêne occasionnée et vous remercions par avance de votre compréhension.

La Croix-Rouge américaine à Arras

Photographie noir et blanc montrant des péniches sur un canal.

Convoi de péniches de la Croix-Rouge anglaise dans le canal de Calais à Saint-Omer amenant de grands blessés dans les hôpitaux du camp retranché [de Calais]. Photographie retouchée, 1915. Archives départementales du Pas-de-Calais, 43 Fi 493.

En 1881, Clara Barton, employée au bureau fédéral des brevets, fonde à Washington la Croix-Rouge américaine (American Red Cross). Lors de la première réunion, seules quinze personnes sont présentes. Sa première action consiste à porter secours aux quelques 5 000 personnes sans abri victimes des grands incendies de forêt du Michigan. À la fin de la Première Guerre mondiale, l’American Red Cross est devenue une véritable institution, avec près de 24 000 infirmières.

Le 12 juin 1917, une commission française de la Croix-Rouge américaine est créée à Paris où des milliers d'hommes et de femmes viennent apporter leur aide, aussi bien financière que matérielle. Elle parvient aussi à récolter des fonds aux États-Unis, grâce à des campagnes de sensibilisation. 10 millions de francs sont versés à son homologue française, lors du premier anniversaire de l'entrée en guerre des États-Unis.

L'American Red Cross intervient sur le front, mais aussi à l'arrière : ses préoccupations portent sur l'hygiène, la lutte contre la tuberculose et l’assistance aux enfants. Elle se divise en conséquence en deux départements :

  • le département des affaires militaires, composé de deux sections, l'une regroupant les services réservés aux troupes américaines, l'autre ceux affectés aux troupes alliées ;
  • le département des affaires civiles qui apporte son aide aux réfugiés par la mise à disposition de denrées alimentaires, vêtements, logement, soins, etc.

Elle gère vingt-quatre hôpitaux en France, soit près de 15 000 lits, et en aide plus de 2 000 avec leurs annexes : dispensaires, cuisines, ambulances, pharmacies, services de désinfection, usines de prothèses, maisons de convalescence, ainsi qu’une école de rééducation agricole à destination des mutilés.

L'Amérique pour l'Artois : la Croix-Rouge américaine à Arras 

On a déjà beaucoup parlé de la générosité américaine ; le sujet n’est donc pas nouveau ; mais ce qui est nouveau, c’est la façon dont depuis peu cette générosité se manifeste chez nous, dans notre Arras, pour le plus grand bien de notre population et de celle de tout l’Artois dévasté.

L’Américan Red Cross (Croix-Rouge américaine) a envoyé à Arras un délégué permanent, qui travaille avec une activité merveilleuse à organiser l’œuvre qui, incessamment, ajoutera son action à celle de nos œuvres françaises, pour aider au relèvement de nos régions.

C’était un devoir pour nous d’aller saluer le délégué de la grande et chère nation alliée et de lui exprimer les sentiments de nos concitoyens en présence de la belle œuvre entreprise par lui. Le capitaine W… nous accueillit avec une amabilité charmante et se prêta, si j’ose dire, à un interrogatoire en règle. Le Lion d’Arras ne lui était d’ailleurs pas inconnu ; sur sa table reposaient les huit ou dix derniers numéros du journal.

La Croix-Rouge américaine ne se borne pas, comme l’institution analogue de France, à secourir et soigner les blessés ; elle soulage toutes les misères que la guerre entraîne après elle ; aussi, son organisme, à la fois souple, complexe et immensément puissant, a des ramifications dans tous les domaines ; il se divise en deux grandes branches : le département militaire et le département civil. Chacun de ces deux départements se subdivise en sections ; considérons seulement celui qui nous occupe : le second ; il possède des bureaux pour les enfants, pour les tuberculeux, les réfugiés, la reconstruction des régions sinistrées, la rééducation des mutilés, etc.

Le bureau d’Arras dépend de la 4ième section : Reconstruction et secours aux régions dévastées ; son rayon d’action est très vaste puisqu’il centralisera tous les secours destinés à l’Artois dévasté.
J’ai dit "centralisera" ; j’ai eu tort ; déjà, une quantité énorme d’objets de toutes sortes est arrivée à Arras ; le mot énorme n’est pas exagéré ; songez que, pour donner un exemple, entre beaucoup de l’importance de ces secours, on a dû remiser en même temps plusieurs centaines de brouettes destinées aux campagnes.

C’est que la "Croix-Rouge américaine" n’oublie aucun des objets utiles à la résurrection ; nature vivante et nature morte ; outils, bétails, basse-cour, avoine, semence, engrais, voilà pour l’agriculture ; et nous avons vu récemment débarquer en gare d’Arras de magnifiques volailles à faire envie aux non-sinistrés…

Mais s’il est bon de planter et d’engraisser des canards, encore convient-il d’être décemment vêtu ; la "Croix-Rouge" est en train d’y pourvoir ; un petit nombre de vêtements neufs ou usagés sont arrivés à Arras, mais l’œuvre la plus originale est la création d’un ouvroir central à Amiens, avec des succursales locales ainsi conçues : l’ouvroir central achète le drap, le fait couper, et en forme des paquets qu’il adresse aux comptoirs locaux ; là, les paquets sont remis à des personnes qui achèvent la confection ; d’où un double résultat heureux : les secours et le travail sont fournis à ceux qui en ont besoin.
M. le Délégué vient de fonder à Arras un de ces comptoirs avec le concours de quelques dames dévouées.

Le travail terminé, la "Croix-Rouge" le rétribue, reprend les vêtements et les distribue aux nécessiteux.
Mais nous l’avons dit, l’œuvre du bureau d’Arras ne se borne pas à certaines catégories de secours ; elle s’adapte généreusement à tous les besoins de nos compatriotes ruinés par la guerre ; dans les maisons vides, la "Croix-Rouge" apporte des meubles ; là où la guerre n’a pas laissé de maison, elle envoie des matériaux ; si les fatigues et les privations ont brisé la robustesse du travailleur, elle le soutient par un supplément d’alimentation ; et si, dans la cuisine il ne reste pas d’ustensiles, elle en apporte aussi pour qu’il soit bien dit qu’aucune misère ne sera restée sans soulagement.

Plus tard, quand, dans notre Artois ressuscité, nous nous remémorerons les années de guerre, nous serons frappés par le spectacle de la trace que deux forces également puissantes auront laissé parmi nous : l’une, force de méchanceté, de ruine et de mort ; l’autre, force de bonté, de reconstruction et de vie : l’Allemagne et les États-Unis.

Également puissantes, ai-je dit ; non pas ; dans le duel qui se livre éternellement entre la force de mort et la force de vie, la seconde finit toujours par triompher ; là où subsiste tenacement la volonté de renaître, la ruine ne va pas jusqu’à la mort ; tôt ou tard la vie l’emporte ; pour notre Artois, plaise à Dieu que ce soit bientôt !

Gabriel Aymé

Le Lion d’Arras, jeudi 21 mars 1918. Archives départementales du Pas-de-Calais, PF 92/2.