Fermeture du centre Georges-Besnier jusqu'à nouvel ordre
En raison d’une panne du chauffage du Centre Georges-Besnier, sa salle de lecture (Arras) ferme jusqu’à nouvel ordre. Pour toute recherche administrative urgente sur les fonds conservés sur le site concerné (archives contemporaines), nous vous invitons à nous contacter pour une communication par correspondance ou, en cas de nécessité pratique, pour organiser une session de consultation en salle de lecture du Centre Mahaut-d’Artois des documents nécessaires à votre recherche.
Nous vous prions de nous excuser pour la gêne occasionnée et vous remercions par avance de votre compréhension.
Arras. Le tribunal. Archives départementales du Pas-de-Calais, 38 Fi 197.
Arras. Le tribunal. Archives départementales du Pas-de-Calais, 38 Fi 197.
Théâtre militaire depuis le début du conflit, le Pas-de-Calais connaît la violence des combats et une occupation allemande dont l’étendue territoriale varie assez peu depuis la stabilisation du front.
Force est de constater que l’exode des populations, l’interdiction ou le contrôle des déplacements, la dévastation du palais de justice et le manque d’auxiliaires de justice ont rendu le fonctionnement judiciaire problématique, voire impossible.
Des magistrats d'Arras sont néanmoins restés à leur poste sont néanmoins restés à leur poste pendant deux ans pour accomplir leur tâche. Face à l’impossibilité de poursuivre leurs missions, le décret du 15 octobre 1916 transfère temporairement les sièges de plusieurs tribunaux de première instance ou de commerce (dont ceux d’Arras) et de justices de paix (tels ceux d’Arras-Nord et Arras-Sud à Aubigny-en-Artois, mais aussi de Cambrin et de Laventie à Béthune) et rattache une partie de la circonscription de la justice de paix de Vimy à celle d’Arras-Nord.
C’est l’occasion pour le Lion d’Arras de dresser le portrait de certains de ces magistrats et de leur rendre hommage.
Magistrats d'Arras
Les tribunaux de première instance et du commerce d’Arras sont transférés à Doullens ; le siège de la justice de paix à Aubigny ; nous le comprenons mais nous le regrettons ; c’est encore une force morale qui s’en va.
Arras gardera le souvenir des admirables magistrats qui depuis deux ans n’ont pas cessé un instant d’accomplir dans notre palais de justice saccagé, leur noble tâche accoutumée.
Nous avons déjà salué la mémoire de leur président, M. Lacroix qui, quoique malade se refusa à partir ; il fallut pour l’y contraindre deux bombardements : celui du 24 octobre 1914 où une bombe jetée par un avion le blessa gravement, celui du 30 qui ruina l’hôpital où on l’avait transporté ; quelques mois plus tard, il succombait à Eu des suites de sa blessure.
Dès la fondation de ce journal, nous nous sommes imposé une réserve extrême pour décerner l’éloge comme le blâme ; on en comprendra les raisons ; mais il convient de donner ici le nom de ceux qui ont tenu jusqu’au décret qui fixe d’autres lieux à l’accomplissement de leur devoir civique :
M. Poteau [ note 1], procureur de la République, que tous ont vu, sous les bombardements les plus intenses, aller d’étape en étape au palais de justice de son pas grave et mesuré.
M. Godefroy [ note 1], juge d’instruction, président intérimaire, qui, blessé voici quelques mois, fut victime d’une rechute pour avoir repris trop tôt le chemin du tribunal.
M. Gobet, juge de paix, magistrat alerte et souriant, qui sans grande conviction, je crois, administrait paternellement ses francs d’amende à chaque audience.
Citons enfin M. Cressonnier, le plus flegmatique et le plus obligeant des greffiers et Me Mauriaucourt [ note 2], huissier, qui fit preuve d’un sang-froid, d’un calme, d’une gravité inédits chez les hommes de loi eux-mêmes, au cours d’une aventure funambulesque dont Anastasie ne nous permettrait jamais de donner le récit.
Arras gardera leur nom et leur souvenir auprès de ceux des vieux et fiers magistrats qui honoraient son passé.
J. d'Arras
Le Lion d’Arras, dimanche 5 novembre 1916. Archives départementales du Pas-de-Calais, PF 92/2.
Notes
[ note 1] Pierre Poteau et Charles Godefroy ont été décorés par le président Poincaré lors de sa venue dans le Pas-de-Calais le 16 octobre 1916. En savoir plus
[ note 2] Les archives conservent le dossier de personnel de Léonce Augustin Joseph Mauriaucourt, huissier au tribunal de première instance d’Arras de 1907 à 1949, dans lequel on trouve la citation suivante :
Maître MAURIAUCOURT, né le 12 août 1865 à Wanquetin, capacitaire en droit, fut huissier au tribunal de Saint-Pol […] du 24 décembre 1891 à juillet 1907, puis à Arras […] depuis le 3 octobre 1907. […] pendant la guerre 1914-1918, Maître MAURIAUCOURT a continué seul son service à Arras et dans les communes non envahies de l’arrondissement, malgré les bombardements de la ville et la proximité de l’ennemi, signifiant ainsi les actes au péril de sa vie
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Tribunal d’instance d’Arras. – Personnel judiciaire du tribunal (1859-1948). Archives départementales du Pas-de-Calais, 3U 1/8.