Mes Chers Concitoyens,

Le Maire de Ville de Béthune fait appel à toute votre bonne volonté pour l’aider dans sa tâche. Il espère que vous voudrez bien le seconder ; et, avec l’aide efficace du Conseil municipal, de nos braves Concitoyens mettant en commun nos cœurs, notre énergie, nous pourrons ainsi maintenir notre moral et rendre moins pénible notre situation à tous.

À cet effet, je vous en prie, conservez votre calme, armez-vous de patience, ne récriminez contre personne, acceptez avec stoïcisme le présent ; vaquez à vos occupations ordinaires, et RESTEZ DANS VOS DEMEURES LE PLUS POSSIBLE. Ne vous réunissez pas en groupes sur les places, les voies publiques : observez l’hygiène de vos habitations pour éviter les maladies.

Chers Béthunois, fraternisons, aidons-nous les uns les autres.
Dans le cas PEU PROBABLE où notre ville serait investie, je vous en conjure, gardez votre sang-froid, ne commettez aucune imprudence qui pourrait nous attirer des représailles. Pensez aux vieillards, à vos femmes et à vos enfants.

En conséquence, j’invite tous les détenteurs d’armes à feu à les déposer à la Mairie, sans les munitions qu’ils devront noyer. Ils fixeront sur ces armes une étiquette portant leurs noms.

Chers Concitoyens, écoutez les conseils de votre Maire et prenez courage.

Haut les cœurs !

Mairie de Béthune, le 27 août 1914
Le Maire : RINQUIN

Dans le cas où des cavaliers allemands, quelque réduit que soit leur nombre, feraient une incursion sur le territoire de notre ville, nous rappelons qu’aucun civil n’a le droit de leur adresser aucune injure ni provocation sous peine de fournir un prétexte à des représailles sanglantes.
Les lois de la guerre sont formelles à cet égard.
Une fois de plus nous vous supplions de rentrer chez vous et de garder tout votre sang-froid.

Méfiez-vous des agents provocateurs !

Le Maire : RINQUIN