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Notre-Dame Panetière à Aire-sur-la-Lys

Les angoisses nées de la guerre se traduisent souvent par un renouveau de la pratique religieuse. Dans la presse, les termes élogieux consacrés à la neuvaine locale de Notre-Dame Panetière à Aire-sur-la-Lys ne dérogent pas à cette règle.

Cette fête serait apparue à la suite du siège de la ville par les troupes du comte de Flandre Ferrand en 1213 : pressés par la famine, les habitants invoquent la Vierge Marie, tandis que les soldats tentent une sortie et parviennent à faire entrer un convoi de vivres envoyé par le roi de France.

Persuadés d’avoir été sauvés grâce à la bienveillance de la Vierge, les Airois vont la dénommer "Notre-Dame Panetière". Depuis, chaque année comme le veut la tradition, ils lui rendent hommage à partir du 11 août. La confrérie charitable Notre-Dame de l'Assomption s’établit pour offrir du pain aux pauvres : ses membres sont communément appelés les "Panetiers".

Fin de la neuvaine de Notre-Dame Panetière à Aire-sur-la-Lys

Service pour les soldats de la paroisse tombés au champ d’honneur

Comme nous le disions dans notre dernier numéro, écrit L’Écho de la Lys, la neuvaine de 1915 marquera comme l’une des plus belles et des plus pieuses.

Malgré les difficultés du travail des champs, pendant la guerre, les paroisses des environs sont venues peut-être en plus grand nombre que les années précédentes : Blessy, Wardrecques, Mametz, Marthes, Ham, Isbergues.

Vendredi, l’église était comble.

Saint-Omer nous a envoyé aussi un nombreux pèlerinage.

La neuvaine s’est terminée lundi soir, par un salut solennel, avec procession de tous les objets apportés par la banlieue, par les paroisses de Rincq et de Saint-Quentin, et par les quartiers de la ville.

Il y avait, comme d’ordinaire, des bouquets, des croix et de merveilleuses bannières en épis, des pyramides et une étoile de bougies ; mais on remarquait particulièrement les reproductions inspirées par la guerre, sortes de prières en action : les aéroplanes de La Lacque et de Saint-Martin, le canon de Widdebroucq et surtout la mitrailleuse en bougies de La Lacque (un véritable chef-d’œuvre), précédée de deux jeunes filles, en costume d’Alsace-Lorraine, portant le drapeau français.

Cette année, la messe du dernier jour de la neuvaine était un obit pour les soldats de la paroisse, tombés au champ d’honneur.

"Car, comme le disait le prédicateur, il est admis que cette année toutes les cérémonies religieuses se rapportent à la guerre".

L’église était brillamment décorée, un catafalque énorme, recouvert d’un drapeau tricolore, représentait les cercueils de 59 soldats de la ville et des environs.

En tête de l’assistance, on voyait le conseil municipal et les autorités militaires.

La nef était remplie, et on pouvait y remarquer un grand nombre de femmes en deuil.

Le Père Cordonnier a dignement exprimé les sentiments de tous les cœurs, en exhortant les parents des défunts à pleurer, mais aussi à prier pour eux et à prier pour la France.

Nous ne pouvons terminer ce compte rendu sans exprimer notre reconnaissance et notre estime pour l’éminent prédicateur qui a donné, pendant cette neuvaine, une suite de discours si élevés et si patriotiques.

Puisse l’espoir du succès final, qu’il a réchauffé dans tous les cœurs, être pleinement réalisé !

L’Indépendant du Pas-de-Calais, lundi 30 et mardi 31 août 1915. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG 229/29.