Fermeture du centre Georges-Besnier jusqu'à nouvel ordre
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Décès à Boulogne d’Auguste Angellier, grand serviteur de l’Université
Journaliste ou enseignant ?
Né à Dunkerque le 1er juillet 1848, Auguste Angellier rejoint Boulogne-sur-Mer au décès de son père, où sa mère, Louisa Lacour, trouve un emploi comme secrétaire dans l’entreprise de construction de ses frères.
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"Auguste Angellier", Le Beffroi, Lille, 4e année, fascicule 38, octobre 1903. Archives départementales du Pas-de-Calais, BHB 841/23.
"Auguste Angellier", Le Beffroi, Lille, 4e année, fascicule 38, octobre 1903. Archives départementales du Pas-de-Calais, BHB 841/23.
En octobre 1865, il entre au lycée Louis-le-Grand à Paris afin de préparer le concours d'entrée à l’École normale supérieure. Jugé responsable d’un mouvement de révolte des internes, il est expulsé du lycée entre l'écrit et l'oral du concours et rayé de la liste des candidats. Auguste Angellier accepte alors un emploi dans un pensionnat anglais et renonce aux lettres anciennes.
Engagé volontaire en 1870, il est envoyé à Lyon, puis à Bordeaux, où il contracte une broncho-pneumonie. La guerre terminée, il obtient un poste de répétiteur au lycée Louis-Descartes grâce à l'aide d’anciens professeurs.
Six mois plus tard, il obtient sa licence d’anglais, puis est classé premier au concours du certificat d’aptitude à l’enseignement de l’anglais en 1873 et décroche l'agrégation en 1876, à l’âge de 28 ans. Resté à Paris où il est nommé au lycée Charlemagne, il hésite un moment entre l'enseignement et une carrière de journaliste (il publie déjà des articles politiques sous le pseudonyme d'Hamlet dans La France du Nord et collabore au Temps).
Cette hésitation prend fin en 1878, lorsqu’il accepte une mission d’étude sur les universités anglaises et surtout lorsqu'en 1881, on lui propose un poste de maître de conférences d’anglais à la faculté des lettres de Douai, transférée ensuite à Lille en 1887.
En 1893, il soutient une thèse en latin sur John Keats et une thèse majeure sur le poète écossais Robert Burns. Il étudie en deux volumes la destinée de ce dernier, tout en évoquant la société écossaise du XVIIIe siècle. Son approche fait grand bruit dans le monde universitaire, car il modifie l’étude critique d’une œuvre et de son écrivain. S’opposant à une étude scientifique, il milite en effet pour une étude esthétique, rejetant les constructions abstraites de Taine.
Nommé professeur en 1893, Auguste Angellier préside le jury d’agrégation d’anglais de 1890 à 1904. Enseignant réputé et estimé, il se voit confier, au décès de Léon Moy en 1897, la lourde tâche de doyen de la faculté. Lorsque le conseil de la faculté lui propose de renouveler son poste en 1900, il refuse, prétextant un besoin de temps pour ses occupations artistiques. En 1902, il est détaché comme maître de conférences à l’École normale supérieure, mais tient à rester titulaire de son poste lillois.
Ami des arts et des belles lettres
Critique d’art et journaliste, Auguste Angellier est aussi poète.
Il publie en 1896 un recueil de vers intitulé À l’amie perdue. Cette évocation d’une rencontre amoureuse et de son échec en 178 sonnets est une sorte de journal intime où il note les émotions d’un adultère qu’il a vécu près de quarante ans avec Thérèse Fontaine, une Douaisienne, femme mariée et mère de deux enfants : leur amour sera secret toute leur vie et Angellier restera célibataire. En 1903, il publie Le chemin des saisons puis, de 1905 à 1911, Dans la lumière antique, une série de cinq recueils, comprenant deux livres de dialogues, deux autres d’ "Épisodes", et un de "Scènes".
Il vit de longues années entre Lille et Boulogne-sur-Mer. Il adore la mer et la nature, autant qu’il exècre Lille et Douai, qu’il qualifie de "pays noirs". Il apprécie la compagnie du peintre Jean-Charles Cazin, du docteur Ovion ou de Douglas Aigre ; il est aussi un ami des frères Coquelin.
C’est au n° 20 de la rue Beaurepaire à Boulogne-sur-Mer, dans une vaste maison léguée par son oncle, qu’il décède le 28 février 1911. Ses obsèques ont lieu le 4 mars 1911 en l’église paroissiale Saint-Michel ; il repose au cimetière de l’Est.
D’Angellier, qui a été très connu de son vivant, Sainte-Beuve a dit qu’il aurait pu devenir académicien s’il n’était pas mort avant. Le monument en son honneur, payé et remis à la ville de Boulogne par son ami de toujours et ancien maire, le docteur Ovion, est inauguré le 12 juillet 1914 près de la porte Gayolle. Il est déplacé en 1939 vers le couvent des Annonciades.
Aujourd’hui, une rue et un collège portent toujours son nom, son buste orne une fontaine dans le jardin Valentine-Hugo, derrière la bibliothèque municipale. À Lille, sa mémoire est aussi symbolisée par une rue et une statue de bronze, dans le square proche de l’ancienne faculté de lettres et du temple protestant, monument conçu par l’architecte Louis-Marie Cordonnier et sculpté par Eugène Déplechin. Le département d’anglais de l’Université de Lille III porte son nom.
Bibliographie
J.-F. CONDETTE, La faculté des lettres de Lille de 1887 à 1945. Une faculté dans l’histoire, Villeneuve d’Ascq, Presses du Septentrion, 1999. Archives départementales du Pas-de-Calais, BHB 6044
F. DELATTRE, La personnalité d’Auguste Angellier, Paris, 1939-1944, 2 volumes (Publications de la faculté des lettres de l’Université de Lille, 4 et 7)
É. LEGOUIS, Auguste Angellier 1848-1911, Boulogne-sur-Mer, 1914. Archives départementales du Pas-de-Calais, BHB 1289/19
H. POTEZ, "La leçon d’Auguste Angellier", Revue d’histoire de la philosophie et d’histoire générale de la civilisation, Lille, 1933, p. 67-83. Archives départementales du Pas-de-Calais, RODB 393/18
J.-L. VALLAS, "La vie et l’œuvre d’Auguste Angellier", Les Dossiers archéologiques, historiques et culturels du Nord-Pas-de-Calais, n° 29, 1989. Archives départementales du Pas-de-Calais, PC 179/7