Nécrologie : M. Charles Lebeau
Notre ville vient de faire une perte sensible en la personne d’un de ses plus sympathiques représentants, M. Ch. Lebeau, décédé hier après-midi, à l’âge de 73 ans et 8 mois.
Cette mort était malheureusement prévue par tous ceux qui approchaient notre honorable concitoyen ou même étaient en simples relations avec lui, tellement il déclinait visiblement depuis quelque temps, surtout depuis la mort de sa femme à laquelle l’attachaient des liens de la plus profonde affection. Il avait également été très affecté par la mort de son ami intime et parent, M. Farjon.
Ainsi qu’on le sait, M. Ch. Lebeau avait succédé à son père comme directeur de l’importante scierie mécanique que celui-ci avait fondée en notre ville. Par la sollicitude dont il entourait le nombreux personnel, tant employés qu’ouvriers de cette entreprise, on peut dire que notre concitoyen y avait trouvé une seconde famille dont il savait, d’ailleurs, que les sentiments de sincère attachement répondaient aux siens.
En thèse générale le regretté défunt était un ami aussi éclairé que généreux des travailleurs pour lesquels il se prodiguait ainsi que pour toutes les associations de solidarité sociale existant en notre ville.
C’est à ce titre qu’il avait depuis longtemps été désigné comme président d’honneur de la "Société de secours mutuels entre les ouvriers".
Jamais, on le sait par les listes de souscription publiées dans les journaux, on ne s’adressait en vain à M. Ch. Lebeau quand il s’agissait de soulager une infortune, de s’associer à une œuvre d’assistance, d’intérêt local ou présentant un caractère artistique.
Souvent, il est vrai, ces actes de libéralité restaient anonymes d’après la volonté formelle du donateur dont la modestie égalait la générosité.
Le regretté défunt était, en outre, un érudit, doublé d’un amateur distingué du caractère le plus éclectique, toujours prêt à encourager les tentatives artistiques ainsi que leurs protagonistes.
À ce double titre, il avait pris place parmi les membres titulaires de la "Société académique" et était président d’honneur de celle des beaux-arts et des arts industriels.
L’enseignement pratique le comptait parmi ses plus autorisés adeptes.
Il appartenait encore à d’autres sociétés locales, notamment celle des courses, à laquelle le rattachaient également ses goûts sportifs et les services rendus à la ville de plaisance.
Il était aussi censeur à la Banque de France.
Nous parlions plus haut de l’amateur distingué que perdent les beaux-arts en la personne de M. Ch. Lebeau ; on peut dire qu’à ce point de vue notre concitoyen laisse une des plus belles collections non seulement de la ville mais même du département.
Le regretté défunt a eu du moins à ses derniers moments la consolation de s’éteindre, entouré des soins affectueux de ses proches.
Nous présentons l’expression de nos plus sincères condoléances à M. et Mme Lorel, ses beau-frère et sœur, comme à tous les membres de cette famille cruellement éprouvée.