Fermeture du centre Georges-Besnier jusqu'à nouvel ordre
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Décès de Charles Ternisien, fondateur du Farceur de Boulogne
Charles Ternisien, propriétaire et rédacteur du journal satirique Le Farceur, meurt des suites d’une longue maladie le 20 novembre 1916, dans sa maison du 32 rue de Lille à Boulogne-sur-Mer, siège de la rédaction du journal.
Création du Farceur
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En-tête du Farceur, n° 927, 11 janvier 1902. Archives départementales du Pas-de-Calais, PF 127/7.
En-tête du Farceur, n° 927, 11 janvier 1902. Archives départementales du Pas-de-Calais, PF 127/7.
Né le 17 mai 1843 à Belle-et-Houllefort, il est issu d’une famille originaire de Desvres et passe son enfance à Wirwignes. Après de modestes études primaires, il commence à travailler à l’âge de treize ans, mais reprend parallèlement des études classiques. Autodidacte, il entre aux ponts et chaussées maritimes comme dessinateur et topographe.
En janvier 1870, Charles Ternisien fonde Le Farceur boulonnais, publication interrompue dès l’année suivante, lorsqu’il s’engage comme franc-tireur pour la durée de la guerre, mais dont il reprend la rédaction le 8 octobre 1883 sous le titre L’Index du Farceur, devenu Le Farceur deux ans plus tard.
Un homme impliqué dans sa ville
Élu en 1884 au conseil municipal de Boulogne, il y reste jusqu’en 1904. Nommé en outre administrateur des hospices et chargé de la surveillance des fermes, il exerce cette fonction durant huit ans. C’est à lui que l’on doit le bureau de poste de la haute ville de Boulogne ainsi que le poste de police de Capécure.
Il se fait surtout remarquer pour son dévouement aux œuvres boulonnaises et est l’éloquent avocat de plusieurs communautés religieuses, comme les Annonciades, les Sœurs grises, les Petites sœurs des pauvres ou les Sœurs augustines. Il est également dévoué à la Caisse d’épargne et à l’Association de la presse boulonnaise qu’il préside.
Un homme aux multiples facettes
Sous son apparence paysanne, Charles Ternisien cache un homme beaucoup plus instruit et intelligent qu'on ne le croit dans le grand public. Il a en effet beaucoup étudié et retenu des divers métiers exercés, tels qu’employé des ponts et chaussées, reporter au Petit Journal, représentant en vins bordelais, journaliste, imprimeur, conférencier, directeur de théâtre, homme politique, etc. Il aime les beaux-arts et la musique, se passionne pour l’archéologie et la météorologie, et est aussi passé maître en langue patoisante du Boulonnais. De par sa profession, on lui reconnaît le mérite de l’originalité et du pittoresque.
Perçu comme un trublion, on dit que Charles Ternisien a souffert de n'être pas reconnu à sa juste valeur : même si la création du Farceur lui a valu une certaine popularité, elle n’est pas celle qu'il souhaitait. Il lui est difficile, dans ces conditions, d'être pris au sérieux dès qu’il parle politique, affaires ou sentiments, d’autant que, lorsqu’il se présente dans une réunion publique ou dans une salle de spectacle, à Boulogne ou dans la campagne environnante, il est inévitablement accueilli par "Tiens, v'là l'farceur". Il n'en continue pas moins de lancer dans son journal des piques acérées envers tout ce qui peut le déranger, les institutions tout autant que les hommes.
Avec cette mort, disparaît une pittoresque personnalité boulonnaise dont la tombe, surmontée d’un motif allégorique [ note 1] représentant Charles Ternisien dans son tonneau garni de vignes et le tout surmonté d’un coq gaulois, est située à l’entrée du cimetière est.
Le Farceur
Vendu 10 centimes le numéro, ce quatre pages dont le titre était surmonté d’un dessin représentant Charles Ternisien coiffé d’un béret et niché dans un tonneau entouré de vignes, porte la devise "Gaité Vérité Patriotisme". Imprimé au 63 rue Thiers, il paraît le vendredi à la dernière heure avec la date du lendemain, et l’on peut ainsi lire sur la manchette : Il est mis à la poste le soir pour être distribué le samedi par le premier courrier
.
La première page, avec un petit reportage ou un éditorial, relate les principaux événements de la semaine écoulée. Son intérêt réside surtout dans les échos, qui occupent les deux pages centrales avec le courrier des lecteurs, complété d’une colonne réservée à la vie artistique. La dernière page, la plus lue semble t-il, relate les aventures et mésaventures parfois croustillantes des habitants de la région en patois.
Le style virulent des articles donne toute sa mesure au moment des élections municipales, notamment celles où se présente Charles Ternisien. Le journal s’éteint au début de 1916 (numéro du 31 juillet 1915, paru en janvier suivant).
Les archives du Pas-de-Calais en possèdent quelques exemplaires dans sa collection de presse ancienne, consultable au centre Georges-Besnier (PF 127/1-7).
Notes
[ note 1] Bas-relief inspiré de l’en-tête du journal, dû à Achille Blot (1912) et ornant initialement la hotte de sa cheminée : volé en 1999.