Archives - Pas-de-Calais le Département
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Fermeture du centre Georges-Besnier jusqu'à nouvel ordre

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Décès de Ferdinand Farjon à Boulogne-sur-Mer

Ancien conseiller municipal de Boulogne-sur-Mer, conseiller général et député républicain du Pas-de-Calais, l’industriel Ferdinand Farjon décède le 25 mars 1916 d’une attaque d’apoplexie foudroyante à son domicile, rue Dutertre à Boulogne.

Un jeune homme prometteur

Texte encadrant une étiquette publicitaire, sur lequel on lit : "Les soussignés Baignol et Farjon, fabricants de plumes métalliques dont le siège social est à Boulogne-sur-Mer, 26 rue d'Orléans, déclarent faire le dépôt d'étiquette ci-contre destinée a être apposée sur des boîtes de plumes métalliques. Boulgne-sur-Mer, le trente mai 1888".

Dépôt de marque du 30 mai 1888 enregistré au tribunal de commerce de Boulogne-sur-Mer. Archives départementales du Pas-de-Calais, 6 U 02/559.

Né à Boulogne le 19 décembre 1841, fils de Pierre Lucien Ferdinand Farjon (propriétaire à Wacquinghen) et de Jeanne Zoé Hénin, Pierre Ferdinand Farjon fait ses études à Saint-Omer, où il se lie d’amitié avec Alexandre Ribot.

Polytechnicien (promotion de 1860) puis élève brillant de l’école du génie de Metz, il participe à la guerre de 1870 dans les rangs du génie. Capitaine d’état-major du 22e corps d’armée puis commandant du 1er bataillon territorial, il obtient pour son dévouement et ses qualités techniques les insignes d’officier de la Légion d’honneur en 1884.

C’est son mariage en 1873 avec Éva Lebeau, fille de François Lebeau, un banquier partisan d’une économie basée sur des créneaux porteurs comme celui des manufactures de plumes métalliques, qui va lui offrir une nouvelle destinée.

La société Baignol et Farjon

Boulogne est de longue date une ville importante dans la production de plumes. Dès 1846, Pierre Blanzy et Eugène Pour fabriquent des plumes métalliques. En 1856, François Lebeau reprend la Société Sauvage et Ciefondée en 1850 par Guillaume Sauvage. En 1875, il passe la direction de sa manufacture de plumes métalliques, crayons et porte-plumes à ses deux gendres, Ferdinand Farjon et Camille Baignol.

Plumes et porte-plumes.

Modèles déposés au tribunal de commerce de Boulogne-sur-Mer. Archives départementales du Pas-de-Calais, 6 U 02/663.

Le 31 mars 1875, la société Baignol et Farjon est officiellement constituée, et Ferdinand Farjon en devient rapidement le principal responsable des investissements et des productions nouvelles. Reléguant son beau-frère Camille Baignol au contrôle de la production, il associe esprit d’entreprise et compétitivité, fournissant un nouvel élan d’activité à la population ouvrière boulonnaise. Il se distingue aussi par un paternalisme bon teint, qui le met à l’abri des conflits sociaux.

D’excellente réputation, la maison Baignol et Farjon accumule les récompenses lors d’expositions internationales :

  • médaille de premier ordre de mérite à Melbourne, 1881 ;
  • médaille d’or à l’Exposition universelle de Paris, 1889 ;
  • hors concours, membre du jury à l’Exposition internationale de Bruxelles, 1897 ;
  • hors concours, membre du jury à l’Exposition universelle de Paris, 1900 ;
  • grand prix, Hanoï, 1902 ;
  • hors concours, Exposition du monde de l’Enfance, Saint-Pétersbourg, 1903 ;
  • grand prix, Saint-Louis, 1904.

Entre commerce et politique

Le 6 janvier 1878, Farjon fait son entrée dans l’arène politique comme conseiller municipal de Boulogne-sur-Mer, sur la liste du sénateur Huguet. Élu sans interruption jusqu’en 1908, il est nommé rapporteur des principales commissions et spécialement de celle des finances.

Élu en 1898 au Conseil général en remplacement de Jules-Edmond Baudelocque, il est de même pendant des années le rapporteur général des budgets départementaux. Chef incontesté du parti républicain, il repousse toutes les tentatives d’entente avec les éléments conservateurs et modérés. En 1906, lors du second tour des élections législatives, il est élu député de la première circonscription de Boulogne contre le représentant de l’Action libérale, l’ancien bâtonnier Albert Desmyttère : il échoue toutefois au renouvellement de 1910 face à Émile Lemaître.

Profitant de son statut d’industriel, c’est surtout à la présidence de la chambre de commerce de Boulogne que Ferdinand Farjon consacre le meilleur de son temps et de son zèle. Désigné en 1886 comme ordonnateur des dépenses puis comme vice-président le 22 décembre 1894, il en est élu président le 22 décembre 1900, au décès d’Huret-Lagache. Son rôle y est prépondérant, notamment sur les questions relatives aux travaux du port, à son extension et à sa prospérité.

La chambre de commerce de Boulogne devient un véritable lobby d’affaires sous son impulsion, même si les interdictions ou réprobations qu’il prononce dans le domaine des affaires ou de la politique locale ont été parfois préjudiciables aux intérêts de la ville et de son port.

Éloge prononcé par Charles Jonnart, président du Conseil général lors de la session du 1er mai 1916

[...] Brillant élève de l'Université, officier de grande valeur, décoré pour sa vaillante conduite en 1870 par le général Faidherbe, Farjon avait quitté l'armée en 1875 pour consacrer à une belle industrie locale et à la ville de Boulogne-sur-Mer, toutes les ressources de son activité et de son intelligence.

L'histoire de sa vie si noblement remplie se confond avec l'histoire des quarante dernières années de la cité qui, aujourd'hui, nous offre une fois de plus son aimable hospitalité.

Au Conseil municipal de Boulogne, à la Chambre de commerce qu'il présida avec tant d'autorité, il se dévoua, sans jamais se lasser, à la réalisation de projets considérables : l'extension du port de commerce et le développement de cette admirable industrie de la pêche, devenue une des principales sources de la richesse du pays. Son nom restera indissolublement lié à l'exécution d'importants travaux et aux remarquables progrès dont les Boulonnais ont tant de raisons de s'enorgueillir.

Il était de ces hommes qui ont leur place marquée au Parlement. Pourquoi y est-il arrivé si tard ? Pourquoi n'y est-il pas resté ? Travailleur infatigable, écouté et respecté de tous, il ne pouvait manquer de s'imposer à la Chambre des Députés par l'étendue et la variété de ses connaissances, son expérience pratique et son généreux souci des problèmes sociaux qui tourmentent et ennoblissent notre époque. Le Pas-de-Calais eut été le premier bénéficiaire de son influence grandissante.

Ici, du moins, au sein de l'Assemblée départementale, il nous a été donné d'apprécier sa puissance de travail et le mérite de sa collaboration. Ses rapports étaient des modèles de science et de clarté. Il ne reculait devant aucune responsabilité. En qualité de rapporteur général du budget, il veillait à la bonne gestion de nos finances, défendant âprement les deniers des contribuables contre les appétits des services publics et des clientèles électorales.

Qu'il soit permis à un de vos doyens, qui, trop souvent, a déploré l'impuissance de ses tentatives pour arrêter le flot montant des dépenses publiques, d'émettre le vœuque nos rapporteurs du budget à l'avenir s'inspirent des traditions et de l'exemple que nous a laissés Farjon.

Il ne suffit pas, Messieurs, à un rapporteur général du budget, de se familiariser avec les rouages de nos administrations et la diversité des chapitres budgétaires. Il importe qu'il possède deux qualités éminentes : le courage et la sincérité. Nos sessions sont courtes ; nous devons dans maintes circonstances voir par les yeux de notre rapporteur, lui faire confiance, nous reposer sur lui du soin de donner les avertissements nécessaires, d'élever la voix, chaque fois que l'équilibre des finances départementales est menacé. C'est la sentinelle vigilante qui ne doit entr'ouvrir qu'à bon escient les avenues du budget.

Rôle ingrat, éminemment utile, Farjon le remplissait avec une conscience et une clairvoyance dont nous ne saurons jamais lui être assez reconnaissants.

Au demeurant, il intervenait avec discrétion. Il savait écouter et formuler son avis en quelques paroles judicieuses et fortes. Son libéralisme le rendait naturellement tolérant, respectueux de toutes les croyances et de toutes les convictions. Aussi n'admettait-il aucune entreprise sus ses idées et ses opinions.

Il a bien servi la République. Patriote ardent, il nous entretenait récemment encore de sa foi profonde dans les destinées de la Fratrie républicaine et le triomphe du droit et de la civilisation. Il ne verra pas luire, hélas ! l'aurore radieuse de la victoire, mais, avant de se fermer, ses yeux n'ont-ils pas entrevu le rayonnement merveilleux d'une ère nouvelle de réparation et de justice ? N'est-il pas mort apaisé, dans un frisson d'espérance, lui qui avait tant souffert des hontes et de l'humiliation de la défaite ?

Puisse le témoignage de nos vives sympathies adoucir la douleur des siens, et qu'avec l'expression de nos regrets, nos vœux les meilleurs aillent rejoindre sur le front, les continuateurs de sa pensée, son fils et son petit-fils dont la bravoure réveillait en lui d'inoubliables souvenirs. [...]

Procès-verbaux des délibérations, mai-septembre 1916. Archives départementales du Pas-de-Calais, 1 N 133.

Bibliographie

  • L. BIGAND, "L'aventure industrielle de l'entreprise "Baignol et Farjon", Revue du Nord. Histoire et archéologie. Nord de la France-Belgique-Pays-Bas, tome LXXVIII, n° 316, Villeneuve d’Ascq, Université Charles de Gaulle-Lille III, juillet-septembre 1996. Archives départementales du Pas-de-Calais, PB 360/87 
  • O. CHOVAUX, "La dynastie des Farjon à Boulogne-sur-Mer : de la politique des affaires aux affaires politiques (1887-1979)", La Revue du Nord, tome 72, n° 288, 1990, pp. 875-890. Archives départementales du Pas-de-Calais, BHB 4778 
  • F. FARJON, Quatre années au Palais-Bourbon, Boulogne-sur-Mer, société typ. et lith., 1910, 154 p. Archives départementales du Pas-de-Calais, BHB 213