Fermeture du centre Georges-Besnier jusqu'à nouvel ordre
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Organiste, compositeur et professeur internationalement connu, Alexandre Guilmant est le fils de Jean-Baptiste Guilmant, né à Nielles-lès-Ardres le 14 janvier 1794, lui-même organiste et maître de chapelle de l’église Saint-Nicolas de Boulogne-sur-Mer, et de Marie-Thérèse Poulain, née en 1798, maîtresse d’école originaire de Rennes.
Une famille de musiciens
En 1853, il est nommé organiste de l'église Saint-Joseph de Boulogne-sur-Mer ; il remplace son père à la tribune de Saint-Nicolas en 1857, année où il crée sa première Messe solennelle (en fa majeur).
Il poursuit parallèlement des études d'harmonie, de contrepoint et de fugue auprès de Gustave Carulli (1801-1876), fils du guitariste italien Ferdinand Carulli (1770-1841). Il enseigne lui-même le solfège à l'école de musique de Boulogne-sur-Mer, joue de l'alto à la société philharmonique et forme un orphéon qui remporte plusieurs prix.
Buste d’Alexandre Guilmant par Corneille Theunissen (1863-1918), collections du Château-Musée de Boulogne-sur-Mer.
Buste d’Alexandre Guilmant par Corneille Theunissen (1863-1918), collections du Château-Musée de Boulogne-sur-Mer.
En 1860, au cours d'un séjour à Paris avec son père, il a l'occasion d'entendre un organiste belge, Jacques Lemmens. Frappé par sa technique, il décide de partir pour Bruxelles, où Lemmens enseigne au Conservatoire, pour parfaire sa formation. C'est à ses côtés qu'il développe ses qualités de virtuose. Il inaugure de nombreux orgues dont le Cavaillé-Coll de l’église Saint-Sulpice à Paris (1862), puis celui de Notre-Dame en 1868.
En 1871, au décès d'Alexis Chauvet, Guilmant lui succède comme titulaire du grand orgue Cavaillé-Coll, récemment installé dans l’église de la Trinité à Paris. Il reste à ses claviers jusqu’en 1901, année où il est obligé de démissionner à la suite d'une intrigue menée contre lui.
Le 7 août 1878, il inaugure l’orgue réalisé par Aristide Cavaillé-Coll pour la salle de concerts édifiée par Davioud au Trocadéro, à l’occasion de l’exposition universelle de Paris ; il en reste le titulaire non officiel jusqu’à sa mort, et y permet de redécouvrir de nombreuses œuvres de Bach, Buxtehude ou Haendel.
Guilmant participe aussi au développement de l'harmonium. Lors de son installation à Paris en 1871, il a acheté un orgue Mustel fabriqué spécialement pour lui (le n° 193) : après les combats de la guerre de 1870 et de la Commune, il a en effet retrouvé le superbe Cavaillé-Coll de la Trinité en piteux état. Son Mustel devient alors un instrument efficace pour se faire connaître dans la capitale. Il compose ou transcrit de nombreuses œuvres, notamment des duos pour piano et harmonium, pour l’interprétation desquels Camille Saint-Saëns devient au piano son partenaire privilégié. L'harmonium fait ressortir le souci que Guilmant a toujours eu : mettre son œuvre à la portée de tous par un langage soigné et facilement compréhensible.
Il entreprend très vite de grandes tournées en Europe et en Amérique. Il joue avec un succès incomparable sur les plus beaux instruments du monde.
Un remarquable pédagogue
Il consacre aussi à l’enseignement une part importante de son temps. Il est un remarquable pédagogue, ce qui lui vaut de nombreux élèves, en France et à l'étranger. Il est professeur à la Schola Cantorum qu'il fonde en 1894 avec Charles Bordes et Vincent d'Indy, et succède à Charles-Marie Widor comme titulaire de la classe d’orgue du Conservatoire national supérieur de musique de Paris entre 1896 et 1911. Louis Vierne a dit qu’il était un maître sans rival, un apôtre dont la conviction profonde se transmettait irrésistiblement à ses élèves ; un technicien du clavier d'une précision et d'une souplesse irréprochables ; un érudit et un savant, un animateur au meilleur sens du terme
.
Ses principes de base sont fort simples mais d'une logique absolue : jeu lié en bannissant tout geste inutile et superflu, technique parfaitement maîtrisée, rythme soutenu et phrasé appuyé. Un de ses anciens élèves fonde même aux États-Unis une école d'orgue portant son nom, où la tradition d'exécution de la musique de Bach et des anciens sera de rigueur.
Ses compositions qui se comptent par centaines constituent une œuvre colossale et incontournable. Son talent de mélodiste et d'harmoniste y est au premier plan, sans oublier le rythme et la pulsation qui donnent vie à la musique. Il est certes resté attaché à la grande tradition symphonique française, mais en la portant à son apogée.
Alexandre Guilmant est mort à Meudon le 29 mars 1911.
Bibliographie
Dictionnaire de la musique, Paris, éditions Bordas, 1993.