Archives - Pas-de-Calais le Département
Les informations contenues dans cette page ne sont valables avec certitude que jusqu'à cette date et heure.

Naissance de Sainte-Beuve à Boulogne-sur-Mer

Charles-Augustin Sainte-Beuve, poète et critique littéraire, est né le 23 décembre 1804 à Boulogne-sur-Mer où son père, mort deux mois avant sa naissance, était contrôleur principal des droits réunis et conseiller municipal. 

Sa mère, Augustine Coilliot, l’élève seule. À huit ans, Sainte-Beuve entre à l’institution Blériot de Boulogne-sur-Mer ; il y est externe jusqu’en 1818, date à laquelle il part poursuivre ses études à Paris, à l’institution Landry et aux collèges Charlemagne puis Bourbon.

Élève brillant, il remporte le premier prix de poésie latine au concours général en 1822 et devient bachelier ès-lettres l’année suivante, puis ès-sciences en 1824. Alors que ses goûts l’entraînent vers la poésie, il choisit d’étudier la médecine et l’anatomie. Il obtient un poste d’externe à l’hôpital Saint-Louis à Paris, mais abandonne la médecine dès 1827 pour se consacrer à la littérature.

Journaliste, critique et auteur

Il a débuté trois ans plus tôt, le 10 octobre 1824, dans le journal Le Globe fondé par l’un de ses anciens professeurs, Paul-François Dubois, et y écrit, sous le pseudonyme de Joseph Delorme, des articles d’histoire, de philosophie et de critique.

Dessin de Sainte-Beuve coiffé d'une calotte et esquissant un léger sourire.

Portrait de Sainte-Beuve, zincographie de J. Robert sur un dessin d’A. Gilbert, vers 1860. Archives départementales du Pas-de-Calais, 6 FID 1503.

Lorsqu’en 1827, Victor Hugo publie ses Odes et ballades, Sainte-Beuve en fait une critique enthousiaste et élogieuse. Les deux hommes se rencontrent alors et se lient d’amitié. Victor Hugo le fait entrer dans le cénacle de Charles Nodier, aux côtés d’Alfred de Vigny et d’Alfred de Musset. Mais bientôt leur relation est entachée par la jalousie : Adèle Hugo, lassée de sa solitude, aurait en effet succombé aux lettres passionnées de Sainte-Beuve. Découvrant leur relation pourtant discrète, Victor Hugo aurait alors mis fin à leur amitié. Sainte-Beuve évoque cet épisode dans son roman Volupté, paru en 1834. Il s’est aussi brouillé avec Dubois, qu’il affronte en duel, sans résultat, le 20 septembre 1830.

La première véritable publication de Sainte-Beuve, Tableau historique et critique de la poésie française et du théâtre français au XVIe siècle (1828), qui remet notamment Ronsard au goût du jour, est considérée comme l’un des ouvrages les plus novateurs en ce domaine.

Propulsé dès lors au rang de critique reconnu, Sainte-Beuve publie ses premières poésies dans une œuvre mêlant vers et prose, Vie, poésies et pensées de Joseph Delorme (1829) et un recueil intitulé Les Consolations (1830), qui ne rencontrent que peu de succès. Déçu, il décide de se consacrer totalement à ses chroniques critiques, dans Le National, la Revue de Paris ou la Revue des deux mondes, qui donnent ses Portraits littéraires (1832-1839) ou ses Portraits contemporains (1846).

Son œuvre la plus célèbre reste Port Royal (1840-1862) qui décrit l'histoire de l'abbaye janséniste de Port-Royal-des-Champs et qui rassemble les cours de littérature donnés à l’académie de Lausanne en 1837 et 1838. Il est élu à l’Académie française le 14 mars 1844.

Maître de conférences

Pour des raisons plus personnelles que politiques, il accepte de donner des conférences à Liège en 1848 (qui donneront naissance à son étude sur Châteaubriand et son groupe, 1860) ; il rentre à Paris en 1849, et entreprend, le 1er octobre, dans le Constitutionnel, ses Causeries du lundi, premier d’une série d’articles hebdomadaires parus jusqu’à sa mort dans divers journaux tels que Le Moniteur et rassemblés ensuite en volumes (Causeries du lundi, 1851-1857 ; Nouveaux lundis, 1863).

Rallié au coup d’État du 2 décembre 1851, il est un familier du salon de la princesse Mathilde. Considéré comme un partisan du Second Empire, il doit très vite renoncer à la chaire de poésie latine qu’il a obtenue au Collège de France en novembre 1854, face aux chahuts des étudiants ; il devient toutefois avec plus de succès maître de conférences en littérature française à l’École normale supérieure de 1857 à 1861. Il siège au Sénat à partir d’avril 1865, y défend la liberté de penser et proteste contre l’intolérance religieuse. Il meurt à Paris, le 13 octobre 1869.

Pour en savoir plus 

Bibliographie sélective sur le site des Célébrations nationales (2004) : culture.gouv.fr/culture/actualites/celebrations2004/biblio.htm