Fermeture du centre Georges-Besnier jusqu'à nouvel ordre
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Naissance du sculpteur-statuaire Paul Graf à Boulogne-sur-Mer
Fils d’Isabelle Marie Joséphine Bonnissant, couturière, et de père inconnu, Paul-Henri Bonnissant naît le 2 décembre 1872 au 2 rue de Belterre à Boulogne-sur-Mer. Grâce au mariage de sa mère avec Pierre Graf, un plombier originaire de Moselle, le 26 février 1881, Paul est reconnu légitimement et porte dès lors le nom de Paul-Henri Graf.
Élève dans l’atelier boulonnais des frères Blot en production de terres cuites, Paul Graf y voit naître sa vocation : boursier des académies de Boulogne, il fait son entrée à l’école des Beaux-Arts de Paris en 1893 comme élève du sculpteur Gabriel Jules Thomas.
Sculpteur reconnu aux commandes prestigieuses
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Boulogne-sur-Mer. La nouvelle poste. Archives départementales du Pas-de-Calais, 5 Fi 160/567.
Boulogne-sur-Mer. La nouvelle poste. Archives départementales du Pas-de-Calais, 5 Fi 160/567.
S’il expose au Salon des artistes dès 1892 et concourt pour le prix de Rome sans succès jusqu’en 1899, une belle carrière s’ouvre néanmoins à lui, car la période est propice à la sculpture des façades des bâtiments publics et des monuments funéraires.
L’artiste obtient ainsi de nombreuses commandes de l’État et participe à la décoration du Palais des sciences de l’Exposition universelle de 1900, en collaboration avec le sculpteur Charles Desvergne. En 1905, il est aussi chargé de réaliser les statues de la "Poésie" et de la "Musique" au théâtre municipal de Calais, et est retenu en 1909 pour décorer la façade de l’hôtel des Postes de Boulogne-sur-Mer.
Des réalisations nationales et officielles
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Boulogne-sur-Mer. Notre-Dame de Boulogne. Statue de la Porte des Dunes, par Paul Graf, statutaire. Mémorial de l'hommage féodal de la Ville et du Comte de Boulogne, fait à Notre-Dame par Louis XI en 1478.
Boulogne-sur-Mer. Notre-Dame de Boulogne. Statue de la Porte des Dunes, par Paul Graf, statutaire. Mémorial de l'hommage féodal de la Ville et du Comte de Boulogne, fait à Notre-Dame par Louis XI en 1478.
Il doit cependant séjourner régulièrement au sanatorium de Durtol dans le Puy-de-Dôme, et va en conséquence beaucoup travailler en Auvergne. C’est là qu’il rencontre sa première épouse, une peintre et sculptrice fille d’un fabricant de papier, Marie-Claire Peyssonneau (Saint-Amand-Tallende, 21 juin 1869-8 mars 1902) ; il épouse ensuite, en secondes noces à Paris (7ième arrondissement) le 11 juin 1908, Marie-Odette Larivière, originaire de Terrasson (Dordogne).
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Calais. Le théâtre municipal. Archives départementales du Pas-de-Calais, 5 Fi 547/1.
Calais. Le théâtre municipal. Archives départementales du Pas-de-Calais, 5 Fi 547/1.
À Clermont-Ferrand, il décore la façade du musée Bargoin en 1903 puis celle de la préfecture, devant laquelle il réalise également une statue en lave de Volvic en 1917, Le Souvenir. Cette œuvre simple et rude, représentant une paysanne assise avec son chien, contraste avec le classicisme froid des quatre statues et du fronton ornant le bâtiment et révèle les deux facettes de l’artiste : celle du statuaire officiel, reconnu pour ses décors d’architecture et de monuments, et celle d’un sculpteur intimiste à l’occasion. Après la Première Guerre mondiale, il réalise de même de nombreux monuments aux morts et statues destinées aux églises reconstruites, œuvres allant du néogothique à un style plus contemporain, ainsi que quelques décors complets.
L’héritage de Paul Graf
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Église Saint Martin - Hénin-Liétard (P. de C.). Architecte M. Boutterin - Paul Graf, statutaire, "Anges adorateurs". Archives départementales du Pas-de-Calais, 5 Fi 427/8.
Église Saint Martin - Hénin-Liétard (P. de C.). Architecte M. Boutterin - Paul Graf, statutaire, "Anges adorateurs". Archives départementales du Pas-de-Calais, 5 Fi 427/8.
Lorsqu’il décède à Terrasson-Lavilledieu en Dordogne le 10 février 1947, Paul Graf laisse une production importante qui tombe néanmoins peu à peu dans l’oubli. Mentionnons parmi ses nombreuses réalisations :
le monument au capitaine Ferdinand-Louis Ferber, inauguré en juillet 1911 sur la promenade de la digue Sainte-Beuve à Boulogne-sur-Mer,
la statue du Sacré Cœur, commandée par la paroisse Saint-Pierre du Gros Caillou de Paris (1914),
le décor qui complète la salle du conseil général du Puy-de-Dôme (1921),
le monument aux morts du 7ième arrondissement de Paris, inauguré par le président Poincaré le 20 janvier 1924,
la chapelle du Grand séminaire d’Arras (1928),
les statues de la coupole de l’église Saint-Martin d’Hénin-Liétard (inaugurée en septembre 1932),
le monument commémoratif aux 73ième et 273ième régiments d’Infanterie et au 6ième régiment d’infanterie territoriale à Béthune (inauguré le 28 mai 1933, place Lamartine),
la salle de l’hôtel de ville de Troyes (1934),
ou encore le décor du lycée La Fontaine à Paris (1939).
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Boulogne-sur-Mer. La porte des Dunes. ND phot. Archives départementales du Pas-de-Calais, 5 Fi 160/2.
Boulogne-sur-Mer. La porte des Dunes. ND phot. Archives départementales du Pas-de-Calais, 5 Fi 160/2.
Force est de constater que dans le département du Pas-de-Calais, du fait des deux guerres mondiales, il ne reste que peu de traces de ses œuvres. À Boulogne-sur-Mer, sa ville natale, on peut cependant encore voir l’aigle de bronze qui surmontait la stèle de marbre du monument Ferber, longtemps resté dans un coin du musée : tout comme la statue de Notre-Dame de Boulogne ornant la porte des Dunes, commande reçue en 1924 de Mgr Lejeune et de la municipalité, destinée à remplacer une statue de chêne en mauvais état.
Médaillé au salon des Artistes français, Paul Graf est par ailleurs nommé officier d’académie le 6 février 1903, officier de l’Instruction publique le 23 octobre 1909, et chevalier de la Légion d’honneur par décret du 21 janvier 1936, rendu sur le rapport du ministre de l’Éducation nationale en qualité de sculpteur.