Fermeture du centre Georges-Besnier jusqu'à nouvel ordre
En raison d’une panne du chauffage du Centre Georges-Besnier, sa salle de lecture (Arras) ferme jusqu’à nouvel ordre. Pour toute recherche administrative urgente sur les fonds conservés sur le site concerné (archives contemporaines), nous vous invitons à nous contacter pour une communication par correspondance ou, en cas de nécessité pratique, pour organiser une session de consultation en salle de lecture du Centre Mahaut-d’Artois des documents nécessaires à votre recherche.
Nous vous prions de nous excuser pour la gêne occasionnée et vous remercions par avance de votre compréhension.
"Chez le peintre-mineur Augustin Lesage de Burbure", Le Grand Écho du Nord, 28 avril 1934. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG 5/40.
"Chez le peintre-mineur Augustin Lesage de Burbure", Le Grand Écho du Nord, 28 avril 1934. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG 5/40.
Augustin Lesage est né le 9 août 1876 à Auchel où son père, ancien cultivateur à Saint-Venant, vient de s’installer pour travailler dans les puits de mine de la Compagnie de Ferfay et Ames, ouverts depuis 1855. Son enfance est marquée par la mort de Marie, sa sœur âgée de trois ans : trente ans plus tard, c’est à elle qu’il attribuera ses premiers messages médiumniques.
Mineur par nécessité
En juin 1890, il obtient le certificat d’études primaires avec mention de dessin, à une époque où seuls les élèves les plus doués s’y présentent. Pourtant, malgré une scolarité qui peut lui laisser espérer une meilleure condition, il entre comme galibot à la fosse n° 2 de Ferfay. Sans doute la maladie de sa mère, qui meurt le 27 août de la même année, l’oblige-t-elle à travailler rapidement pour améliorer les revenus de la famille. En 1894, il rencontre Irma Diéval, fille de mineur, qui donne naissance à une fille prénommée Marguerite le 5 mai 1895.
Devenu mineur de fond, il échappe, le jour de ses dix-neuf ans, à un ensevelissement dû à une explosion dont il est en partie responsable. Peu après, il part pour le service militaire au 43e régiment d’infanterie de Lille. Dans son unité, se trouvent deux peintres qui l’emmènent visiter le musée des Beaux-Arts. Il les observe et étudie leurs gestes lorsqu’ils peignent devant lui. Libéré le 23 septembre 1900, il revient à Ferfay, où il se fixe avec Irma qu’il épouse l’année suivante. Leur fils Augustin naît le 19 juin 1901.
"Tu seras peintre !"
Un jour de 1911, alors âgé de 35 ans, il entend, au fond de la mine, une voix lui dire : Un jour tu seras peintre !
. Il se trouve alors dans un boyau de cinquante centimètres. J’étais seul
, racontera t-il plus tard, Voyez ma stupéfaction ! J’avais peur, mes cheveux se dressaient sur ma tête
.
Il garde d’abord cet épisode sous silence puis, un an plus tard, il est initié au spiritisme et commence à peindre de manière automatique. Sa première toile, de 3 mètres sur 3, est conçue à la façon des miniaturistes. Les motifs se succèdent de manière parfaitement symétrique.
Augustin Lesage peint de façon spontanée et dit être poussé par des "esprits" qui guident sa main : Lorsque je me mets à peindre, […] je me laisse guider par une force que je ne puis définir […]. Je n’ai jamais pris de leçons, ni de dessin, ni de peinture, je n’ai pour matériel que quelques godets, pinceaux et tubes de couleurs à l’huile. D’où m’est venue ma vocation, après 27 années de mine ? Je ne sais.
À partir de 1913, il quitte la mine pour se consacrer à la peinture et, influencé par les psychosistes que côtoie son ami Ambroise Lecomte, il s’initie au guérissage. Les malades viennent si nombreux voir ces "guérisseurs spirites" que le corps médical leur intente un procès en 1914. Accusé d’exercice illégal de la médecine, Augustin Lesage est acquitté grâce aux témoignages de malades qu’il a guéris.
Succès et reconnaissance
Mobilisé le 2 août 1914, il dessine, dans les tranchées, des cartes postales et des souvenirs du front qu’il distribue aux soldats. Le 11 mars 1916, il est à nouveau affecté dans les mines.
Redevenu houilleur à Burbure, il n’abandonne pas la peinture pour autant. Dès 1923 (alors qu’il a définitivement quitté la mine), ses toiles sont exposées à Paris et il connaît un grand succès, d’abord à la Maison des spirites puis au Salon des artistes français.
Ses œuvres, rattachées au mouvement spirite et étudiées par André Breton, sont louées par les surréalistes. Elles seront finalement intégrées à la Collection de l’art brut à Lausanne.
Il meurt à Burbure le 21 février 1954, laissant près de 800 toiles.
Pour en savoir plus
L'Esprit de la pyramide, huile sur toile d'Augustin Lesage conservée au Lille Métropole Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut. Cliquer ici