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Décès de Louis Francia, aquarelliste et journaliste calaisien

Peintre de renom, journaliste et touche-à-tout, père du peintre Alexandre Francia à qui il a transmis sa passion pour cette discipline, Louis Francia est avant tout un homme passionné et engagé dont la réputation a franchi les barrières de la Manche.

François-Thomas-Louis Francia est né le 21 décembre 1772 à Calais. Sa mère, Marie-Madeleine Mancé, meurt le 17 juillet 1774, alors qu’il n’a qu’un an et demi ; son père, Louis-Charles Francia, directeur de l’hôpital militaire, décède le 25 août 1787.

Gravure montrant un buste d'homme aux côtés d'une palette de peinture et d'une couronne de laurier. En-dessous, une stèle funéraire surplombe une plage.

Buste et tombeau de Louis Francia, peintre français. Lithographie, vers 1840. Archives départementales du Pas-de-Calais, 4 J 480/90.

Dès son plus jeune âge, Louis Francia se découvre une vocation pour le dessin et la peinture. D’abord élève à l’école des frères de la Doctrine chrétienne, il entre ensuite au collège des Minimes : il se montre rebelle au type d’enseignement qu’on veut lui inculquer, et c’est à l’Académie de dessin de Calais qu’il peut satisfaire son amour de l’art : grâce à ses maîtres Durand, Fosset et Delbard, il en sera l’élève le plus distingué.

Séjour anglais remarqué

Amoureux de la mer et des paysages, Francia part pour l’Angleterre en 1789. Alors presque sans ressources, il se fixe à Londres comme professeur de dessin. Le prix de ses leçons, laissé à la générosité ou à la reconnaissance de ses élèves, suffit à pourvoir aux besoins plus que modestes de son existence et à ceux plus exigeants de ses goûts artistiques.

Pendant ses loisirs, il produit plusieurs dessins et aquarelles maritimes, qui rencontrent très vite de fervents admirateurs. Ces amitiés lui donnent une notoriété certaine : Francia redouble dès lors d’ardeur à l’aquarelle ; ses progrès dans ce genre sont tels qu’il est accueilli en qualité de secrétaire perpétuel au sein de la société des aquarellistes de Londres. Son talent en fait l’un des fondateurs de cette nouvelle école de peinture et le met en contact avec les artistes britanniques les plus distingués.

Francia est nommé peintre du duc d’York, frère du roi régnant et protecteur éclairé des arts, pour lequel il travaille longtemps. Mais il se lasse plus tard de sa belle existence et de ce pays où il s’était marié en 1800 avec la peintre Maria Child. Après avoir en vain présenté sa candidature comme membre associé de la Royal Academy, il rentre à Calais à la fin du printemps 1817.

Retour aux origines calaisiennes

Riche d’une belle réputation, il y reste jusqu’à sa mort le 6 février 1839 en son domicile situé au 269 de la rue de la Poissonnerie, se contentant de quelques courts voyages à Dunkerque, Saint-Omer, Boulogne ou en Belgique.

Il n’ouvre pas d’école de dessin, mais son talent a fait école autour de lui et a déterminé de nombreuses vocations. Quelques peintres lui doivent tout ou partie de ce qu’ils ont été, comme Richard Parkes Bonington, William Wyld, Jules Collignon, Louis Tesson, ainsi que son fils Alexandre Francia.

Ses sources d'inspiration favorites sont les vues côtières : Francia s’est beaucoup intéressé à la navigation, aux tempêtes et aux scènes de naufrages, mais il a aussi peint une série d’aquarelles représentant les ruines de l’ancienne abbaye Saint-Bertin à Saint-Omer pour son ami Benjamin Morel et on lui connaît des vues de Paris comme du monde rural.

Journaliste éclectique

Francia a aussi collaboré à la presse locale, et rédigé près de quatre-vingt-huit articles, dès 1826 dans le Journal de Calais puis en 1830 dans L’Indicateur de Calais et L’Industriel calaisien. Il a pris également part aux activités culturelles et scolaires de la ville, a été membre de la société des Antiquaires de la Morinie et sociétaire de la société d’agriculture, commerce, sciences et arts de Calais.

Ami de Tom Souville, il a aussi été un membre actif de la société humaine de Calais. A son décès, la société d’agriculture acquiert un terrain à perpétuité dans le cimetière de Calais (le conseil municipal ayant refusé une demande de concession gratuite) et fait élever à ses frais un monument à la mémoire de Francia. Le 13 novembre 1839, elle fait exhumer son corps, déposé jusque-là dans un terrain provisoire, pour l’ensevelir dans le tombeau exécuté par le sculpteur Létendart fils, marbrier à Calais, d’après les plans de l’architecte Vilain.

En raison d’une clientèle majoritairement britannique, l'essentiel de son œuvre se trouve dans différentes institutions anglo-saxonnes : Courtauld Institute à Londres, Ashmolean Museum à Oxford ou Fine Arts Museums de San Francisco, et surtout la collection réunie à Londres par la Tate Gallery.
Le musée de Calais possède un ensemble de dessins, aquarelles et estampes, et le musée Sandelin de Saint-Omer seize dessins et une aquarelle, légués en février 1924 par Prosper-Alphonse Isaac, cousin de Francia.

Bibliographie

  • "À propos d'une exposition Louis Francia à Londres". Dossiers de l'histoire calaisienne, n° 51, 1985. Archives départementales du Pas-de-Calais, PC 347/4 
  • Louis Francia, 1772-1839. Catalogue de l'exposition du musée des Beaux-arts du 15 octobre 1988 au 9 janvier 1989. Archives départementales du Pas-de-Calais, BHC 2219 
  • J.-M. GORIS, "Louis Francia (1772-1839) : l'aquarelliste calaisien qui aimait Dunkerque", Bulletin historique et artistique du Calaisis, n° 191. Archives départementales du Pas-de-Calais, PB 89/14 
  • E. LE BEAU, "Notice sur Louis Francia, peintre de marines, né à Calais", Mémoires de la Société d’Agriculture, Calais, 1841. Archives départementales du Pas-de-Calais, BHB 1302/6