L’enseignement scolaire est fortement désorganisé dans les communes occupées du Pas-de-Calais aussi bien que dans les zones proches du front, notamment en raison de la mobilisation du personnel scolaire et de la réquisition des locaux.
C’est ainsi qu’à Calais, la quasi-totalité des écoles et des pensionnats ont été réquisitionnés au lendemain de la mobilisation. Pour y remédier et face à la surpopulation à laquelle la ville est confrontée, le maire Charles Morieux a mis à la disposition des enfants et de leurs enseignants le théâtre des Arts : les cours du matin y sont dispensés aux garçons alors que ceux de l’après-midi sont réservés aux filles. La situation s’améliorant, on compte dès le mois d’avril 1915 quatorze classes maternelles sur trente en fonctionnement, et soixante-cinq classes élémentaires sur cent cinquante-trois. En octobre 1915, l’autorité militaire rend encore treize écoles à l’enseignement.
Les établissements d’enseignement secondaire, libres et officiels, rouvrent à leur tour leurs portes en cette rentrée scolaire d’octobre 1916. C’est en particulier le cas du collège de jeunes filles Sophie-Berthelot, boulevard Gambetta, qui avait été transformé en hôpital par la société des Femmes de France, du collège communal situé rue Leveux devenu annexe de l’hôpital militaire, ou encore du pensionnat Saint-Pierre, réquisitionné par les services de la Croix-Rouge, et qui reprendra son affectation normale après quelques travaux de restauration.
Calais. Vers la vie normale
Peu à peu l’aspect de nos rues tend à reprendre celui qu’il présentait autrefois, avant la guerre, époque qui semble déjà singulièrement lointaine.
On se souvient qu’au lendemain de la mobilisation générale toutes les écoles, tous les collèges, pensionnats et institutions furent réquisitionnés pour servir à l’hospitalisation des malades et blessés et à l’installation des services de la Croix-Rouge.
Nos écoles durent chercher un autre asile et les classes furent transférées dans des locaux de fortune où l’on put recevoir les élèves soit simultanément soit à tour de rôle.
C’est ainsi qu’au Théâtre des Arts des classes eurent lieu le matin pour les garçons, l’après-midi pour les filles. Pendant ce temps le drapeau à la Croix de Genève flottait à la façade de toutes nos écoles communales aussi bien dans les quartiers du centre que dans ceux de la périphérie et dans les quartiers excentriques.
Cependant tout se remet peu à peu dans l’ordre et les établissements scolaires commencèrent à être rendus à leur destination véritable.
On se souvient que, l’année dernière, à la rentrée des classes, octobre 1915, les écoles primaires communales rouvrirent leurs portes aux élèves qui, depuis un an en avaient été tenus éloignés pour faire place aux glorieux blessés ramenés du front.
Cette année, à la prochaine rentrée d’octobre, ce sont nos établissements d’enseignement secondaire, libres et officiels qui vont rouvrir leurs portes aux élèves qui étaient habitués à les fréquenter.
Le collège de jeunes filles du boulevard Gambetta, désigné sous le nom de Sophie Berthelot, de même que le collège communal de la rue Leveux vont faire leur réouverture dans trois semaines.
Le premier avait été transformé en hôpital de la société des Femmes de France, le deuxième en annexe de l’hôpital militaire.
Dans chacun de ces établissements, des centaines de blessés français, anglais ou belges furent soignés avec un inlassable dévouement et sortirent guéris pour la plupart.
De son côté, comme nous l’avons dit, le pensionnat Saint-Pierre, rue du Four-à-Chaux, qui avait été réquisitionné pour les services de la Croix-Rouge de Belgique vient d’être évacué à son tour par les blessés.
Il va, lui aussi, reprendre son affectation normale et rouvrira ses portes au mois d’octobre après avoir subi les travaux de restauration préalablement nécessaires.
Souhaitons que l’an prochain, à pareille époque, cette reprise de la vie normale soit générale dans tous les compartiments de la vie publique et que la Paix bienfaisante aura définitivement succédé à la guerre.
Le Télégramme du Pas-de-Calais, mardi 12 septembre 1916. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG 9/26.