Archives - Pas-de-Calais le Département
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Inauguration aux Beaux-Arts à Calais

Photographie noir et blanc d'une salle d'exposition de tableaux et de sculptures.

Le foyer du théâtre municipal de Calais aménagé en exposition des beaux-arts pendant la Première Guerre mondiale. Photographie [1914-1918]. Archives départementales du Pas-de-Calais, 43 Fi 412.

Malgré les allées et venues incessantes des troupes alliées dans son port, la ville de Calais poursuit l’élan de sa vie culturelle pendant les premières années du conflit. En janvier 1915, le musée des beaux-arts affiche ainsi les mêmes horaires et jours d’ouverture qu’avant la déclaration de guerre. La fréquentation de l’année 1915 est même en nette augmentation, avec une hausse de 60 % de ses visiteurs par rapport au dernier trimestre 1914.

Toutefois, les salles du musée sont jugées trop exiguës pour accueillir les nouvelles collections et les expositions temporaires. Entre 1916 et 1917, ces dernières sont accueillies dans le foyer du théâtre, devenu l’antichambre du musée. Organisées au profit des œuvres de guerre, elles sont aussi l’occasion pour la municipalité de faire des acquisitions.

Plusieurs expositions, généralement issues du mouvement patriotique, y sont successivement présentées à partir de janvier 1917, comme celle d’images de guerre ouverte à "tous les artistes français et alliés, civils ou militaires", soit 95 peintres et sculpteurs. Suivent entre autres celle de Louis Raemaekers, dessinateur de presse néerlandais réputé pour ses caricatures germanophobes, ainsi qu’une exposition de peinture et de sculpture, proposée par la Commission de l’école d’art décoratif et industriel de Calais.

Le 20 septembre 1917, est proposée une sélection de l’œuvre du peintre Eugène Chigot (1860-1927), alors inspecteur des beaux-arts et peintre officiel de la Marine depuis 1891. En France, ce titre est accordé à des artistes ayant consacré leur talent à la mer, à la marine et aux gens de mer ; il peut aujourd’hui être attribué à des peintres, mais aussi à des illustrateurs, graveurs, photographes, voire sculpteurs. L’inauguration a lieu en présence du maire Charles Morieux et sous la présidence d’honneur du général Ditte, auquel Chigot adresse tous ses remerciements et son fervent patriotisme. Reconnaissant envers la ville qui l’accueille, l’artiste fait don de l’une de ses toiles au musée, La tour du Guet.

Les bombardements se faisant de plus en plus violents, l’exposition doit prendre fin le 1er octobre 1917. 

Les Beaux-Arts de Calais : l’inauguration aujourd’hui

À peine le Salon de peinture, sculpture, gravure et arts appliqués avait-il fermé ses portes au Grand Théâtre, après y avoir attiré pendant quatre semaines du 5 août au 2 septembre, tout ce que Calais compte d’amateurs des Beaux-Arts, voici que de nouveau nous sommes invités à retourner au foyer du Grand Théâtre pour y admirer une nouvelle exposition de peintures et de dessins.

Conformément à la promesse qu’il en avait faite avant de quitter Calais M. Eugène Chigot, inspecteur des Beaux-Arts et peintre officiel du Ministère de la Marine, a organisé en effet une exposition de ses œuvres dont on dit le plus grand bien.           

Cette exposition, organisée au bénéfice des œuvres de guerre calaisiennes, sera inaugurée officiellement aujourd’hui jeudi 20 septembre, à 10 heures du matin, sous la présidence d’honneur de M. le général Ditte et de M. Morieux, maire de Calais.
Plus de cent toiles garnissent les trois salles de la précédente exposition organisée au foyer du théâtre.

Étant donné le but de cette exposition, le ministère des Beaux-Arts a bien voulu se dessaisir momentanément en faveur de la ville de Calais, des œuvres de guerre d’Eugène Chigot, acquises par l’État et que l’artiste a rapportées du front de l’Yser où il avait été envoyé en mission par le Ministre de la Guerre. Cette série des œuvres du maître occupe toute une salle de l’exposition. On y verra « La Tombe des fusiliers marins à Coxyde », « Les prisonniers traversant la place de Furnes » ; puis encore un autre tableau intitulé « Vers Calais, mais prisonniers » ; la tombe du poète Verhaeren ; les ruines de Nieuport, évocations singulièrement poignantes qui constituent les plus impressionnantes pages d’histoire qui survivront aux ruines accumulées par cette guerre.

Passant dans une salle voisine, on se trouve par un saisissant contraste transporté des œuvres de guerre au milieu de paysages reposants et ensoleillés.
Ce sont les œuvres de paix du maître.

Ici, il semble que l’air devienne plus léger et l’atmosphère plus lumineuse, à voir ces jardins fleuris, ces pommiers en fleurs, ces paysages printaniers où tout n’est que vie, soleil, lumière, les luxuriantes frondaisons, les ciels aux azur[e]s resplendissants. Et à côté ce sont les teintes d’or de l’automne, les effets de neige évocateurs de nos climats septentrionaux et de nos frimas, les paysages à demi voilés par les ténèbres du soir descendant et enveloppant les êtres et les choses de silence et de recueillement.

Ce sont encore les eaux bleues de la Méditerranée resplendissantes sous son ciel aux tons chauds, ce sont les tons glauques de la mer du Nord, puis les jolis coins de la Touraine avec les bords enchanteurs de la Loire ; ce sont nos paysages septentrionaux avec leurs hivers humides et venteux, les routes boueuses aux profondes ornières.

Cette exposition sera ouverte chaque jour de 10 heures du matin à 6 heures du soir, du 20 septembre au 20 octobre.

Le Télégramme, vendredi 21 septembre 1917. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG 9/28.