Archives - Pas-de-Calais le Département
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Fermeture du centre Georges-Besnier jusqu'à nouvel ordre

En raison d’une panne du chauffage du Centre Georges-Besnier, sa salle de lecture (Arras) ferme jusqu’à nouvel ordre. Pour toute recherche administrative urgente sur les fonds conservés sur le site concerné (archives contemporaines), nous vous invitons à nous contacter pour une communication par correspondance ou, en cas de nécessité pratique, pour organiser une session de consultation en salle de lecture du Centre Mahaut-d’Artois des documents nécessaires à votre recherche.

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Décès d’Adulphe Delegorgue, illustre explorateur

Grand explorateur et naturaliste français, Louis Adulphe Joseph Delegorgue est né à Courcelles-lès-Lens le 13 novembre 1814. Il descend d’une famille d’avocats et de procureurs arrageois au conseil d’Artois ; l’un de ses cousins (neveu de son arrière-grand-père Hadulphe Joseph Delegorgue), François-Joseph-Augustin (1757-1806), s’est toutefois tourné vers le métier des armes et a été tué, général de brigade, près de Raguse, après avoir participé à l’expédition d’Égypte.

Un goût pour la science et les voyages

Gravure monochrome montrant d'un homme barbu en pied, appuyé sur un long fusil.

A. Delegorgue. [Portrait en explorateur]. Lithographie, [1830-1880]. Archives départementales du Pas-de-Calais, 4 J 476/70.

Son père, Hadulphe Joseph Aubert Delegorgue, né à Arras en décembre 1780, est cultivateur et maire de Courcelles. Il meurt dès le 19 juillet 1818, suivi de peu par son épouse, Marie Louise Defontaine (le 5 août).

Orphelin à 4 ans, Adulphe est recueilli par son grand-père Pierre Louis Joseph Delegorgue (1751-1830), alors conseiller à la cour royale de Douai, après avoir été entre autres administrateur du département du Pas-de-Calais en 1791. C’est là qu’il passe toute sa jeunesse et fait ses études au collège. C’est en lui mettant entre les mains des objets d’histoire naturelle que son grand-père va diriger sans le savoir la vocation de son petit-fils.

Attiré par la science et rêvant de parcourir le monde, Adulphe s’engage à 16 ans, comme simple matelot, dans la marine marchande. Des mers du Nord à l’Atlantique et aux Antilles, son désir de voir des pays nouveaux ne fait que s’accroître, malgré la rudesse du métier.

Il rentre à Douai, malade, en 1837. Bénéficiant de la fortune familiale, il décide cependant de repartir, pour collectionner des spécimens de la faune d’Afrique méridionale. Il quitte ainsi Douai pour préparer son voyage à Paris, puis embarque le 10 mai 1838 à Bordeaux, en direction du cap de Bonne-Espérance.

Explorateur et collectionneur

De mai 1839 au 17 février 1844, il explore le désert du Grand Karoo, la Cafrerie, le Natal et les régions limitrophes, assistant aux luttes des Boers contre les Anglais ou séjournant au royaume zoulou, et recueille quantité de notions nouvelles relatives à la géographie et à l’ethnographie.

Habile tireur, surnommé "le tueur d’éléphants", il réussit à constituer une précieuse collection d’histoire naturelle (pachydermes, carnassiers, herbivores et oiseaux, etc.), qui rejoindra ensuite les galeries du Muséum à Paris, ainsi que des musées d’Arras et de Douai.

De retour en France en novembre 1844, il rédige la relation de son Voyage dans l'Afrique australe : notamment dans le territoire de Natal, dans celui des Cafres, Amazoulous et Makatisses, et jusqu’au tropique du Capricorne exécuté durant les années 1838, 1839, 1840, 1841, 1842, 1843 & 1844 accompagné de dessins et de cartes (Paris, A. René et Cie, 1847, 2 volumes). Il est nommé chevalier de la Légion d’honneur le 26 octobre 1847, mais n’est formellement reçu que le 22 mars 1849, alors qu’il habite Arras.

Cette même année, il s’embarque à nouveau sur un navire faisant la traite de l’huile de palme sur la côte occidentale d’Afrique. Pris de fièvre en Guinée, il remonte à bord mais son s’état s’aggravant, il meurt le 30 mai 1850, face au cap Lahou, une colonie française de la Côte-d’Ivoire. Son corps est immergé.

Érection d’un monument commémoratif

Une cinquantaine d’années plus tard, un comité se constitue le 31 mai 1904, au 39 rue Vaugirard à Paris, pour honorer sa mémoire par l’élévation d’un monument dans sa commune natale.

Il est présidé par le boulonnais Ernest Hamy, professeur d’anthropologie au Muséum et fondateur du musée d’ethnographie du Trocadéro, accompagné par Léon Vaillant, professeur de zoologie au Museum, Charles Bertin, maire de Douai, et Auguste Peugniez, maire de Courcelles-lès-Lens et conseiller d’arrondissement. 

René Brissy, dit Le Cholleux, rénovateur des Rosati, assure le secrétariat général, tandis que la trésorerie est confiée à Henri Dehérain, sous-bibliothécaire à l’Institut et secrétaire de rédaction du Journal des savants. En font partie Edmond Perrier, directeur du Museum, Victor Barbier, secrétaire de l’Académie d’Arras, le docteur Raphaël Blanchard, président fondateur de la Société française d’histoire de la médecine, Paul Chabanaud, secrétaire de la Société entomologique de France, le président du conseil général, député du Pas-de-Calais et gouverneur général de l’Algérie Charles Jonnart, son prédécesseur au conseil général et président de la cour d’appel de Paris Alfred Boucher-Cadart, ou encore Eugène Etienne, président du groupe colonial à la Chambre des députés…

L’inauguration du monument, dû au statuaire originaire d’Aire-sur-la-Lys Georges Engrand (d’après le "portrait sérieux" sculpté par Dantan jeune en 1848), a lieu le dimanche 14 mai 1905, en même temps que celle de nouvelles écoles publiques. Adrien Demont, représentant le docteur Hamy empêché, fait l’éloge d’Adulphe Delegorgue. Comme d’autres œuvres de bronze, le buste est enlevé par les Allemands au cours de la Seconde Guerre mondiale.