Fils de Nicolas Vincent, lieutenant au 1er bataillon du 74ième régiment d’infanterie, et de Marie-Rose-Catherine Couche, Alexandre Joseph Hydulphe Vincent naît rue Tête-Noire. Il fait de brillantes études aux collèges d’Hesdin, de Douai puis d’Amiens. Reçu à l’École normale supérieure en 1816, il en sort agrégé des sciences en 1820 et débute sa carrière comme professeur de mathématiques et de physique au lycée de Reims.
Des débuts prometteurs
Alexandre Vincent consacre tout son temps libre à la recherche. Dès 1824, il publie le résultat de ses premiers travaux, Considérations nouvelles sur la nature des courbes exponentielles et logarithmiques ; Dialogue sur la Loterie, paru en 1825, dans lequel il place le calcul au service de la morale, reçoit une mention honorable de la Société morale chrétienne. Son Cours de géométrie élémentaire, publié l’année suivante, fait l’objet de cinq éditions.
Reconnu pour son expertise et son savoir, Alexandre Vincent est appelé dès 1826 comme professeur au collège Rollin à Paris. Il enseigne ensuite au collège Bourbon en 1830, puis au collège Saint-Louis en 1831, où il est titularisé comme professeur de mathématiques spéciales.
Des travaux éminents et éclectiques sur la musique et les mathématiques
Une série de travaux sur l'histoire des mathématiques l'amène à approfondir la géométrie des Grecs, puis à étudier leur notation musicale. Ils lui apportent une notoriété certaine, en France mais aussi à l’étranger. Parmi les plus connus, figurent en 1847 les Notices des manuscrits grecs relatifs à la musique, contenant une traduction complète de L’Anonyme, et les Extraits des manuscrits relatifs à la géométrie pratique des anciens Grecs en 1858.
On lui doit aussi un Essai d'une théorie du parallélogramme de Watt publié à Lille en 1838, et de nombreux mémoires sur les mathématiques, la physique et l'archéologie grecque, parus dans Les Annales de Gergonne, Les Nouvelles Annales de mathématiques, Le Journal de Liouville, la Revue archéologique ou encore les Mémoires de la Société des antiquaires.
Ses vues sur les emprunts que la musique peut faire à l’enharmonie des anciens, avec notamment l’emploi du quart de ton, donnent lieu à une audition à l’Institut et sont étudiées par le compositeur français Fromental Halévy.
Alexandre Vincent est élu membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres le 10 mai 1850.
Vers 1859, il oriente ses travaux sur les armes de jet, matière à laquelle il consacre trois années. Il publie entre autres De la balistique chez les Anciens. Analyse en 1862 et La Chirobaliste d’Héron d’Alexandrie. Restitution et traduction en 1866.
Une personne de valeurs
Alexandre Vincent prononce deux discours significatifs durant sa carrière : le 13 août 1848 à la distribution des prix du lycée Monge (renommé ensuite lycée Saint-Louis), où il fait l’éloge du mathématicien Gaspard Monge ; le 23 octobre 1853 à Hesdin, lors de l’inauguration du buste de l’abbé Prévost, auteur de Manon Lescaut.
Catholique pratiquant, il travaille sur un traité exposant rationnellement la vérité du christianisme, lorsqu’il décède brutalement à Paris le 26 novembre 1868. Son ami et biographe, l’historien et homme politique Henri Wallon, évoque ses travaux en concluant par cette phrase : La tombe d’un chrétien demande des prières et non des discours
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La reconnaissance et les distinctions
Alexandre Vincent est officier de la Légion d’honneur, officier de l’Instruction publique et de l’ordre du Sauveur de Grèce.
Membre de la Société archéologique d’Athènes et de l’Académie archéologique de Madrid, il est l’un des fondateurs de l’Association pour l’encouragement des études grecques en France.
Conservateur honoraire de la Bibliothèque des sociétés savantes au Ministère de l’Instruction publique, il est aussi membre de la Société des Antiquaires de France, du Comité des travaux historiques, de la Société philomathique, des Académies d’Arras et d’Amiens, du Comité flamand de France, de la Commission historique du Nord, de la Société des Antiquaires de la Morinie comme de celle de Picardie, etc.