Archives - Pas-de-Calais le Département
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Les mobilisés à la mer demandent la solde militaire

Gravure monochrome représentant une femme de pêcheur de dos, assise sur un rocher surplombant la mer et regardant l'horizon.

Pêcheuse de Granville. [D'après une oeuvre de Charles Demory], lithographie, 1882. Archives départementales du Pas-de-Calais, 4 J 480/70.

Depuis la mobilisation des chalutiers et de ses pêcheurs, l’existence et les conditions de vie de leurs familles à Boulogne-sur-Mer et au Portel sont devenues désastreuses. Bien que considérant les équipages des chalutiers comme des soldats, une circulaire leur dénie le droit à une solde de guerre, faisant de ces hommes les seuls militaires à percevoir une paye civile.

De plus, sous prétexte que leurs maris ont été maintenus à la solde commerciale, et qu’ils ne touchent plus aucune part de pêche puisqu’ils ne pêchent plus, leurs femmes et enfants sont aussi confrontés au refus de l’allocation due aux femmes de mobilisés.

La presse relève ici une incohérence administrative et une injustice consternante à l’égard d’une population maritime déjà maltraitée avant la guerre.

Leurs femmes meurent de faim

Notre population maritime de Boulogne ou du Portel traverse en ce moment une crise des plus graves et la misère y sévit.

Avant la guerre les hommes allaient à la mer et à bord des chalutiers, ils touchaient une solde dite "Commerciale" de quatre-vingt francs par mois. À cette somme s’ajoutait une quarantaine de francs environ. Ils pouvaient donc compter sur un salaire minimum de quatre francs par jour. Quatre francs, c’est peu quand on a une femme, une nichée à nourrir et, neuf fois sur dix, des vieux ou vieilles.

Avec de l’ordre et des privations, les femmes de pêcheurs arrivaient à vivre mal, mais elles vivaient.

PAS D’ALLOCATION !

Maintenant, l’existence de ces pauvres est un cauchemar ! Que s’est-il donc passé ?

Tous les chalutiers ont été mobilisés. Les hommes aussi. Donc, plus de pêche, et naturellement, plus de part de pêche. Ces hommes devenus des marins de l’État, devraient recevoir la solde de guerre. Or, une circulaire ministérielle a décidé, tout en considérant bien les équipages des chalutiers comme des soldats, de leur dénier le droit à la solde de guerre. Ce sont donc les militaires avec une paye civile !

Cette situation anormale en elle-même entraîne des conséquences désastreuses pour les familles des marins.

Ce pêcheur mobilisé, devenu par la force des choses marin de l’État, en est réduit à sa mensualité de quatre vingt francs, pas un centime de plus. Il faut bien, si peu que ce soit, qu’il garde quelque argent de poche. Vingt francs sont à peine suffisants pour ses menus besoins. Il lui reste donc soixante francs. C’est avec ces soixante francs par mois que, depuis près d’une année, des femmes qui ont quatre, cinq, six enfants en bas âge sont contraintes de vivre.

Elles ont réclamé. Elles ont demandé l’allocation dont elles ont un besoin urgent, et à laquelle, sans conteste, elles ont droit.

Elles n’ont pu l’obtenir, uniquement parce que leurs maris ont été maintenus à la solde commerciale. Ils ne touchent plus aucune part de pêche, puisqu’ils ne pêchent pas. Cela ne fait rien, ils sont considérés comme la touchant tout de même !

Et cela, hélas ! C’est toute l’administration !

LE DROIT A L’OPTION

Ces malheureuses se sont écrié :

- Mais enfin, nous mourrons de faim. Rendez-nous nos hommes ou alors donnez-nous la solde militaire !

La solde militaire est de 70 centimes par jour, mais la femme toucherait une allocation de 1 fr. 25 par jour pour elle et de 50 centimes par enfant. Avec cette solde, on a calculé qu’une famille de cinq enfants, par exemple, pourrait avoir un peu plus de cent trente francs par mois. Ce serait le salut, la misère conjurée.

On ne leur répond même pas ! La Marine avait consenti, paraît-il, à payer aux marins leurs solde de soldats, mais le ministre de l’intérieur, Mal[v]y, se refuse à accorder l’allocation due cependant aux femmes de mobilisés.

Plusieurs de nos marins sont aux Dardanelles, exposés à tous les périls et leurs femmes meurent de faim avec 50 à 60 francs au plus par mois ! !

La Croix du Pas-de-Calais, dimanche 17 octobre 1915. Archives départementales du Pas-de-Calais, PE 135/17.