Archives - Pas-de-Calais le Département
Les informations contenues dans cette page ne sont valables avec certitude que jusqu'à cette date et heure.

Naissance d’Ernest Cuvelette, directeur des Mines de Lens

De Polytechnique aux Mines de Lens

Photographie noir et blanc en médaillon d'un homme âgé tourné de trois-quart.

Portrait d'Ernest Cuvelette publié dans une plaquette publiée par la Société des mines de Lens, Lille, imprimerie L. Danel, 1936. Archives départementales du Pas-de-Calais, BHC 1124/9.

Fils d’un cultivateur, Charles Louis Joseph Cuvelette, et d’Isabelle Stéphanie Vasseur, Ernest Cuvelette naît le 3 avril 1869 à Romery dans l’Aisne. Scolarisé à l'école primaire supérieure d'Hirson puis au lycée de Douai, il entre à l'École polytechnique en 1889, puis à l'École nationale supérieure des mines de Paris, en qualité d’élève ingénieur.

Nommé ingénieur du corps des mines en 1894, et après un an de service militaire, il débute une carrière administrative qui le conduit successivement de Toulouse à Clermont-Ferrand puis à Alès, avant de rejoindre Arras, comme chargé du contrôle des mines. C’est là qu’il rencontre Élie Reumaux, directeur général des mines de Lens. Ce dernier lui demande de quitter le service de l’État pour entrer en août 1906, après quelques mois de stage aux hauts fourneaux de Pont-à-Mousson, comme sous-directeur aux mines de Lens, puis directeur général adjoint en août 1909.

Lens et Cuvelette durant la Grande Guerre

Durant la guerre, alors qu’Élie Reumaux assiste impuissant à la ruine des installations de Lens, Ernest Cuvelette, officier de réserve, doit rejoindre son poste au parc d’artillerie du Havre. C’est là qu’il est remarqué par le Ministre de la Défense qui le nomme chef au service du matériel chimique de guerre pour obtenir un développement rapide et puissant.

C’est ensuite le Sous-secrétaire d’Etat aux fabrications de guerre qui appellera Ernest Cuvelette au service des produits métallurgiques où sa compétence et son énergie feront merveilles (de juin 1915 à décembre 1916, Cuvelette dirige la section technique et industrielle du matériel chimique de guerre ; de décembre 1916 à octobre 1918, le service des produits métallurgiques au ministère de l'Armement). Il intensifie la production des usines de guerre, lance des fabrications nouvelles et joue dans l'approvisionnement des armées en moyens de combat un rôle dont l'importance fut soulignée par Foch lui-même.
Promu chef d’escadron en septembre 1915, il termine la guerre comme lieutenant-colonel d’infanterie. Détenteur de la Croix de la Légion d’Honneur depuis 1913, Cuvelette reçoit sa rosette en Juillet 1917.

C’est au milieu des ruines qu’Ernest Cuvelette retrouve Lens fin novembre 1918. Très vite il réfléchit aux étapes du relèvement de la mine sinistrée et à la reconstitution matérielle et financière. Nommé directeur général de la Société le 1er janvier 1919, il est invité à siéger au sein du Conseil en juin 1920. À la mort de M. Reumaux en 1922, il est nommé Administrateur délégué de la "Société Houillère de Sarre et Moselle", charge qui lui imposera de lourds déplacements.

Le gouvernement qui avait apprécié ses services durant la guerre aura de nouveau recours à ses avis pour la remise en route des charbonnages de la Ruhr. La Cravate de commandeur lui est ainsi attribué le 9 février 1924, avec pour mention :

A rendu à l’industrie houillère française des services particulièrement éminents. Depuis 1919, s’est consacré à la reconstruction des Mines de Lens avec une compétence et une activité dont les résultats obtenus constituent le témoignage le plus éclatant. D’autre part, dans l’étude et la solution des problèmes délicats de l’heure présente, principalement de ceux ouverts par l’exploitation des Houillères de la Ruhr, s’est révélé un conseiller de tout premier ordre.

Engagé dans le développement des mines françaises

En 1925, après la reconstruction, Ernest Cuvelette songe au développement du site et à l’avenir des mines françaises qui ne pourrait être assuré qu’en poussant au maximum la transformation du charbon. À Lens, et par l’intermédiaire de multiples sociétés associées, il va créer un faisceau d’industries, son rêve étant que plus une tonne de charbon ne sorte de Lens, mais que tout soit transformé en gaz, en électricité ou en produits chimiques sur place.

Qu’il s’agisse de défendre les intérêts de la corporation minière ou les intérêts français, la présence de Cuvelette à la tête de toute délégation officielle devient indispensable (Comité consultatif des Mines, Conseil de l’Ecole Nationale Supérieure des Mines, Conseil supérieur des Chemins de fer, Expert chargé de la défense des intérêts du charbon national à la Société des nations à Genève, etc.).

Fin de vie

Mais la crise économique qui se fait sentir dès 1931 ébranle quelques-unes de ses affaires et l’affecte vivement. Malade, il doit abandonner ses fonctions de Directeur Général de la Société des Mines de Lens en octobre 1935, puis celles de la presque totalité de ses postes d’administrateur. Félix Bollaert, président du Conseil d’administration de la Société des Mines de Lens, lui remet le 18 octobre 1935 le diplôme et la Médaille d’Honneur du Travail que le ministre lui avait décerné le 8 octobre. Bien qu’il n’ait pas terminé ses trente années de service aux Mines de Lens, le gouvernement avait estimé qu’il convenait d’appliquer au cas d’Ernest Cuvelette la dérogation prévue par le décret du 12 février 1895, étant donné les services exceptionnels rendus à l’industrie.

Malade, Ernest Cuvelette s’éteint le 9 mars 1936. Selon la volonté de la famille, un seul discours sera prononcé par le Président du Comité central des Houillères de France, M. de Peyerimhoff, à l’issue de la cérémonie célébrée le 14 mars en l’église Saint-Pierre du Gros Caillou à Paris. Il est inhumé au cimetière de Boulogne-sur-Seine. Le samedi 17 mars, un service présidé par Mgr Dutoit sera célébré en l’église Saint-Léger de Lens devant une nombreuse assistance.

Si Ernest Cuvelette fut un grand ingénieur et un grand administrateur, il laisse aussi l’image d’un chef qui avait compris la grandeur de son rôle et qui, avec beaucoup de sollicitude et d’intérêt pour son personnel, s’était préoccupé des questions sociales et des moyens matériels de vie chez l’ouvrier en particulier.