Archives - Pas-de-Calais le Département
Les informations contenues dans cette page ne sont valables avec certitude que jusqu'à cette date et heure.

Naissance du docteur Ernest Schaffner, maire de Lens

Député du Pas-de-Calais de 1958 à 1966, élu maire de Lens le 16 octobre 1947, fils du conservateur de la cathédrale de Strasbourg, Ernest Schaffner obtient le diplôme de docteur en médecine dans la capitale alsacienne. Assistant de clinique universitaire, il doit interrompre sa préparation au clinicat pour raisons de santé. Il occupe de 1924 à 1928 des postes d’assistant dans plusieurs sanatoriums d'Alsace et effectue des stages à l'étranger, notamment à l’hôpital de Santa-Creu de Barcelone et à Budapest. En juin 1928, après un concours sur titres, il est nommé médecin-chef des dispensaires antituberculeux d'hygiène sociale de la région de Lens.

Recherches sur la phtisie et la silicose

Ernest Schaffner crée et dirige ainsi les dispensaires d’Hénin-Liétard, Avion, Carvin, Oignies, Bully, Grenay et Vitry-en-Artois. On devine l’acharnement et le dévouement qu’il lui a fallu pour organiser les services de phtisiologie dans les caisses de secours miniers, tout comme sa contribution à la naissance du sanatorium départemental d'Helfaut, à l’administration duquel il participe dès 1932.

Texte dactylographié tiré d'un cahier à spirale. On remarque en bas une photographie noir et blanc du docteur Schaffer.

Brochure de présentation du Centre hospitalier de Lens avec un historique et une préface du docteur Schaffner, avril 1959 (photo Cuvelier, Lens). Archives départementales du Pas-de-Calais, BHD 956/5.

Nommé médecin-chef de l'hôpital de Lens en 1935, il dirige jusqu'à sa mort le service de pneumo-phtisiologie en s'efforçant d'y apporter un esprit de méthode rigoureux et avancé.

Soucieux des conditions d'existence précaires des mineurs, et surtout des ravages de la phtisie et de la silicose, il s'adonne au classement des différents cas à l'aide de radiographies. Ses recherches, entreprises alors que la protection des praticiens contre les attaques des radiations n'est pas encore au point, font de lui un véritable martyr de la science, car il a pu effectuer jusqu'à deux cents examens radiographiques par jour.

Atteint de radiodermite, il subit dix-huit interventions chirurgicales en dix ans, dont l'amputation de la main gauche et trois doigts de la main droite.

Un homme passionné et engagé

Lorsqu'il ressent une certaine fatigue morale, Schaffner part à Lambaréné au Gabon, voir son ami le docteur Albert Schweitzer, qui avait été son professeur de philosophie et dont il avait souvent écouté les interprétations de Bach à l’orgue de la cathédrale de Strasbourg avant qu'ils ne se destinent l'un et l'autre à la médecine.

Lui aussi va s’illustrer sur d’autres plans que la seule médecine. Il est successivement membre actif du Football club de Strasbourg, président du Moto-Club de France et président d’honneur du Racing Club de Lens.

Une de Nord Matin du 24 septembre 1966 sur laquelle on remarque un article consacré à la mort d'Ernest Schnaffer ainsi qu'une photographie noir et blanc de ce dernier avec la légende "Disciple du Docteur Schweitzer qu'il rencontra à Lambarené, le Docteur Schnaffer était, lui aussi, un héros de la science".

"Le docteur Schaffner, député-maire de Lens, martyr de la science, est mort hier", dans Nord Matin du 24 septembre 1966. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG 236/124

Étudiant, il avait été élu président des Jeunesses socialistes de Strasbourg. Membre du conseil municipal de Lens depuis 1935, il en démissionne en 1941.

Il reste toutefois en ville sous l'Occupation, mais entre très tôt en Résistance. En 1942, il est nommé délégué départemental des services sanitaires de la Résistance du Pas-de-Calais au titre du mouvement de l'Organisation civile et militaire et de l'organisation Pasteur-Vallery-Radot. Président de l'association départementale des forces françaises libres de 1948 à 1959, il en reste ensuite le président d'honneur.

Son dynamisme, son dévouement aux malades et le courage dont il a fait preuve durant l’Occupation lui valent une popularité qui l'amène le 16 octobre 1947 à la tête de la municipalité de Lens, au Conseil général du Pas-de-Calais la même année, puis à l'Assemblée nationale en novembre 1958 où il s'inscrit au groupe socialiste. Sa haute silhouette, son abord noble ainsi que la netteté de son expression ne laissent pas indifférents les autres élus du Palais Bourbon, où il participe activement aux travaux de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales.

Cet homme hors du commun, au courage physique, intellectuel et moral héroïque, continue jusqu’à sa mort à Lens, le 23 septembre 1966, à soigner les mineurs, pour lesquels il a organisé une caisse de retraite, et à remplir consciencieusement ses mandats de premier magistrat municipal, de conseiller général et de parlementaire. Il est aussi vice-président de l'association des maires du Pas-de-Calais et préside encore de nombreuses autres associations.

Promu officier dans l’ordre de la Légion d'honneur, Ernest Schaffner a été également titulaire des médailles de la Résistance et de la France libre, commandeur de l'Ordre de la santé publique, officier du Mérite social, chevalier des Palmes académiques, officier de l'Ordre de Léopold, Grand croix de la résistance polonaise… Lors du Conseil des ministres du 18 mai 1955, il a fait l’objet d’une citation à l’ordre de la Nation, comme noble illustration de la médecine française qui mérite la reconnaissance de la Nation .

Sources

  • Organisation des obsèques du docteur Ernest Schaffner : faire-part de décès, projet de discours du préfet, texte d’allocution de M. Chochoy lors de la séance du Conseil général du 10 octobre 1966, coupures de presse. Archives départementales du Pas-de-Calais, 1 W 54567/6-7

Bibliographie

  • Articles publiés lors des obsèques du docteur Schaffner le 27 septembre 1966 dans La Voix du Nord (Archives départementales du Pas-de-Calais, PG 231/151) et Nord Matin. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG 236/124
  • J. BOURIEZ, "Contribution à l’histoire locale. Lens, les maires Decrombecque, Basly, Maes et Schaffner", Bulletin de la Société de recherches historiques de la région d’Hénin-Carvin, 1980. Archives départementales du Pas-de-Calais, BHB 4007/5