Archives - Pas-de-Calais le Département
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Le Point du jour, film tourné à Liévin en 1948 par Louis Daquin

Article de presse retranscrit ci-dessous.

Nord Éclair, 25 juin 1948. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG 6/19.

Produit par Ciné France Film en 35 mm (visa délivré le 1er décembre 1948), Le Point du jour expose les difficultés et la fierté des mineurs et de leurs familles, autant que leur jeunesse et leurs espoirs.

Il met en scène plusieurs intrigues, qui se développent et se croisent :

  • Marek, un immigré polonais, est prêt à renoncer à son mariage pour rentrer au pays ;
  • Roger, un jeune garçon de 14 ans, ne veut pas travailler à la mine mais découvre finalement l'amour de son métier ;
  • Larzac, un ingénieur parisien d’origine bourgeoise (joué par Jean Desailly), entend s’intégrer au monde des mineurs, au contact du délégué syndical, Marles.

Centré sur l’alliance des classes dans le cadre de la "bataille de la production", le film évoque aussi la misogynie ambiante dans les milieux ouvriers face à l’émancipation des femmes, au travers de l'histoire de Marie (Loleh Bellon), une trieuse, amoureuse de Georges (Michel Piccoli) : Marie ne veut plus épouser le jeune homme quand elle comprend qu'il ne souhaite pas la laisser travailler après le mariage.

Divers rebondissements

Article de presse retranscrit ci-dessous.

Nord Éclair, 21 mai 1948. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG 6/19.

Le film connaît divers rebondissements, de l’écriture du scénario à l’automne 1947 au tournage, entre le 27 mai et le 12 août 1948. Il y a d’abord le départ de Roger Vailland, auteur de la première version du scénario (et auparavant dialoguiste des Frères Bouquinquant), remplacé par l’écrivain d’origine russe Vladimir Pozner.

Louis Daquin, qui a engagé dès 1946 des pourparlers avec la direction des Houillères, voit cette dernière se montrer beaucoup moins favorable au projet après le départ des communistes du gouvernement en mai 1947, puis les grèves de novembre-décembre. L’accord, conclu le 25 mai 1948, l’oblige à opérer soixante-cinq coupes au montage et à modifier le scénario pour le rendre plus acceptable ; l’évocation de la catastrophe de Courrières de 1906 est ainsi édulcorée : la date est supprimée, il n’y a aucune remise en cause des compagnies et le nombre des victimes passe de 1 100 morts à "plus de 300" ; les noms des personnes et des lieux sont aussi modifiés, tandis que sont passés sous silence le système des amendes aussi bien que la silicose.

Louis Daquin a voulu donner à cette fiction un aspect réaliste, en montrant le quotidien des mineurs, en tournant une grande partie des scènes en extérieur dans les corons, sur les fosses n° 1 de Lens et n° 6 de Liévin, et en reconstituant minutieusement des galeries pour les scènes du fond. La narration du film est continue, exceptés trois flash-back : les premières exploitations, une catastrophe minière et la grande grève de 1941.

À la fin de l’année 1948, Louis Daquin réalise un court-métrage militant sur la grève durement réprimée de l’automne, La Grande Lutte des mineurs ; celui-ci est aussitôt interdit par la censure, en conséquence de l’arrêté ministériel du 6 décembre. Le Point du jour sort finalement au printemps 1949 ; il n’est projeté dans le bassin minier qu’en décembre, alors qu’une avant-première avait été envisagée à Lens, annulée semble-t-il en raison de l’agitation sociale.