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Naissance d’Arthur-Joseph Lamendin, le "député mineur" du Pas-de-Calais

Né à Lourches (Nord) le 2 mars 1852, Arthur Lamendin est avec Émile Basly l’une des grandes figures du syndicalisme minier du Nord-Pas de Calais.

La voix des mineurs

Fils d’un garde particulier des mines et d’une herscheuse, Arthur Lamendin travaille très jeune sur le carreau de la fosse et descend au fond dès l’âge de douze ans. En 1874, il se fait engager par la compagnie de Liévin comme chef de coupe à la fosse 1.

Caricature en couleurs montrant à gauche Édouard Lamendin (avec les légendes "député du Pas-de-Calais, comité des revendications ouvrières" et "Vive la grève! À bas les jouisseurs") attablé, une serviette autour du cou, à droite Basly (avec les légendes "député du Pas-de-Calais, syndicat des mineurs" et "Vive la Sociale. Droit au travail. Mort aux feignants qui travaillent") attablé également. Au milieu d'eux, sous l'enseigne "permanence", se tient un squelette qui porte le costume et les attributs du mineur (chapeau, pic et lampe à pétrole). À ses pieds, sous la table de Basly, un chien rogne un os. On lit sous ce dessin la légende "Courage, brave mineur, nous t'ordonnons encore quelques semaines de jeûne, après quoi, tu assisteras au triomphe de nos principes".

Édouard Guillaumin, dit Pépin (1842- ?), "Détournement de mineur", dans Le Grelot, 5 novembre 1893. Archives départementales du Pas-de-Calais, 4 J 487/6.

Ses premières tentatives pour réunir en syndicat les mineurs du Pas-de-Calais datent de 1882 : il monte alors une section à Lens et à Liévin, puis ouvre des permanences à Hénin, Bruay, Bully et Ferfay. Ces projets lui valent l'hostilité de la Compagnie qui ne tarde pas à le congédier lors de la grande grève du bassin d’Anzin (février-avril 1884). Lamendin n'en continue pas moins sa propagande : il est l'un des promoteurs de la grève de 1889 et devient le secrétaire général de l'Association syndicale des mineurs du Pas-de-Calais à la même époque.

Un engagement politique

En 1890, il est nommé membre du Conseil supérieur du travail par le ministre du Commerce et de l'Industrie. L’année suivante, il est élu conseiller municipal de Liévin ; en 1892, lors d'une élection législative partielle dans la deuxième circonscription de Béthune, il recueille 12 242 voix contre 6 035 pour son adversaire, Monsieur Delisse ; il est réélu facilement de 1893 à 1914. Son programme renferme trois points essentiels : la lutte contre les grandes compagnies financières, le maintien de la paix mais aussi la préparation d'une éventuelle défense, enfin la large diffusion de l'instruction primaire. Il est aussi l'un des premiers à se prononcer pour l'impôt progressif sur le revenu.

Inscrit au parti socialiste, le député Lamendin prend régulièrement part aux débats de la Chambre qui touchent à la condition ouvrière. Il soutient la proposition de Basly tendant à l’organisation d'une "grande commission" d'enquête sur les conditions de travail dans les mines et intervient en faveur de la création de caisses de secours et de retraites des ouvriers mineurs. Il collabore ardemment à l'élaboration de la législation sur les conseils de prud'hommes et les accidents du travail. Il ose même proposer "l'amnistie pour faits de grèves et faits connexes" en 1902. Fidèle à son programme, il intervient aussi souvent dans les discussions concernant l'éducation nationale comme en 1913 sur les thèmes de la fréquentation scolaire et la défense de l’école laïque.

En 1904, il devient conseiller général du canton de Lens-Ouest, puis maire de Liévin en 1905, mandat qu'il exerce jusqu'en juin 1912, date à laquelle il est battu aux élections municipales par Pierre Leroy.

De 1914 à 1916, Arthur Lamendin sert d’interlocuteur auprès de l’occupant allemand et participe au ravitaillement de la ville qui manque de vivres. Il doit toutefois être rapatrié à Paris sur les instances de la Croix Rouge en décembre 1916 pour raisons de santé.

Gravement malade, Arthur Lamendin ne peut pas solliciter un nouveau mandat de député en 1919 mais reste néanmoins président de la section du parti socialiste de Neuville-sur-Escaut. Il meurt dans cette ville le 3 novembre 1920 à l’âge de 68 ans.

Bibliographie

  • J. BÉCOURT, Arthur Lamendin (1852-1920), un député au service de son syndicat, Université de Lille 3, 1972. Archives départementales du Pas-de-Calais, Ms 251 
  • J. BOURIEZ, "Les syndicalistes de Lens", dans Bulletin de la Société de recherches historiques de la région d'Hénin-Carvin, 1986,  11, pages 5 à 18. Archives départementales du Pas-de-Calais, PC 436/2 
  • C. DHÉRENT, A. KUHNMUNCH, R. TREMPÉ, Les conventions collectives de la mine (1891-1947), Archives départementales du Pas-de-Calais, 1991. Archives départementales du Pas-de-Calais, BHD 909/7
  • Dictionnaire des parlementaires français. Notices biographiques sur les ministres, députés et sénateurs français de 1889 à 1940, publié sous la direction de J. JOLLY, Paris, 1960-1972
  • P. MAQUERON, L'œuvre du Syndicat du Pas-de-CalaisLille, 1904, page 158
  • J.-P. ROGER, Arthur Lamendin. Le député, le syndicaliste, le maire, Liévin, 1978, 49 pages