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Naissance de Georges Carpentier à Liévin

Georges Carpentier, dit "le grand Georges", boxeur légendaire qui a traversé plusieurs fois la Manche et l’Atlantique pour combattre des adversaires dans toutes les catégories, est né à Liévin le 12 janvier 1894.

Les débuts d'un champion

Fils de Benoît Carpentier, ouvrier mineur, et d’Angelina Lepot, ménagère, il grandit à Lens.

La légende raconte qu’il se fait remarquer à l’âge de dix ans, lors d’une bagarre d’école, par François Descamps, alors président de la société de gymnastique de la Maison du Peuple de Lens. Sans le savoir, il rencontre ce jour-là celui qui va devenir son entraîneur, son conseiller, mais surtout un ami qui l’accompagnera durant toute sa carrière.

C’est ensemble qu’ils sillonnent les galas de la région puis les salles parisiennes et étrangères quand la carrière du jeune Carpentier prend une autre dimension.

Georges Carpentier commence son parcours de boxeur en pratiquant la boxe française : élève doué, il décroche en 1907, à treize ans, le titre de champion de France junior.

Après avoir débuté la boxe anglaise en 1908, il remporte le championnat du monde amateur le 4 décembre, devient en 1911 champion de France et d’Europe des welters. Le titre européen des poids moyens lui revient à Monte-Carlo le 29 février 1912 et celui toutes catégories à Gand le 1er juin 1913.

À vingt ans, il compte à son palmarès 73 matchs, dont 67 gagnés : il est à la tête d’une petite fortune. Boxeur adulé et extrêmement populaire, on lui consacre un film muet en 1913, Le roman de Carpentier, version romancée de sa vie, tournée à Lens avec les acteurs Berthe Bovy et Harry Bauer.

Photographie noir et blanc de Georges Carpentier jeune, torse nu et en position de combat.

"Le premier français champion du monde", dans Nord Matin, 29 octobre 1975, p. 3. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG 236/249.

Un soldat exemplaire

Georges Carpentier est mobilisé le 5 août 1914 et sert dans l’armée de l’air comme sergent aviateur.

Distingué à la reprise du fort de Douaumont en octobre 1916, il reçoit la médaille militaire des mains du président de la République alors qu’il est déjà titulaire de la croix de guerre. Le 11 novembre 1918, il est affecté comme moniteur à l’École de Joinville.

Lorsqu’il réintègre la vie civile, il reprend rapidement sa carrière de boxeur. C’est aussi à cette période qu’il connaît une courte carrière dans le rugby à XV, autre sport qu’il pratique avec une certaine dextérité au sein de l’équipe parisienne du sporting club universitaire de France et qui le voit disputer le championnat de France 1918-1919.

Champion du monde

Le 14 décembre 1919, Georges Carpentier bat à Londres en un round l’anglais Joe Beckett, lui enlevant ainsi son titre de champion d’Europe des poids lourds, en présence du prince de Galles.

Il combat dans pratiquement toutes les catégories et devient champion du monde des mi-lourds à Jersey City aux États-Unis en mettant KO Battling Levinsky le 12 octobre 1920.

Il est le premier français à devenir champion du monde de boxe anglaise. Pour le titre mondial des poids lourds, il échoue le 2 juillet 1921 face à Jack Dempsey : ce match lui vaut néanmoins une renommée mondiale, car sa défaite est due à une fracture à la main droite dès le 2ième round. Il perd ensuite ses titres de champion mi-lourds de France, d’Europe et du Monde au stade Buffalo le 24 septembre 1922, contre Battling Siki par KO au 6ième round.

De 1922 à 1926, c’est le déclin progressif. Malgré sa juvénilité légendaire, "le grand Georges" n’est plus fait pour le ring. Il se retire de la compétition sur une victoire obtenue le 15 septembre 1926 au troisième round contre Rocco Stramaglia. Il a à son palmarès 109 combats, dont 88 victoires, 5 nuls, 15 défaites et 1 non-décision.

"Chez Georges Carpentier"

Jeune retraité des rings, il trouve une reconversion à sa mesure : celle des planches. En 1927, il s’essaie aux claquettes et pousse même la chansonnette à l’affiche du Palace.

Article de presse retranscrit ci-dessous.

"Le premier français champion du monde", dans Nord Matin, 29 octobre 1975, p. 3. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG 236/249.

Il part en tournée en Europe avant de rejoindre les États-Unis où il côtoie les stars d’Hollywood. Son aventure américaine finit pourtant mal : Carpentier est presque ruiné par le krach de Wall Street.

De retour à Paris, il investit ses dernières économies dans un bar à cocktails "Chez Georges Carpentier", qu’il inaugure le 15 mars 1935. Cet établissement et le suivant lui permettent de rester en contact avec le milieu sportif et les champions qu’il reçoit ; il est aussi un hôte distingué pour ses clients industriels, les artistes et gens du monde…

Sa présence aux grandes rencontres sportives ou aux soirées parisiennes amène toujours un surcroît de prestige à l’évènement. Il reste la légende qu’on photographie ou qu’on interviewe, celui qu’il est bon de côtoyer et d’entourer.

Durant la seconde guerre, Georges Carpentier est réaffecté à la base aérienne de Duguy le 15 mai 1939. En poste au 107ième bataillon de l’air le 8 septembre, il est transféré au 104ième bataillon de l’air le 13, et est muté dès le 29 au 117ième, au poste de moniteur-chef d’éducation physique. Il est démobilisé le 25 juin 1940.

En février 1944, il est invité à l’inauguration du premier cinéma d’actualités ouvert depuis la guerre et assiste à la projection d’un film retraçant sa carrière. Le 7 septembre 1948, on lui confie la fonction d’ambassadeur du sport français à l’étranger. Durant quelques mois de 1954, il se confie au journaliste sportif Bob de Thomasson, qui publie Mon match avec la vie en octobre. Le livre est jugé courageux et plein d’humour.

Sportif populaire et respecté par ses pairs, Georges Carpentier est nommé en janvier 1965 président d’honneur du comité national de boxe française, nouvellement créé. Il est fait officier de la Légion d’honneur le 30 mars 1972. Officier de l’Ordre national du mérite, il est en outre commandeur du mérite sportif.

Il décède à Paris, le 28 octobre 1975. "L’homme à l’orchidée", tel était son surnom outre-Atlantique, ce boxeur légendaire, modeste et séduisant, rassemble une dernière fois la foule devant l’église de la Madeleine le 29 octobre. Il est inhumé au cimetière de Vaires-sur-Marne, dans le caveau familial. Une autobiographie avec Jacques Marchand Mes 80 rounds sort la même année, aux éditions Olivier Orban.

Bibliographie

G. HAŸ, "Georges Carpentier", Les dossiers de Gauhéria 4, 1993, 244 p. Archives départementales du Pas-de-Calais, PC 1290/2