Durant toute la guerre, la partie occidentale du bassin minier reste aux mains des Alliés. Fin 1914, l’extraction a repris dans les fosses de la compagnie de Béthune et l’activité y est intense malgré les fréquents bombardements.
Le gouvernement incite les exploitations minières à produire toujours plus, afin de soutenir l’effort de guerre. En parallèle, on creuse et on aménage de nouveaux puits pour intensifier la production. C’est dans ce contexte que la loi des 8 heures adoptée en juillet 1914 est abandonnée : le temps de travail passe à 9 heures en 1915 et à 10 heures en 1916-1917.
Enjeu économique dans un conflit qui mobilise toutes les ressources du pays, les concessions houillères font l’objet d’un pilonnage méthodique de la part des Allemands. Les installations proches des zones de combats sont davantage exposées, comme en témoignent les fosses de Nœux, Labourse et Verquin, cibles concomitantes dans les échauffourées du secteur de La Bassée-Bully-Grenay en mars 1915.
À Nœux-les-Mines
Depuis le 13 octobre dernier, jour où une dizaine d’obus de gros calibre sont tombés sur les usines de la compagnie des mines, sans y occasionner de bien grands dégâts, les Allemands avaient semblé mettre un frein à leurs instincts destructeurs.
Est-ce par dépit de constater leur impuissance à percer les lignes françaises, cette trêve vient d’être rompue.
Déjà samedi matin ils avaient lancé sur la fosse n° 6 des mines de Nœux, sise à Labourse, une douzaine d’obus dont l’un atteignant le bâtiment provisoire de la fosse bis l’avait complètement détruit. Un bâtiment servant de magasin subit le même sort.
Mais le lendemain dimanche ils recommencèrent le bombardement avec plus d’intensité à l’aide d’obus de gros calibre du type marine.
Ils s’attaquèrent d‘abord à la fosse n° 6 et ne s’arrêtèrent que lorsqu’ils virent le chevalet de cette fosse prendre feu. Un des câbles d’extraction s’enflamma à son tour et tomba dans le puits avec la cage qui y était attachée.
Un des obus étant tombé sur le criblage souleva par l’effet de l’explosion toute la toiture du bâtiment et endommagea la moitié des appareils.
Allongeant leur tir les artilleurs allemands prirent alors pour objectif les fosses n° 3 et 3 bis, voisines de la gare de Nœux.
Dans l’espace de quelques instants le chevalet de la fosse n° 3 s’enflammait.
Les obus continuant de tomber endommagèrent le bâtiment d’extraction de la fosse bis, coupèrent un câble qui disparut dans le puits et réduisirent en un monceau de décombres un bâtiment à usage d’atelier.
L’incendie a pu être, avec l’aide de la troupe, rapidement circonscrit et ne se communiqua ni au bâtiment de la machine d’extraction, ni à celui du criblage, mais le chevalet a été entièrement brûlé.
Les dégâts causées aux fosses 6 et 6 bis, 3 et 3 bis sont relativement importants et nécessiteront, pour leur réparation, une immobilisation de ces fosses pendant un temps assez long.
Les Allemands ont ensuite essayé de bombarder la fosse n° 8, située sur le territoire de Verquin, mais leurs obus, arrivés sans doute à bout de course, ne parvenaient pas jusqu‘à elle.
La Croix du Pas-de-Calais, dimanche 7 mars 1915. Archives départementales du Pas-de-Calais, PE 135/17.