Saint Josse, abandonnant les grandeurs de ca monde [...] . Portrait en pied du saint. Archives départementales du Pas-de-Calais, 4 J 482/163.
Bien que relativement éloigné du front, le Montreuillois n’est pas épargné par les affres de la guerre. En cette période trouble, le sentiment religieux progresse ; la religion étant devenue un refuge face au malheur. C’est la raison pour laquelle, le pèlerinage de Saint-Josse ne peut pas être annulé, en cette année 1915.
Depuis des siècles, les pèlerins - notamment des marins étaplois et berckois - viennent nombreux participer aux festivités qui ont lieu de la Pentecôte à la Trinité, afin d’obtenir la protection de Saint Josse.
Ce dernier était un prince breton du VIIe siècle, qui préféra s’engager dans l’érémitisme, plutôt que de succéder à son père. Il partit vivre sa foi sur les rives de l’Authie où il reçut la protection du comte Haymon, après lui avoir sauvé la vie. Selon la légende, ce seigneur du Ponthieu, à la suite d’une chasse, s’était arrêté, épuisé et assoiffé, dans un lieu aride. Saint Josse le trouva par hasard et fit apparaître deux fontaines en frappant le sol de son bâton de pèlerin. En outre, cette eau aurait la vertu de guérir les maladies ophtalmiques, ainsi que l'eczéma.
Les lieux saints étant toujours des endroits propices au commerce ; en 1915, les pèlerins peuvent faire l'acquisition d'une copie d'une statue du saint homme, réalisée par Jules Déchin (1869-1947), statuaire originaire de Lille.
On a pu se demander : le grand pèlerinage de saint Josse, le jour et le lendemain de la Trinité, aura-t-il lieu cette année ?
Oui, évidemment plus que jamais dans les circonstances présentes ; des foules immenses viendront demander, au bon saint, la consolation de leurs peines, le salut des leurs exposés aux plus grands périls dans cette terrible guerre et la victoire de la Patrie.
Le mardi de la Pentecôte, pèlerinage à Bavémont, selon le rite et aux heures habituels.
Le 30 mai, des messes seront dîtes d’heure en heure devant le châsse à partir de 4 heures du matin ; confessions et communions.
A 11 heures, procession et messe en plein air, à la Croix Coupée, par M. l’Abbé Maillard, curé de Merlimont. Sermon par M. le chanoine Baillet, archiprêtre de Montreuil. Vêpres à 3 heures.
Lundi de la trinité, grand’messe à 10 heures 30, sermon par M. l’abbé Bocquet, curé de Sorrus ; salut à 4 heures par le Pensionnat de Sainte-Austreberthe.
Les pèlerins de cette année pourront admirer une statue nouvelle de Saint-Josse, créée par le maître sculpteur Jules Dechin, auteur du groupe de Lourdes : "La Vierge guérissant les malades". Ils pourront emporter de cette statue un fac-similé en ivoirine, qui sera le plus beau souvenir jusqu’ici du pèlerinage.
Cette année, à cause de la guerre, les compagnies ne formeront pas de trains spéciaux et n’accorderont pas de réductions. Mais restent les trains ordinaires.
Prière de s’informer des heures vers le 30 mai.
La Croix du Pas-de-Calais, jeudi 6 mai 1915, PE 135/17.