Archives - Pas-de-Calais le Département
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Fermeture du centre Georges-Besnier jusqu'à nouvel ordre

En raison d’une panne du chauffage du Centre Georges-Besnier, sa salle de lecture (Arras) ferme jusqu’à nouvel ordre. Pour toute recherche administrative urgente sur les fonds conservés sur le site concerné (archives contemporaines), nous vous invitons à nous contacter pour une communication par correspondance ou, en cas de nécessité pratique, pour organiser une session de consultation en salle de lecture du Centre Mahaut-d’Artois des documents nécessaires à votre recherche.

Nous vous prions de nous excuser pour la gêne occasionnée et vous remercions par avance de votre compréhension.

Naissance de l'universitaire Albert Châtelet à Valhuon

Fils d'instituteur, Albert Châtelet laisse le souvenir d'un grand mathématicien et d’un grand administrateur. Infatigable homme de terrain, son engagement revêt plusieurs facettes : pour l'éducation principalement, mais également vers les milieux associatifs et politiques.

Un élève brillant

Albert Châtelet naît le 24 octobre 1883 à Valhuon. Après de brillantes études au collège de Saint-Pol-sur-Ternoise puis au lycée de Douai, il entre à l'École normale supérieure en 1904.

Diplôme imprimé et manuscrit sur lequel on lit "République Française. Ministère de l'instruction publique et des Beaux-Arts. Le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, vu l'article 32 du décret organique du 17 mars 1808 ; vu les ordonnances royales des 14 novembre 1844, 9 septembre 1845 et 1er novembre 1846 ; vu les décrets des 9 décembre 1850, 7 avril et 27 décembre 1866, 24 décembre 1885 et 4 août 1898, arrête : Monsieur Châtelet Albert-François, Instituteur primaire public honoraire à Pernes-en-Artois, Pas-de-Calais, délégué cantonal, est nommé Officier d'Académie. Fait à Paris le 10 mars 1911. Pour ampliation : le Chef adjoint du Cabinet, le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, signé T. Steeg".

Diplôme d'officier d'académie daté du 10 mars 1911. Archives départementales du Pas-de-Calais, 81 J 122.

Agrégé de mathématiques quatre ans plus tard, il prépare une thèse d'arithmétique supérieure et devient professeur au lycée de Tours. Docteur ès-sciences en 1913, il est chargé de cours à la faculté des sciences de Toulouse avant d’être nommé à Lille comme maître de conférences de mécanique pour la rentrée de 1914, mais la guerre l'empêche de prendre son poste. Mobilisé dans le service de santé aux armées, il est par la suite affecté à la commission d'artillerie navale dans le Morbihan.

Recteur de l'académie de Lille

En 1919, Albert Chatelet peut enfin prendre ses fonctions à Lille. Devenu professeur de mathématiques générales puis de mécanique rationnelle, il est élu doyen de la faculté des sciences en 1921.

Il poursuit néanmoins ses recherches d’arithmétique, assure les fonctions d’examinateur d’entrée à l’École navale et à l’École normale supérieure, et de membre du jury de l’agrégation de mathématiques.

Il n'accomplit qu'un mandat, car il est appelé, en juin 1924, à prendre la succession de Georges Lyon comme recteur d’académie et président du conseil de l’université de Lille. Il accomplit une œuvre remarquable dans ces deux fonctions : sous sa direction, la faculté puis l'université achèvent de panser les plaies de la guerre et de reconstituer leurs équipements, elles participent au développement régional en diversifiant les enseignements et en intensifiant les recherches.

Albert Châtelet suscite la création de nombreux instituts (mécanique des fluides, radiotechnique, houille, institut agricole, stomatologie, médecine légale, institut commercial, etc.) et surtout l’édification de deux maisons d'étudiants, qu’il baptise des noms de Georges Lefèvre et de Georges Lyon. Il entreprend la construction de la nouvelle faculté de droit et prépare le transfert de celle de médecine sur le site de la future cité hospitalière.

Photographie noir et blanc montrant 14 hommes autour d'une grande table de travail. On reconnaît Albert Châtelet siégeant en bout de table.

Le Conseil d'université présidé par Albert Châtelet, recteur. Photographie tirée d'un album offert lors du départ d'Albert Châtelet à ce poste en 1937. Archives départementales du Pas-de-Calais, 81 J 112.

Apprécié et estimé de ses administrés et collaborateurs, Albert Châtelet laisse des regrets unanimes, lorsqu'il doit quitter Lille pour prendre la direction de l'enseignement du second degré sous le ministère Jean Zay (1937). Durant les trois ans où il exerce cette fonction, il a le temps de participer à la rédaction des programmes et d'amorcer la réforme des lycées, en créant les nouvelles "sixièmes".

Un engagement total

Sa révocation par le gouvernement de Vichy l’amène à revenir aux activités scientifiques que ses responsabilités administratives ne lui permettaient plus d'exercer.

Il est nommé en mars 1941 professeur à la faculté des sciences de Caen, tout en étant en fait, depuis octobre, chargé de l’enseignement de l’arithmétique supérieure à la Sorbonne, puis devient titulaire de la chaire d'arithmétique et de théorie des nombres de cette dernière, en juillet 1945.

En 1949, il succède à Jean Cabannes aux fonctions de doyen de la faculté des sciences de Paris : il prouve de nouveau ses qualités d'administrateur en préparant notamment le départ de la faculté pour la Halle aux Vins.

En 1954, Albert Chatelet part à la retraite mais n'interrompt pas totalement ses activités. Ancien directeur des Mouvements de jeunesse et de l’Éducation populaire en juillet 1945 et juillet 1946, il préside la "Commission de réforme des programmes scientifiques des classes préparatoires aux grandes écoles et des examens de propédeutique des facultés des sciences" (1949) ou, à partir de 1958, le Bureau universitaire de statistique (dédié à l’orientation des étudiants, par le biais de journées d’étude et de publications, en collaboration étroite avec l’Institut pédagogique national), mais soutient aussi le mouvement scout (comme président des Éclaireurs de France entre 1937 et 1945) et la Fondation "Sanatorium étudiant de France".

Il est nommé pour cette carrière et cet engagement sans faille grand officier de la Légion d’honneur le 10 février 1955 et commandeur des palmes académiques le 2 juillet 1956.

Engagé politiquement à gauche, il est élu président de l’Union rationaliste en juillet 1955, organise des colloques pour la solution du problème algérien, et prend la tête du comité Maurice Audin contre la torture. En 1958, il s’oppose au retour au pouvoir de Charles de Gaulle et combat le projet constitutionnel du Général. Il entre alors au sein de l’Union des forces démocratiques, aux côtés de François Mitterrand et de Pierre Mendès France entre autres, et accepte d’être leur candidat à l’élection présidentielle indirecte de décembre 1958, où il recueille plus de 8 % des suffrages.

Photographie noir et blanc du bureau du recteur de l'université de Lille. Un téléphone et divers papiers sont posés sur une grande table au milieu de la pièce. De chaque côté sont disposées des bibliothèques ; on remarque un buste au fond de la pièce.

Bureau du recteur de l'université de Lille. Photographie tirée d'un album offert lors du départ d'Albert Châtelet à ce poste en 1937. Archives départementales du Pas-de-Calais, 81 J 112.

Décédé le 30 juin 1960 des suites d'une opération, Albert Châtelet laisse le souvenir d'un grand mathématicien et d’un grand administrateur, mais surtout celui d’un homme de cœur dont la carrière exemplaire n'a altéré ni la simplicité, ni la générosité ou la bienveillance.

Archives privées

Il a épousé en 1909 Marguerite Brey, une amie de sa sœur, fille d’un percepteur mayennais : de ce mariage naissent neuf enfants, dont trois au moins ont marqué leur parcours professionnel dans notre région :

  • François Châtelet a commencé sa carrière de mathématicien comme assistant à Lille ;
  • Jean Châtelet a été proviseur au lycée d'Arras avant d'être inspecteur général ;
  • Albert Châtelet, le benjamin, a été lui conservateur du musée des Beaux-arts de Lille.

C’est par voie de don que les archives du Pas-de-Calais ont reçu en 1999 de ses enfants les papiers personnels de ce brillant universitaire. Le fonds Châtelet (sous-série 81 J) regroupe toute une série de documents habituels pour des archives privées (correspondance, discours, photographies, etc.), mais également des diplômes, des décorations et une très belle bibliothèque des travaux scientifiques et manuels scolaires publiés par Albert Châtelet.

L’introduction du répertoire numérique détaillé de la sous-série 81 J est consultable sur notre site : l’ensemble du fonds est librement communicable.

Bibliographie

  • J.-F. CONDETTE, Albert Châtelet. La République par l’école (1883-1960), Arras, Artois Presse Université, 2009. Archives départementales du Pas-de-Calais, BHB 7299
  • C. SENAME, Le fonds Albert-Châtelet, dans  Histoire et Mémoire, n° 26, 2001, p. 4-5