Dis moi ce que tu lis, et je te dirai qui tu es
est une citation populaire que l’on doit à Pierre de la Gorce, un Artésien reçu à l’Académie française le 25 janvier 1917.
Mort le 2 janvier 1934 (à 21 heures 15) à son domicile parisien rue Joseph Bara, Pierre de la Gorce fut un éminent historien et auteur de nombreux ouvrages sur la vie de l’Église de France à la fin du XVIIIe et au cours du XIXe siècle, ainsi que sur l’histoire de la Restauration de la Seconde République et du Second Empire.
Première carrière dans la magistrature
Fils d’un soldat de la Restauration et de la Monarchie de Juillet, Pierre François Gustave de la Gorce est né à Vannes en 1846. Orphelin de mère à l’âge de deux ans, il est confié par son père à une tante qui vivait à Maubeuge. C’est au collège Saint-Pierre de Douai, avec pour professeur l’Abbé Dehaisnes, qu’il fait ses études secondaires et où on lui inculque le goût des lettres. Dans cet établissement religieux, il se nouera d’amitiés avec Charles Grimbert ou encore Amaury de Warenghien, conte qui deviendra un jour son beau-frère.
Pierre de la Gorce va pourtant s’orienter vers la magistrature selon la volonté de son père. Après avoir obtenu son doctorat en droit en 1870, il débute sa carrière comme juge suppléant à Rocroi, dans les Ardennes. Magistrat à Montreuil, il est ensuite nommé substitut du Procureur à Béthune puis à Saint-Omer en 1874. Pierre de la Gorce y vivait en 1876 lorsque sa conscience religieuse au moment des décrets Jules Ferry lui dicta sa démission.
Peintre de grandes fresques historiques
Après avoir plaidé comme avocat quelque temps au barreau de Saint-Omer, il va enfin se consacrer à sa passion pour l’Histoire et connaître le succès qu’on lui sait aujourd’hui. C’est ainsi qu’il s’installe à Paris tout en gardant l’habitude de passer quelques mois chez son fils aîné au château de Verchocq. Son fils Pierre Charles André de la Gorce est conseiller général du canton d’Hucqueliers et sera élu maire de la commune de Verchocq en 1935.
Pierre de la Gorce publie de nombreux ouvrages parmi lesquels de grandes fresques historiques et plusieurs monographies : après l’Histoire de la Seconde République, il entamera une œuvre de longue haleine, Histoire du Second Empire en sept volumes, auxquels s’ajouteront les cinq tomes de l’Histoire Religieuse de la Révolution Française.
Une passion récompensée
Membre de l’Académie des Sciences morales en 1907, il reçoit le grand prix Gobert de l’Académie française en 1900. Élu à l’Académie française le 12 février 1914, le même jour qu’Alfred Capus et Henri Bergson, Pierre de La Gorce l'emporte sur Camille Jullian par 16 voix contre 9 et occupe le fauteuil de Paul Thureau-Dangin, mort le 25 février 1913. C'est Henri de Régnier qui le reçoit sous la coupole le 25 janvier 1917 ( voir le discours de sa réception en ressource complémentaire).
Mort à Paris, c’est à Verchocq que sont célébrées le 8 janvier 1934 les funérailles de Pierre de la Gorce, offrant le spectacle inattendu et émouvant d’un cercueil recouvert de l’habit brodé, de l’épée et du bicorne d’Académicien. La foule avait auparavant défilé dans la chapelle ardente où était exposé le corps du défunt, ramené la veille de Paris où un service avait été célébré à Notre-Dame-des-Champs. En présence de ses fils André et Paul de la Gorce, de la famille et de nombreuses personnalités locales, l’inhumation donnée par le vicaire général Maréchal fut extrêmement simple : l’Académicien fut placé devant le caveau, au pied de la vieille église du village.
Pierre de la Gorce cède son fauteuil d’Académicien à Maurice de Broglie.