Lieu : Rumilly, au lieu-dit « Les Prés de Verchocq »
Fouille préventive : Direction de l’Archéologie du Pas-de-Calais, juin - juillet 2016 et juin 2017
Aménageur : SmageAa (Syndicat mixte pour l’aménagement et la gestion des eaux de l’Aa)
Projet d’aménagement : Réalisation de champs d’inondation contrôlée pour lutter contre les crues
Découvertes : Atelier de taille de silex du Néolithique (de -5 100 à -2 000 ans) ou de l’âge du Bronze (de -2 000 à -800 ans)
Les archéologues dégagent des éclats de silex dans les niveaux limoneux et de vases organiques d’un ancien lit de l’Aa.
Une rivière changeante
Les fouilles se situent dans le fond de la vallée de l’Aa, à proximité immédiate de la rivière. L’étude de la stratigraphie, succession des différentes couches archéologiques, a mis en évidence l’évolution du cours de la rivière. Le déplacement des chenaux est caractérisé par l’alternance de sédiments fluviatiles (limons) et de sédiments organiques (vases organiques).
La présence d’une occupation humaine du Néolithique ou de l’âge du Bronze souligne un cours de l’Aa moins dynamique, permettant le dépôt de vases et la préservation des vestiges.
Les nombreux éléments de silex découverts sont donc en place et n’ont subi que de faibles mouvements liés aux modifications de la rivière.
Enfin, au-dessus de ces niveaux, une tourbière caractérisant des eaux plus stagnantes s’est mise en place au Moyen Âge.
Elle n’a livré aucun vestige archéologique, mais a protégé les niveaux archéologiques antérieurs de l’érosion.
La succession des dépôts de limons et de vases s’observe sur cette coupe stratigraphique. Ils recouvrent les silex taillés en place sur le bas.
La vue en 3D à l’époque de l’occupation permet de distinguer une zone d’écoulement des eaux.
Elle se matérialise par une altitude inférieure au reste du terrain (en bleu).
Du silex, du silex et encore du silex
Plus de 10 000 artefacts de silex ont été découverts, prélevés et inventoriés.
Il s’agit d’un silex local, travaillé sur place ou à proximité de son lieu de provenance.
Grâce à l’étude spatiale du positionnement de chaque pièce de silex, au moins sept amas de débitage ont été mis en évidence par les archéologues.
Le débitage, sommaire, rend sa datation difficile, mais se situe entre le Néolithique et l’âge du Bronze.
L’identification de plusieurs remontages entre différentes pièces permet de mieux comprendre la façon dont les blocs de silex ont été taillés.
L’utilisation des éclats est immédiate pour le travail du bois. Quelques pièces ont pu être transportées vers un habitat proche pour être retouchées et utilisées.
Le minutieux travail de remontage effectué par le lithicien (spécialiste du silex) permet de retracer la stratégie de taille mise en place sur le site.
Les amas de silex se distinguent par leur forte concentration sur un petit périmètre.
En suivant les traces…
Certains outils sur éclat de silex ont bénéficié d’un traitement particulier.
L’étude tracéologique au microscope a permis d’identifier des traces d’usures et d’en déduire les utilisations de l’outil.
À Rumilly, ces marques se rapportent à des matériaux durs (bois, os, etc.) et des gestes simples.
De manière générale, elles témoignent d’actions de courte durée et énergiques.
Aucune trace directe ou indirecte d’emmanchement n’a été reconnue.
Ce denticulé est un outil de silex travaillé afin d’obtenir des petites pointes ou dents.
Il présente des traces d’usures caractéristiques de découpage ou de rainurage de bois.
Le travail du bois nécessite des outils de silex robustes capables de l’entailler ou d’en ôter l’écorce.