Un peu d’histoire
Située de manière traditionnelle au centre du village de Leulinghem, l’église Saint-Maurice est aujourd’hui le résultat de plusieurs phases de construction.
Elle dispose d’un profil atypique pour le territoire dans lequel elle s’inscrit : le chœur, probablement roman, est bâti en forme de tour, massive et sans contrefort. Il aurait été construit au 12e siècle puis voûté au 16e ou au 17e siècle. Il domine la nef gothique, plus basse et construite en pierre calcaire. A l’intérieur de l’église, subsistent plusieurs dalles funéraires ou épitaphes du 18e siècle en marbre blanc. Dans les années 1950, les moines de l’abbaye Saint-Paul de Wisques mettent en œuvre un nouveau décor pour cette église. Ils réalisent notamment le baptistère et la grande crucifixion de céramique au fond du chœur. Le moine-artiste François Mes orne l’espace entre la nef et le chœur de quatre peintures murales.
Au sein de l’église se cachent d’autres œuvres remarquables, dont deux statues de cavaliers romains provenant d’un calvaire. Ces deux sculptures du 16e siècle en bois polychrome sont classées au titre des Monuments Historiques par arrêté du 1er février 1911.
Volées en 2017, elles sont finalement restituées à la commune en 2018 après une longue enquête et une intervention de la Conservation régionale des antiquités et objets d’art du Pas-de-Calais de la DRAC des Hauts-de-France.
La restauration
À leur retour en 2018, les statues affichent des altérations préoccupantes : infestation par des insectes xylophages, les vrillettes, et d’autres dégradations consécutives à leur vol. C’est notamment le cas du bras droit de l’une des statues, cassé au niveau de l’épaule mais conservé. Les sculptures sont entreposées provisoirement dans la mairie de Leulinghem dans l’attente de leur retour dans l’église.
Dès début 2019, un cahier des charges est établi en vue de leur restauration. Il est notamment urgent de traiter l’infestation du bois, puis d’établir un protocole de traitement pour le bras et la remise en valeur des cavaliers. Une étude de la polychromie est également demandée. La commune engage d’abord le projet de restauration avec un artisan local, habile mais non spécialisé en conservation-restauration. Ce premier travail, bien que soigné, s’est révélé trop interventionniste, avec arasement de quelques éléments originels et repeint généralisé. Une reprise du traitement (dérestauration/restauration), effectuée par un Conservateur-restaurateur spécialisé en biens culturels, s’avère donc incontournable afin de retrouver un état originel des œuvres. Une étude préalable comprenant des sondages de polychromie, des recherches d’indices d’origine et de traces de transformations successives sera donc engagée. Cette nouvelle opération prenant en compte le caractère exceptionnel des objets doit se concrétiser en 2022.