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Naissance de Louise Weiss à Arras

Esprit libre, Louise Weiss est une femme de caractère dont la vie a été marquée par ses engagements, "mère de l'Europe" œuvrant pour la construction européenne, elle milite également pour le droit de vote des femmes, écrit des livres et mène une carrière politique, sans oublier son premier métier de journaliste.

Bulletin en noir et blanc comportant neuf dessins en médaillons. En haut le slogan "Femmes, défendez-vous!". Puis "Luttons contre les vrais responsables. Les salaires baissent, le chômage s'étend, la vie est trop chère..." (illustré par une femme et ses deux enfants, écrasés symboliquement par un homme portant un chapeau haut de forme, un monocle et un cigare), "et le prix des loyers trop élevé" (illustré par une femme et ses cinq enfants dans la rue, face à un immeuble sur lequel est affiché "à louer, 3 pièces 5600, 2 pièces 4500, 1 pièce 3200"), "pour le foyer heureux" (illustré par une femme et ses trois enfants souriants, réunis autour d'un repas). "Nous voulons" (illustré par une foule de manifestantes) "le droit au travail" (illustré par une secrétaire tapant sur une machine à écrire, une paysanne ramassant le blé et une ouvrière au-dessus d'une machine textile), "nos droits civiques et politiques" (illustré par une femme déposant son bulletin de vote dans une urne). "Luttons contre la guerre" (illustré par un cimetière pour "hier : 1914-1918", une femme et ses enfants hurlant sous des bombardements pour "demain : 193..."), "pour qu'ils vivent heureux, pour la paix" (illustré par une mère et ses deux enfants semblant heureux), "et la liberté" (illustré par trois hommes tirant avec une arme à feu sur trois autres hommes, derrière un car en flamme, avec la légende "Fontaine, Vuillemin, Lamy").

Bulletin d’adhésion à l’Union des femmes contre la misère et la guerre, 1936. Archives départementales du Pas-de-Calais, M 2367.

Louise Weiss est née le 25 janvier 1893 à Arras où son père, Paul-Louis Weiss, d’origine alsacienne, est ingénieur des mines. Elle l’accompagne à Paris, lorsqu’il est nommé au service des carrières de la Seine (1899) et y suit des cours d’instruction ménagère.

Malgré l’opposition de son père à une éducation trop poussée des filles, elle est agrégée de lettres à 21 ans, puis diplômée d'Oxford. Refusant la carrière d’enseignante qui s’ouvre à elle, elle devient journaliste. Lorsque la première guerre mondiale éclate, elle s’engage comme infirmière et crée un refuge pour les sinistrés du Nord à Saint-Quay-Portrieux en Bretagne.

L'Europe nouvelle

Marquée par les dévastations et les massacres de la guerre, elle fonde la revue L’Europe nouvelle en 1918 et œuvre pour le rapprochement de la France et de l’Allemagne.

Celle que l’on qualifiera plus tard de "mère de l’Europe", fait de la construction européenne l’un des engagements majeurs de sa vie.

Dès 1934, elle dénonce le nazisme et les persécutions des juifs en Allemagne. Consciente que l’arrivée d’Hitler au pouvoir marque la fin de son action pour la paix et la réconciliation, elle quitte alors la direction de L’Europe nouvelle. Pendant la seconde guerre, elle participe à un réseau de résistance sous le nom de Valentine et assiste, en 1945, au procès de Nuremberg en qualité de journaliste.

Pour le droit de vote des femmes

Convaincue, depuis les années vingt, que le suffrage des femmes sera le garant de la paix en Europe, elle lutte pour que le droit de vote leur soit accordé à partir de 1934.

Pour attirer l’attention de la presse, elle met en place une série d’actions symboliques avec, comme mot d’ordre, "divertir au lieu de prêcher" : elle lâche des tracts féministes attachés à des ballons sur la tribune présidentielle lors de la finale de la coupe de France de football, des suffragettes défilent avec des banderoles sur l’hippodrome de Longchamp lors du Grand Prix, elle offre un bouquet de myosotis aux députés lors de la rentrée parlementaire de 1936.

Lors des élections municipales de 1935, les mouvements féministes, sur son initiative, organisent des scrutins symboliques dans des cartons à chapeaux. En 1936, elle présente sa candidature aux élections législatives et obtient 14 000 voix.

Vainqueur, avec le Front Populaire, Léon Blum fait appel à trois femmes pour participer à son nouveau gouvernement, mais ces nominations ne sont pas suivies de mesures favorables au vote des femmes. Celui-ci n’est accordé aux Françaises que le 21 avril 1944, par une ordonnance du général de Gaulle.

En 1979, elle est élue au Parlement européen au suffrage universel direct et prononce, en qualité de doyenne, le discours d’ouverture de la première session.

Dédicace manuscrite "À Monsieur le Président Blum. À Madame Léon Blum. J'envoie, avec mon amitié, cet ensemble d'idées et de sentiments qui les touchera peut-être. Louise Weiss. 18 nov. 1936".

Dédicace du roman "Délivrance" adressée à Léon Blum (Paris, Albin Michel, 1936, 315 pages). Archives départementales du Pas-de-Calais, BHA 1719.

Journaliste et écrivain

Parallèlement à ses actions militantes, Louise Weiss a poursuivi toute sa vie une carrière de journaliste et d’écrivain.

Elle s’intéresse à la politique internationale et effectue de nombreux voyages à travers l’Europe.

Elle se rend notamment à Moscou en 1921, où elle est l’une des premières journalistes à rencontrer les révolutionnaires russes.

Après la deuxième guerre mondiale, elle visite le continent américain, l’Afrique et l’Asie, et rapporte de ses voyages de nombreux films documentaires. Elle publie également plusieurs récits et quelques œuvres littéraires.

Elle meurt à Magny-les-Hameaux (Yvelines), en 1983.

Bibliographie

  • C. BERTIN, Louise Weiss, Paris, collection "Histoire", Albin Michel, 2000. Archives départementales du Pas-de-Calais, BHB 7384
  • M. LOETSCHER, Louise Weiss, une alsacienne au cœur de l’Europe, éditions Place Stanislas, 2009, 195 p.