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Ils n'auront "ni Boulogne, ni Calais"

À l’automne 1914, Calais et Boulogne représentent un aboutissement dans la "course à la mer". Guillaume II lance un appel à ses armées de Silésie, leur demandant de tenir tête aux Russes jusqu’à ce qu’il ait fait son entrée triomphale à Calais et Boulogne d’où il pourra, enfin, apercevoir les falaises de la perfide Albion .

Mais les Alliés ne l’entendent pas ainsi et opposent une farouche résistance. Les pertes allemandes dépassent 120 000 hommes et début novembre, l’amiral Von Tirpitz doit reconnaître : […] Ainsi nous n’arriverons pas à Calais où j’aurais ardemment voulu aller avec ma seconde division de marine .

Dernières informations de la nuit

Ni Boulogne, ni Calais

On lit dans l’ "Information" :

Ils n’iront pas À Calais

Londres, 30 octobre.

Dans son éditorial le "Times" dit : les Allemands trouvent longue la route conduisant à Calais. Le voyage commence à les épuiser. Toutefois, encore renforcés, on doit prévoir qu’ils feront de nouveaux efforts désespérés pour exécuter l’ordre du kaiser. Nous ne croyons pas qu’ils puissent atteindre Calais cette fois, et jamais s’ils échouent maintenant.

Le rédacteur militaire du même journal ne croit pas que les corps d’armée allemands qui firent des efforts si insensés pour atteindre Calais reviendront à la charge et il demande ce que pense le maréchal allemand, gouverneur de la Belgique, de la composition des troupes chargées de l’attaque culminante et décisive de la campagne de France.

Et ils ont moins de chance encore d’aller À Boulogne

Du correspondant particulier du Daily Mail :

Par le passage de l’Yser, les Allemands jouent le dernier acte de leurs tentatives sur la côte, l’acte final et le plus hasardeux. Pendant les dernières trois semaines, j’ai parcouru tout le terrain qu’ils doivent traverser pour atteindre Calais ou Boulogne.

Le duc de Wurtemberg a le choix entre deux partis, le premier qui est celui qu’il a choisi, je crois, est de piquer droit sur Calais, en détruisant Dunkerque sur son chemin, ou en l’entourant au moyen d’un corps détaché, de marcher par Hondschoote, Bergues et Gravelines.

L’autre parti, que des personnes bien informées qui arrivent du champ de bataille, croient devoir être adopté, est de laisser de côté Dunkerque et Calais et de prendre Boulogne.

Ceci présente les moindres chances de succès. Les énormes Howitzers, sans lesquels l’armée allemande ressemble à un serpent démuni de ses crochets venimeux, ne peuvent être transportés que très lentement de Dixmude à Saint-Omer (en admettant qu’ils suivent une ligne plus ou moins droite). Les seules routes praticables courent du nord au sud, celles se dirigeant vers l’est ou l’ouest n’étant que des chemins de troisième ou quatrième ordre. Elles sont très étroites avec des coudes très accentués et leurs fondations sont moins solides. Pendant les pluies de la dernière semaine elles sont devenues des sentiers de boue dans lesquels des canons de campagne s’empêtreraient terriblement. Il est impossible d’y faire passer des canons de 420 m/m avec les automobiles qui les traînent.

Les chemins de fer ne sont pas non plus d’un usage plus commode pour les Allemands. La ligne va d’Ypres à Hazebrouck et Saint-Omer, mais après cette dernière ville, il n’y a, se dirigeant sur Boulogne, qu’une voie étroite qui se déroule par une route tortueuse, en passant par les collines et qui, par conséquent, monte et descend continuellement.

Si même les canons pouvaient être transportés sans accident sur cette ligne qui aurait, par conséquent, à supporter le passage continuel de ses engins monstrueux, il serait nécessaire d’assurer leur protection par des troupes nombreuses. Chacune des vallées que la ligne traverse devrait être occupée en force en même temps que tout le pays qui se trouve de chaque côté.

La route du Nord qui traverse Dunkerque doit paraître plus tentante au commandant de l’armée allemande et une tentative doit être faite à cet endroit. La grande ligne court de Furnes à Calais, flanquée tout le temps d’une route de première classe. Le pays est complètement plat. Seulement, chacun des 72 kilomètres qui s’étendent de Furnes à Calais, devront être emportés mètre par mètre.

(Daily Mail)

La France du Nord, dimanche 1er novembre 1914. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG 16/91.