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Mort du général Barbot

Ernest-Jacques Barbot est né à Toulouse le 19 août 1855. Élève à l’École militaire de Saint-Cyr à l’âge de vingt ans, il en sort sous-lieutenant le 1er octobre 1877. Dix ans plus tard, il devient capitaine puis est nommé colonel en 1912. Promu au grade de général le 8 septembre 1914, il empêche les troupes allemandes, conduites par le prince héritier Rupprecht de Bavière, de prendre Arras en octobre 1914. À Souchez, le 10 mai 1915, il est blessé et meurt au combat. Il repose à la nécropole de Notre-Dame-de-Lorette où un monument a été élevé à sa mémoire et à celle de ses troupes de la 77e division le 9 mai 1937.

La mort du général Barbot

Un des pupilles de l’Union française pour le sauvetage de l’enfance, étudiant en médecine, médecin auxiliaire sur le front, vient d’adresser au directeur de cette société une lettre contenant ces émouvants détails sur la mort du général Barbot.

J’ai eu le grand honneur de rester près de lui jusqu’à ses derniers moments. Il avait reçu un éclat d’obus dans le ventre, et les lésions étaient telles qu’il fut jugé inopérable.

Il se rendait parfaitement compte de la gravité de son état, et, quand nous essayions de le rassurer, il nous disait bien doucement : "Messieurs, faîtes ce que vous croyez bon mais je n’ai aucune illusion". Après l’avoir pansé, nous le couchâmes.

Bientôt il reçut la visite du colonel d’état-major, qui venait lui annoncer que le général Joffre, ayant appris l’accident, le faisait commandeur de la Légion d’honneur. Et ce magnifique soldat, à deux doigts de la mort, eut encore la force de sourire et de dire : "Oh ! vraiment, c’est trop."

Quand je fus seul de nouveau avec lui, je me penchai sur son chevet et je lui demandai de lui présenter mes modestes compliments pour cette belle récompense. L’âme du général Barbot se révéla dans la réponse qu’il voulut bien me faire : "Tout cela ce n’est rien ; c’est le commandement que je n’aurai plus ; mes chers soldats !..."

Je vous assure que ces instants furent pour moi les plus émouvants de toute la campagne.

À ce jour, l’Union pour le sauvetage de l’enfance, qui a sur le front six cents de ses pupilles, compte quarante-quatre blessés, treize prisonniers, dix-neuf tués.

Six ont été cités plusieurs fois à l’ordre du jour.

La plupart des blessés sont retournés au feu.

L’Indépendant du Pas-de-Calais, samedi 3 juillet 1915. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG 229/30.